Le fils de Larry Hodgson, Mathieu, en a fait l'annonce tôt jeudi matin sur le blogue du jardinier paresseux. «Le mercredi 26 octobre 2022, Larry Hodgson nous a quittés. Il était entouré de sa famille proche: son fils Mathieu et sa conjointe, son épouse Marie et les enfants de son épouse et leurs conjoints. Ses derniers jours ont été confortables et sereins. Il a reçu la visite d’amis et de membres de sa famille, et il a même festoyé une dernière fois avec des amis de la Québec Art Company», écrit-il.
Larry Hodgson venait tout juste de signer sa dernière chronique pour Le Soleil — mise en ligne mardi — 38 ans après avoir convaincu la direction du journal de l’époque de lui donner sa chance. Lui, cet anglophone de l’Ontario qui cassait son français!
Et on peut dire que Le Soleil ne l’a jamais regretté! En quatre décennies, le chroniqueur horticole aura su convaincre bien des lecteurs de s’intéresser davantage au jardinage et de rendre leur pouce un peu plus vert. Jusqu’à la fin, il aura répondu fidèlement aux questions qui lui étaient adressées, toujours dans le but de transmettre sa passion.
Plus tôt cet été, le jardinier paresseux — qui n’a de paresseux que le surnom! — avait annoncé à la direction du Soleil qu’il devrait mettre un terme à sa longue collaboration avec le journal à la fin de la saison en raison de son état de santé précaire. Il a tenu à continuer le plus longtemps possible : «Je suis convaincu que ça m’aide à rester en vie», a-t-il écrit à l’autrice de ces lignes, qui coordonne Le Mag où était publiée chaque samedi sa chronique.
«Larry Hodgson était le plus fabuleux des jardiniers paresseux! Il a été une inspiration et un vulgarisateur hors pair. Il a fait connaître et aimer l’horticulture par tellement de moyens : blogue, livres, radio, et, évidemment, les pages du Soleil où il a été fidèle pendant près de 40 ans. Le publier jusqu’à la fin a été un privilège et un honneur», témoigne la rédactrice en chef du Soleil, Valérie Gaudreau.
«Il était tellement aimé. Il a, au fil de toutes ces décennies, bâti une relation forte et sincère avec les lecteurs et lectrices du Soleil», ajoute Mme Gaudreau. À l’ère d’Internet, des lettres manuscrites de lecteurs parvenaient même encore au journal à l’attention du jardinier paresseux.
Un chroniqueur engagé
Aujourd’hui retraité du Soleil, Magella Soucy s’est remémoré l’embauche de Larry Hodgson. Il était alors chef des nouvelles spécialisées au quotidien. «Ce que je retiens particulièrement de Larry Hodgson, en plus de sa grande passion pour l’horticulture, c’est son engagement dans le partage de ses connaissances avec tous les amateurs de jardinage. Lors de ma première rencontre avec lui, au début des années 1980, pour une embauche éventuelle, j’ai tout de suite senti qu’avec Larry Le Soleil aurait une perle rare comme chroniqueur. Et ce, même s’il avait un accent anglophone assez prononcé qui aurait pu faire douter de sa capacité d’écrire pour un journal francophone. Il était tellement convaincu de la pertinence de son projet de chronique que la rémunération ne faisait même pas partie de la discussion. Il s’est révélé, comme on le sait maintenant, un communicateur remarquable», écrit M. Soucy au Soleil, ajoutant que «Larry était un collaborateur d’une grande générosité».
Honneurs
Fin août, la Fédération des sociétés d’horticulture et d’écologie du Québec (FSHEQ) a souligné la longue carrière de Larry Hodgson en lui rendant hommage. «Larry Hodgson a inspiré plus d’une génération d’horticulteurs. Ses conférences, son blogue et ses publications servent à des milliers de Québécoises et de Québécois à faire du Québec un lieu où il fait bon vivre», a déclaré Pierre Blain, directeur général de la FSHEQ. Plusieurs pairs de M. Hodgson ont alors témoigné dans une vidéo.
Il y a quelques jours, le blogue du jardinier paresseux a été nommé blogue horticole de l’année par la GardenComm Association, principale association des journalistes horticoles à travers le monde. Dans sa dernière chronique, M. Hodgson confie que cet honneur représente «le point culminant» de sa carrière!
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Authentique
Fin juin, le jardinier de 68 ans annonçait sur son blogue être atteint d’une maladie pulmonaire dégénérative mortelle, la fibrose pulmonaire. «On m’a dit il y a 6 ans et demi qu’il me restait 1 à 2 ans à vivre. J’ai donc déjoué les pronostics jusqu’à présent. Mais la maladie progresse plus rapidement maintenant et je ne pense pas qu’il me reste beaucoup de temps.» Il rassurait toutefois ses lecteurs : son blogue lui survivra, grâce au dévouement de son fils Mathieu Hodgson.
Jeudi matin, Mathieu Hodgson soulignait que le jardinier paresseux avait reçu «d’innombrables messages de la part de ses lecteurs, auditeurs et spectateurs dans les derniers mois, signes de l’amour et du respect que lui portait son public».
Rencontré début juillet par le journaliste du Soleil Normand Provencher, qui lui demandait la raison de sa popularité, le jardinier paresseux avançait son souci de rester ce qu’il est, lui, un autodidacte. «J’ai appris à jardiner avec mon père [à Scarborough, en banlieue de Toronto]. Je reste au niveau des gens. Je ne me trouve pas prétentieux, alors que d’autres auraient pu le devenir. Ce n’est pas mon style».
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Cri du cœur
Dans ses plus récentes chroniques au Soleil, Larry Hodgson présentait avec fierté la «jungle» qui orne sa salle de bain, incitait les jardiniers à planter des tournesols en soutien à l’Ukraine, s’émerveillait devant la beauté des Mosaïcultures présentées tout l’été à Québec… Et il a même lancé un véritable cri du cœur pour que soit conservée la Pergola du lieutenant-gouverneur érigée au parc du Bois-de-Coulonges à l’occasion de cette grande exposition. Pour M. Hodgson, cette structure érigée sur l’empreinte de la résidence disparue en fumée en 1966 permettait de redonner au parc son âme.
Malheureusement, cette structure n’a pas été conservée par la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ), qui assure la gestion du parc. «L’organisation des Mosaïcultures a proposé à la CCNQ de la garder, mais ça n’a pas été retenu», indique au Soleil Jacques Ouimette, directeur des communications et du marketing de Mosaïcultures Québec 2022.