Pénurie de main-d’œuvre, pénurie d’élèves

Au total, plus de 18 000 postes sont vacants dans l’industrie de la construction au Québec, selon statistiques Canada.

Après Montréal, Québec est la ville où le manque de personnel est le plus criant en construction, selon l’Association de la construction du Québec (ACQ). Et la relève se fait rare dans les centres de formation professionnelle.


«Il y a une pénurie de main-d’œuvre et une pénurie d’élèves», résume Rémi Veilleux, directeur de l’EMOICQ, en entrevue avec Le Soleil.  

Au total, plus de 18 000 postes sont vacants dans l’industrie de la construction au Québec, selon statistiques Canada. Cela se reflète à l’École des métiers de l’occupation de l’industrie de la construction de Québec (EMOICQ), où se tenait le Boot camp construction en fin de semaine.

L’événement permet à près de 80 participants d’essayer gratuitement les métiers de l’industrie pendant une fin de semaine. Le but ? Les inciter à s’inscrire dans un des 14 programmes offerts par le centre de formation.

«Le recrutement, c’est très difficile», admet Rémi Veilleux. À part en charpenterie-menuiserie et en électricité, où les inscriptions se maintiennent, les programmes sont loin d’être à pleine capacité», poursuit-il. 

«En 2010, j’avais 66 élèves en maçonnerie, répartis dans trois groupes de 22. Cette année, j’ai seulement un groupe de 15», déplore M. Veilleux, en ajoutant qu’un de ses programmes, celui en revêtement lourd, a dû fermer cette année parce que seulement deux élèves étaient inscrits. 

Mauvaise nouvelle pour l’industrie, qui manque de bras. «Présentement, on doit refuser des projets parce qu’on n’a pas notre main-d’œuvre», indique Mario Boucher, secrétaire-trésorier de l’ACQ dans la région de Québec.

«Facilement 100 000 $ par année» 



Plusieurs élèves de l’EMOICQ sont allés à l’université, mais reviennent sur les bancs d’école pour obtenir un diplôme d’études professionnelles (DEP).  

Pourtant, l’industrie offre des salaires intéressants. «La construction, c’est réputé pour avoir de très bonnes conventions collectives, des fonds de retraite et de très bons salaires», avance Mario Boucher.

Rémi Veilleux le constate sur le terrain. «Un bon électricien n’a pas de misère à faire 100 000 $ par année», affirme-t-il. En toiture, les élèves peuvent obtenir un salaire de 32 $ à 35 $/h, après seulement deux ans de formation. 

Selon M. Veilleux, il y a encore des préjugés de la part des parents qui freinent les jeunes. Plusieurs élèves de l’EMOICQ sont allés à l’université, mais reviennent sur les bancs d’école pour obtenir un diplôme d’études professionnelles (DEP).  

Seulement 3% des travailleurs sont des femmes  


L’Association de la construction du Québec travaille activement pour augmenter le nombre de femmes en construction. En 2021, les femmes représentaient 3% de l’industrie.

L’Association de la construction du Québec travaille activement pour augmenter le nombre de femmes en construction. En 2021, les femmes représentaient 3% de l’industrie.

«C’est encore petit comme chiffre, mais lentement mais sûrement, ça progresse», se réjouit Stéphanie Fournier, responsable du comité de l’accès et du maintien des femmes dans l’industrie de la construction pour l’ACQ.

Après la pandémie, un énorme bond a été observé. La proportion des femmes dans l’industrie a augmenté de 12% entre 2021 et 2020, précise Mme Fournier.

Sur le terrain, Mario Boucher constate une meilleure ouverture d’esprit par rapport aux femmes sur les chantiers. «Les entreprises et les travailleurs acceptent beaucoup plus les femmes en construction, et c’est ce qu’on veut. On en a besoin», dit-il.