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L’Outaouais compte trois appareils d’imagerie à résonance magnétique (IRM).

Presque un luxe! Mais faute de personnel en nombre suffisant pour les faire fonctionner, l’équipement dort sur place. Les appareils sont là. Mais pas les technologues, nous révèle ma collègue Justine Mercier.

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À une époque pas si lointaine, le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) peinait à répondre à la demande d’examens d’IRM en raison d’un nombre insuffisant d’appareils. Seul l’Hôpital de Hull en avait un. Au cours des dernières années, le CISSSO a réussi à en obtenir un deuxième pour l’Hôpital de Hull, et un premier pour l’Hôpital de Gatineau.

Là où le bât blesse, c’est que l’organisation n’a jamais été en mesure de recruter suffisamment de technologues pour permettre l’utilisation à plein régime de ces appareils. «L’équipement est là, tout est là, sauf que la main-d’œuvre, malheureusement, n’est pas au rendez-vous au niveau de l’IRM», se désole le directeur adjoint des services diagnostics à la direction des services multidisciplinaires et à la communauté du CISSSO, ZiedOuechteti.

Les appareils les moins utilisés au Québec?

M. Ouechtetia indiqué au Droit que les appareils roulent actuellement à environ 20% à 30% de leur capacité.

Les appareils d’IRM «sont normalement supposés» rouler 24 heures sur 24, a fait savoir M. Ouechteti, mais c’est loin d’être la réalité en Outaouais. «Nos machines sont les moins utilisées, je dirais, peut-être au Québec et par rapport aux autres établissements de la même taille», ajoute-t-il.

La situation est «très fragile, reconnaît le gestionnaire. «Le manque de personnel est très flagrant et très grand, donc nous ne sommes pas à l’abri de certains bris de services», dit-il.

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À l’Hôpital de Hull, par exemple, il y a quatre postes à temps complet pourvus dans une structure qui en prévoit 6,4. Le soir, un seul poste équivalent à temps complet sur quatre est occupé. À l’Hôpital de Gatineau, il n’y a tout simplement aucun technologue occupant un poste de soir.

Les données fournies par le CISSSO montrent qu’il y a un total de 3073 requêtes en attente pour un examen d’IRM dans la région. Du lot, 2032 dépassent les cibles ministérielles.

Selon Québec, les cas les moins prioritaires de catégorie P3 ne devraient pas attendre plus d’un mois, tandis que les P4 devraient obtenir leur examen d’IRM en mois de trois mois. Dans les deux cas, l’attente maximale atteint présentement 14 mois en Outaouais. Il y a malgré tout eu une certaine amélioration, puisque l’an dernier, il y avait des requêtes en attente depuis plus de 20 mois.

"},"type":"paragraph"},{"html":{"fr":"

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Quelques cas plus urgents, des P1 et des P2, sont en dehors des cibles prescrites par le ministère de la Santé. M. Ouechteti assure toutefois que pour ces dossiers, les patients ont été contactés. Il y a toutefois des refus de rendez-vous ou des gens qui ne répondent pas.

Patients envoyés à Montréal

Le CISSSO a un contrat, en vigueur jusqu’en mars prochain, avec une clinique privée d’IRM de la région. Mais cette clinique ne peut faire qu’une centaine d’examens par mois pour le réseau public.

Un «corridor de service» a donc été établi avec deux hôpitaux de Montréal – Maisonneuve-Rosemont et Verdun. Ces centres hospitaliers ont la capacité de recevoir 30 patients de l’Outaouais par semaine. Ils sont toutefois peu nombreux à accepter cette option.

Depuis le mois d’août dernier, le CISSSO a offert cette possibilité à quelque 700 patients de la région, une démarche qui a permis le transfert de seulement 54 requêtes à Montréal. De ce nombre, 40 examens ont été réalisés jusqu’à présent. Les patients peuvent obtenir un montant pour couvrir leurs frais de déplacement, mais n’ont pas accès à des sommes pour de l’hébergement s’ils doivent dormir dans la métropole, par exemple si le rendez-vous qui leur est offert est très tôt. Le CISSSO précise que «les refus étaient tous liés à la distance et non à la plage horaire».

L’option d’aller dans un hôpital montréalais est même offerte pour des cas urgents, a indiqué M. Ouechteti, car le CISSSO «a de la difficulté à faire aussi les P1 et les P2».

Beaucoup plus payant en Ontario

Le CISSSO fonde beaucoup d’espoir sur les futurs technologues que formera le Cégep de l’Outaouais dans le cadre de son nouveau programme technique de radiodiagnostic. Mais la première cohorte ne sera pas prête à entrer sur le marché du travail avant 2025, a fait savoir Zied Ouechteti.

Il faudra aussi réussir à convaincre ces technologues en devenir de travailler au CISSSO, même si les salaires offerts en Ontario sont de beaucoup supérieurs à ceux en vigueur au Québec. Au premier échelon, les technologues gagnent 24,05$/heure en sol québécois. En Ontario, en bas de l’échelle salariale, ils sont payés 33,26$/heure, ce qui représente un écart de 9,21$ dans le taux horaire. Selon l’échelon, l’écart peut atteindre 12,65$/heure. Le CISSSO mise surtout sur les stages et l’environnement de travail pour convaincre les étudiants d’entamer leur carrière dans ses rangs.

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Résultat: 3000 patients végètent sur les listes d’attente.

Des milliers de patients qui se morfondent, certains pendant des mois, à l’idée qu’un cancer leur ronge le sein ou la prostate. Imaginez-vous le coût social, économique d’une telle attente?

Se coucher chaque soir avec l’idée que, peut-être, une tumeur grossit tranquillement pas vite dans votre organisme? Les médecins auraient beau me dire que j’ai un cancer qui progresse lentement, que tout est sous contrôle, je pense que je finirais par en faire une dépression.

Je compatis au sort de ces 3000 patients en attente. À leur place, je me rendrais disponible 24 heures sur 24 pour aller subir mon examen d’IRM. En plein milieu de la nuit s’il le faut! Mais c’est impossible. Le manque de personnel est si flagrant qu’il n’y a aucun technologue en poste de soir à l’hôpital de Gatineau. Les trois IRM ne fonctionnent qu’à environ 20-30 % de leur capacité...

Le Droit a révélé, lundi, que le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) est contraint d’envoyer des patients à Montréal pour tenter de réduire sa liste d’attente pour des examens d’IRM. Les plus récentes données fournies par l’organisation montrent que les deux tiers des quelque 3000 demandes en attente sont hors délai en fonction des cibles ministérielles.

Alors que le problème relevait, il y a quelques années, du fait que l’Outaouais ne comptait que sur un seul appareil d’IRM, la région en a maintenant trois. Mais ils sont loin de pouvoir rouler à plein régime, parce qu’il n’y a pas assez de technologues pour en assurer le fonctionnement.

Résultat: en à peine six mois, le nombre de requêtes en attente pour des examens d’IRM a considérablement bondi dans la région. Au printemps dernier, le CISSSO comptait 2072 demandes en attente. À l’heure actuelle, il y en a 3072.

Le nombre de requêtes hors délai a lui aussi grimpé pendant la même période, passant de 1491 à 2032.

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En annonçant dès le début de son premier mandat au pouvoir l’octroi d’un appareil d’IRM à l’Hôpital de Gatineau, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait souligné qu’un tel ajout permettrait «d’offrir des services diagnostiques aux patients, notamment en vue de favoriser une détection précoce du cancer».

«Essentiels»

Dans le communiqué diffusé en janvier 2019 par le ministère de la Santé, Danielle McCann soulignait que les examens d’IRM sont «essentiels à une intervention mieux ciblée et efficace par la suite».

Le député de Chapleau, Mathieu Lévesque, affirmait pour sa part que l’arrivée de ce troisième appareil d’IRM dans la région démontrait que la région pouvait compter sur le gouvernement de la CAQ «afin d’avoir accès aux meilleurs services» possibles. «Nul doute que ce troisième appareil d’IRM en Outaouais contribuera à réduire les listes d’attente et les délais d’obtention d’un rendez-vous, et j’en suis très heureux pour mes concitoyens», ajoutait M. Lévesque.

L’un des défis auxquels fait face le CISSSO pour recruter de nouveaux technologues, c’est l’écart de salaire avec ce qui est offert à un pont de distance, en Ontario. Les technologues en IRM gagnent 33,26$/heure en bas de l’échelle salariale ontarienne, comparativement à 24,05$ au Québec.

Situation est particulière en Outaouais

Au cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, on assure savoir «à quel point il est important pour l’ensemble de la population de l’Outaouais d’avoir accès à des services d’IRM». «C’est justement pour cette raison que notre gouvernement a doté la région d’un appareil supplémentaire à l’Hôpital de Gatineau, en plus de celui installé récemment à l’Hôpital de Hull, a indiqué dans une réponse écrite l’attachée de presse du ministre, Antoine de la Durantaye. Nous sommes bien conscients que la situation est particulière en Outaouais. On veut que les citoyens de la région aient accès aux services près de chez eux. On travaille donc présentement à trouver des solutions pour assurer la rétention de notre personnel en santé.»

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Encore une fois, les solutions à court terme font défaut.

Certains cas sont relayés à Montréal, à Maisonneuve-Rosemont ou Verdun.

Mais ce n’est pas tout le monde qui a les moyens ou la santé pour se taper le voyage jusqu’à Montréal, sans compter la nuit à l’hôtel. Et pourquoi Montréal? Pourquoi ne pas établir un corridor de service vers les hôpitaux d’Ottawa? C’est moins loin, plus accessible.

Vous me direz: ce sont deux provinces, deux systèmes de santé différents. Je ne comprendrai jamais que deux villes voisines ne puissent mieux coordonner leurs efforts pour soigner un même bassin de population.

Et le privé? Les examens d’IRM coûtent autour de 750$ pour 45 minutes. Tant mieux pour ceux qui peuvent se le permettre. Mais bonjour le système de santé à deux vitesses!

Le CISSSO fonde beaucoup d’espoir sur les futurs technologues formés par le Cégep de l’Outaouais. La première cohorte ne sera pas prête avant 2025. Et encore faudra-t-il les convaincre de travailler en Outaouais! Dans ce domaine aussi, les salaires offerts en Ontario sont près de 10$ l’heure supérieurs à ceux du Québec.

C’est l’ex-ministre de la Santé, Danielle McCann, qui avait annoncé le troisième appareil d’IRM en 2019.

Je vous ressors sa déclaration de l’époque: «Les patients en attente d’un diagnostic méritent d’avoir accès rapidement à des examens d’une grande importance, essentiels à une intervention mieux ciblée par la suite», disait-elle.

C’était vrai à l’époque, ça le demeure aujourd’hui. Le gouvernement Legault nous promet un nouvel hôpital d’ici 2032. Mais d’ici là, on fait quoi?

••••

Le plus ahurissant?

Ce genre de nouvelles n’offusque plus personne en Outaouais.

On est tellement habitués de voir le personnel infirmier quitter pour l’Ontario qu’on ne s’en émeut plus.

Nous voilà apathiques, résignés. J’en entends qui disent: bah, il faudra bien mourir un jour!

Ceux-là ne poireautent pas sur une liste d’attente en santé.

À Montréal, la situation dans les urgences a conduit le gouvernement Legault à former, sans attendre, une cellule de crise.

Rien de tel en Outaouais où on invite les patients à aller se faire soigner… à Montréal.

Une cellule de crise, en Outaouais, il en faudrait une pour tout le système de santé, pas juste pour les urgences. Et depuis longtemps!

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