Les 12 travaux d’Imelda : Ode à une mémé malcommode [VIDÉO]

Robert Lepage et Martin Villeneuve dans <em>Les 12 travaux d’Imelda</em>.

CRITIQUE / Avec Les 12 travaux d’Imelda, Martin Villeneuve ouvre son album de famille et fait le pari d’interpréter lui-même sa défunte grand-mère. Une entreprise sympathique, mais un peu décousue, menée à force d’acharnement et grâce à la générosité d’une distribution de première classe.


Robert Lepage, Ginette Reno, Michel Barrette, Yves Jacques et Anne-Marie Cadieux sont de ceux qui ont répondu à l’invitation du cinéaste. Celui-ci a construit pendant près d’une décennie cette œuvre très personnelle, qui n’a reçu aucun financement public.

Moins que les «travaux» annoncés par son titre, le long métrage de Martin Villeneuve met plutôt de l’avant une série de vignettes permettant, petit à petit, de connaître cette vieillarde bourrue à la langue bien pendue.



Ou plutôt «désagréable et déplaisante», pour reprendre les mots de sa bru, campée de franche façon par Lynda Beaulieu, dont le personnage est marié à l’écran à celui de son frère, Robert Lepage.

Si on l’imagine souvent difficile à endurer au quotidien, on s’attache néanmoins à cette mamie voûtée, qui fait sourire avec ses lubies, ses manies et ses jugements tranchants.

Elle peut ainsi qualifier ses fils (Lepage et Michel Barrette) d’«enfants de chienne» ou de «mangeux de marde» ou menacer de les déshériter au profit de son bien-aimé chien Pipo, considéré comme «le plus brillant de [ses] enfants».

Accro au SlimFast et obsédée par le poids, cette Imelda n’est pas douce non plus envers l’autre grand-mère dans le portrait, interprétée par une Ginette Reno nous faisant en prime don d’une chanson.



Bref, l’héroïne du film de Martin Villeneuve en a encore dedans. Le cinéaste se glisse dans ses chaussures avec beaucoup d’aplomb. Au-delà de la transformation physique, le travail sur la voix et le débit de livraison de répliques truffées de répétitions font mouche.

On en vient à oublier qu’un quarantenaire se cache sous la perruque blanche de cette mémé presque centenaire.

Le film est aussi bien servi par ses acteurs de soutien, notamment Robert Lepage et Michel Barrette, campant les fils qu’Imelda a côtoyés de plus près. Ce sont par des scènes partagées avec le premier que le personnage de la matriarche se révélera davantage et de touchante manière, à travers plusieurs chapitres demeurant plus en surface.

Martin Villeneuve et Anne-Marie Cadieux interprètent mère et fille dans <em>Les 12 travaux d’Imelda</em>.

L’histoire d’Imelda telle que présentée au cinéma s’est construite pendant plusieurs années, au fil de courts métrages réalisés par Martin Villeneuve. Ça se sent dans certains segments plus anecdotiques, lors desquels on se demande un peu où on s’en va.

Au-delà de sa grand-mère, Martin Villeneuve offre dans Les 12 travaux d’Imelda un hommage à sa famille, dont un savoureux clin d’œil à son frère Denis, dont la renommée a depuis longtemps dépassé les frontières du Québec… quoiqu’avait pu en penser son aïeule !

Les 12 travaux d’Imelda est présenté au cinéma.



Au générique

Cote : 6,5/10

Titre : Les 12 travaux d’Imelda

Genre : Comédie dramatique

Réalisateur : Martin Villeneuve

Distribution : Martin Villeneuve, Robert Lepage, Ginette Reno, Michel Barrette

Durée : 1h33