Luc Langevin: profiter des secrets de la magie

Luc Langevin présente actuellement un peu partout au Québec son troisième et nouveau spectacle de magie, <em>Vérités</em>.

Profiter des angles morts du public et manipuler les failles du cerveau pour émerveiller, c’est un peu la base du métier de Luc Langevin. Habité par le besoin de se surpasser, l’illusionniste souhaite toutefois pousser la barre plus loin. Avec son nouveau et troisième spectacle Vérités, il a envie d’ébranler les certitudes du public et de jouer sur cette mince ligne entre ce qui est crédible ou pas.


Luc Langevin, qui œuvre dans le milieu depuis plus de dix ans, met en moyenne deux ans pour monter un spectacle complet. 

Du texte à l’éclairage en passant par le décor, l’illusionniste imagine le tout aux côtés de son équipe de création. Et même pour eux, il n’y a pas de recette magique! 

Les numéros de Vérités sont nés comme ceux de ses deux précédentes productions : sous forme de flashs, au détour d’un moment de la vie quotidienne ou en écoutant les paroles d’une chanson X. 

«Parfois le flash que j’ai, c’est l’effet magique en tant que tel, parfois c’est la trame narrative du numéro ou le punch final. Je ne pars pas toujours du même endroit pour construire l’illusion. Ce n’est jamais un tour au complet», explique Luc Langevin, en entrevue au Soleil.

Les mois suivants sont par la suite consacrés à la fabrication et/ou à la location du matériel : de la toile de projection à la machinerie pour créer certaines illusions en passant par le joli meuble qui donnera un air particulier à la scénographie.

L’artiste originaire de Saint-Augustin-de-Desmaures en convient rapidement : le commun des mortels connaît bien peu de choses sur le monde mystérieux de la magie et de la façon dont s’articulent les spectacles.

«Les gens ne soupçonnent pas tout ce qu’il y a en amont d’un spectacle de magie. C’est d’ailleurs une des premières phrases que je dis au début de Vérités : “La vérité, c’est que vous n’avez aucune idée de tout ce qui se trouve derrière ce que vous allez voir ce soir”», lance celui qui aime notamment marquer les esprits en citant la finale de Vérités, un numéro de quatre minutes dont le coût se situe dans les six chiffres.

Avec sa plus récente production, Luc Langevin s’amuse donc à aborder des facettes de la vérité grâce à différents moyens. L’illusionniste note entre autres le moment où il fait monter sur scène un spectateur pour le connecter à un polygraphe. Il souligne aussi un tableau tout en musique lors duquel se produit de la magie sans que lui ne soit forcément sur scène. 

Luc Langevin a été inspiré par la pandémie, ces années durant lesquelles la vérité était clamée dans la bouche de différents groupes.

C’est d’ailleurs la pandémie qui a donné envie à l’illusionniste de traiter de la vérité en spectacle : «Je trouvais ça intéressant de voir que, par exemple, pour un complotiste, la vérité est tout autre que pour le reste de la population. Mais pour lui, ça demeure la vérité. Il en est convaincu. 

«Même lorsqu’on parle d’une chose aussi évidente que la Terre est ronde», ajoute celui qui détient une maîtrise en optique de l’Université Laval.

Se surpasser ici comme ailleurs

Si Luc Langevin est demeuré actif durant la pandémie grâce à son spectacle virtuel Interconnectés, les dernières années l’ont toutefois poussé à «se surpasser». 

Alors que la population a de plus en plus accès, en ligne, à tout ce qui se fait de mieux dans le monde de la magie, l’illusionniste ressent un petit stress supplémentaire. 

«Interconnectés m’a forcé à créer des tours dans un contexte auquel je n’étais pas habitué comme dans la boîte courriel des gens ou dans les mains des spectateurs qui sont chez eux alors que je ne suis pas dans la même pièce qu’eux. 

«Je me suis rendu compte que, au-delà de la magie que je propose, je pouvais innover dans le média, dans le contenant, dans la façon d’aller rejoindre le public. 

«Ça m’a beaucoup inspiré pour sortir du cadre du spectacle traditionnel. Dans Vérités, il y a un numéro qui se passe dans le hall du théâtre et un autre qui se déroule sur FaceTime», lance-t-il cependant. 

Bien que la compétition soit moins forte dans le marché québécois — car il y a encore aujourd’hui bien peu de magiciens sur le territoire —, Luc Langevin souligne que la situation est tout autre en France, par exemple. 

Dans l’Hexagone, l’artiste fait notamment face à une culture différente qui préconise davantage des approches conservatrices. S’ils préfèrent réinventer des numéros classiques et préserver la notion de quatrième mur, Luc Langevin est plutôt quant à lui habitué à proposer de nouveaux concepts et d’interagir fréquemment avec le public.

Luc Langevin sera de passage avec Vérités le 14 novembre prochain à la salle Albert-Rousseau et au Théâtre C de Saguenay le 12 novembre. L’illusionniste poursuit sa tournée québécoise avec notamment quelques arrêts à Trois-Rivières, Gatineau et Sherbrooke. 

Pour plus de détails, on peut visiter le site web de l’artiste.