Le jardinier paresseux tire sa révérence

Larry Hodgson, en mai 2020

CHRONIQUE / Cette chronique horticole sera ma dernière, car, après 38 ans de collaboration, je tire ma révérence du journal Le Soleil. Ma santé ne me permet pas d’aller plus loin. La chronique horticole hebdomadaire que vous connaissez a commencé il y a en fait 35 ans, mais j’ai fait mes débuts avec Le Soleil trois ans auparavant, en 1984. 


Pour cette dernière chronique, j’ai pensé vous raconter l’histoire de cette belle collaboration!

Jeune et fringant!

J’avais 30 ans à l’époque et je travaillais pour la Croix-Rouge comme organisateur de collectes de sang. Non, rien à avoir avec l’horticulture! Mais en dehors des heures de travail, j’étais un fervent du jardinage. Je ne rêvais que de cela, cette passion que mon père m’avait transmise et qui me fascinait tant. Mon but? La partager avec autrui! Montrer au grand public comment c’était facile de jardiner. Et j’adorais écrire. Sur ma petite machine à écrire portative, j’écrivais déjà des articles, bénévolement, pour les publications de toutes sortes d’associations horticoles, notamment, à Québec, la Société des Amis du Jardin Roger-Van den Hende. Mais j’écrivais aussi à travers le monde : Canada, États-Unis, France, Angleterre, etc. 

Un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai quitté mon emploi. Il suffisait alors de trouver des journaux ou magazines prêts à acheter mes écrits. Facile, non? En fait, non! 

J’ai quand même réussi à obtenir une entrevue avec Magella Soucy, chef des nouvelles spécialisées à la rédaction du Soleil à l’époque. Je peux imaginer sa surprise qu’un anglophone de l’Ontario qui casse tellement son français parlé se pense capable d’écrire pour son journal! J’ai essayé de le convaincre que Le Soleil avait besoin d’un chroniqueur horticole régulier… moi, en l’occurrence. Il ne voyait pas l’utilité de la chose, malheureusement, et je suis retourné bredouille. 

Mais quelques semaines plus tard, M. Soucy me téléphone. Il voulait que je retourne le voir : il avait une idée de cahier spécial sur le jardinage à me proposer. Bien sûr, j’ai écrit les quelques articles qu’il voulait… et, paraît-il, le public les a bien aimés. Il m’a demandé d’en écrire d’autres. Finalement, c’est en 1987 qu’il a décidé d’accepter ma proposition et que j’ai commencé à écrire la chronique horticole hebdomadaire qui prend fin aujourd’hui.

Annonce de la nouvelle chronique horticole datée du 1er janvier 1987

Le Soleil a lancé ma carrière

Oui, c’est Le Soleil qui m’avait lancé. Ce n’est pas peu dire, car allaient suivre plusieurs émissions de télévision et de radio, 65 livres, des postes de rédacteur en chef de revues (dont Fleurs, Plantes et Jardins, un énorme succès de foule), des articles publiés dans plus de 60 magazines et des conférences et des voyages horticoles à travers le monde. J’ai réellement vécu de ma plume! Mais Le Soleil a été mon premier client payant… et sera mon dernier aussi! Trente-huit ans de collaboration, c’est si rare de nos jours.

Il m’amuse de savoir que plusieurs personnes m’imaginent au travail dans les bureaux du Soleil. Mais j’ai toujours été journaliste pigiste : je n’ai jamais eu de bureau au Soleil et n’y vais presque jamais. Le télétravail n’a donc rien de nouveau pour moi!



Quelques anecdotes

Voici quelques anecdotes tirées de ma très longue carrière :

Le tout premier livre que j’ai écrit est aussi le seul qui ne fut jamais publié. Il portait sur «L’éclairage artificiel des plantes d’intérieur», un sujet trop pointu pour tout éditeur que j’ai pu dénicher. Par contre, c’est en présentant ce livre à Marcel Broquet, des Éditions Broquet, que je me suis entendu avec lui pour proposer d’autres titres… et j’ai fini par écrire 30 volumes au cours des années! 

Justement, Marcel Broquet était horrifié quand j’ai proposé d’appeler la série de livres que j’avais en tête «Jardinier paresseux». Il avait peur que ce terme dérogatoire détourne les lecteurs. Mais je lui ai assuré que ce concept était tout à fait différent, qu’on paresse en jardinant, en laissant dame Nature faire le travail. Finalement, il m’a félicité. L’idée a été très vendeuse. À tel point qu’elle a été copiée partout dans le monde!

L’utilisation du terme «jardinier paresseux» a causé une certaine appréhension négative au début chez mon éditeur de livres.

La récompense la plus distinguée que j’ai reçue? Je l’ai eue tout dernièrement (en octobre 2022) quand mon blogue a été nommé blogue horticole de l’année par la très estimée GardenComm Association, principale association des journalistes horticoles à travers le monde. Ce sont donc mes collègues qui m’ont rendu cet honneur, et ce fait, il vaut encore plus! Je le considère le point culminant de ma carrière.

Le jardinier paresseux se poursuit… mais sans moi

Et une grande nouvelle. Le blogue jardinierparesseux.com, que j’ai lancé en 2014 avec l’aide de mon fils, Mathieu Hodgson, est devenu le blogue horticole le plus consulté au Québec, avec 15 694 000 vues en 2021. Et la bonne nouvelle est qu’il me survivra! 

Depuis le mois de janvier, les revenus du blogue (dont la banque des billets contient quand même presque 3000 articles!) commencent à être assez intéressants pour que mon fils puisse songer à quitter son emploi de chargé de projet et de concepteur de jardin pour une entreprise d’aménagement paysager montréalaise et devenir gestionnaire du blogue. Nous avons formé une équipe de collaborateurs avec de multiples spécialités pour nous soutenir. 

Je peux au moins narguer Mathieu un peu en soulignant que, ce que j’ai fait tout seul pendant les premiers sept ans du blogue, soit écrire un billet par jour sur l’horticulture, prend maintenant toute une équipe à produire! Mais alors, j’ai toujours été un homme-orchestre!

Longue vie au blogue du jardinier paresseux! Et bon jardinage à tous mes fidèles lecteurs! Je suis tellement content d’avoir pu vous aider à développer un pouce vert!

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Note aux lecteurs: cette dernière chronique de Larry Hodgson nous est parvenue la semaine dernière, avant son décès survenu mercredi. Jusqu’au bout, il a souhaité répondre aux questions des lecteurs et partager ses précieux conseils.

Larry Hodgson, le jardinier paresseux, livre aujourd'hui son ultime chronique.

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RÉPONSES À VOS QUESTIONS

QUAND UNE ORCHIDÉE FINIT DE FLEURIR

J’ai reçu une orchidée en fleurs en cadeau à la fête des Mères et après avoir trempé ses racines dans l’eau pour l’hydrater comme vous l’aviez suggéré, la plante a perdu toutes ses fleurs au mois de juin. Est-ce qu’elle va reprendre? Que dois-je faire?
— Andrée Lavoie

Phalaenopsis qui se préparent à refleurir. N’hésitez pas à enlever les feuilles qui jaunissent.

Votre orchidée, sans doute un phalaenopsis, a une floraison assez durable : souvent trois mois ou plus. Par contre, par la suite, la floraison s’arrête et la plante se prépare à fleurir de nouveau, habituellement à environ la même période de l’année. Donc, attendez-vous à ce que votre orchidée refleurisse chaque année vers la fête des Mères. 

Par contre, il faut quand même lui donner de bons soins. Bon éclairage avec quelques heures de soleil matinal, températures d’intérieur normales, arrosage par trempage quand le terreau est sec au toucher, forte humidité ambiante, un peu d’engrais pendant les mois d’été, etc. Elle a besoin d’à peu près les mêmes soins que toute autre plante de maison. La plante produira de nouvelles feuilles et certaines anciennes feuilles, devenues inutiles, peuvent jaunir. Si oui, enlevez-les.

Par contre, vous n’êtes pas obligée de patienter. Vous pouvez très facilement traiter votre orchidée comme plante éphémère : après la floraison, vous la remplacez par une nouvelle orchidée fleurie, acheté dans le commerce. Ainsi, vous aurez toujours une orchidée en fleurs pour décorer votre demeure!

COMMENT FAIRE REFLEURIR UN BÉGONIA RIEGER

J’ai rentré le bégonia Reiger Rebecca présenté dans la chronique du 15 octobre dernier et vous parlez de rabattage pour qu’il soit aussi beau l’été prochain. Est-ce que je fais le rabattage tout de suite ou si j’attends que ces belles fleurs tombent?
— Lise Monette



Bégonia Rieger Rebecca

Pour «sauver» un bégonia Rieger (Begonia × hiemalis), oui, il serait sage de le rabattre environ au moment où vous le rentrez, avant la fin de la floraison. Sinon, il aura tendance à entrer en dormance, mais sa dormance sera fatale, puisqu’il ne s’en réveillera pas. Coupez alors les tiges à 3 à 5 cm de la base, et ce, avant que les tiges commencent à dépérir. Le choc de cette taille radicale les stimule à produire de nouvelles tiges et donc, à continuer de pousser. Gardez la plante au frais (7 à 13°C de préférence, mais jusqu’à 20°C si vous n’avez pas d’autre choix) et arrosez seulement modérément au début, augmentant les arrosages à mesure que sa croissance reprend.

Il faut quand même exposer votre plante au soleil, mais comme le soleil d’hiver n’est pas très généreux de ses rayons, trouvez-lui l’emplacement le plus éclairé possible. Vous pourriez aussi diviser ou bouturer la plante vers la fin de l’hiver afin d’en avoir plusieurs pour votre jardin estival. 

Quand arrivera le printemps, votre bégonia Rieger Rebecca aura complètement récupéré et sera probablement en train de fleurir à nouveau. Augmentez encore l’arrosage, ne le laissant sécher plus que superficiellement. À mesure que les jours s’allongeront, vous pourrez aussi commencer à le fertiliser légèrement, mais sachez que ce bégonia n’est pas très gourmand. Si vous le fertilisez trop, vous aurez beaucoup de feuillage, mais peu de fleurs! 

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ENTRETIEN DE LA SEMAINE

  • Il est parfaitement loisible d’utiliser des feuilles d’automne atteintes de maladie dans le compost ou comme paillis.
  • Il n’est pas nécessaire de couper le feuillage des vivaces à l’automne. Vous pouvez le laisser se décomposer sur place et obtiendrez en retour une meilleure croissance l’été prochain.
  • Il peut être utile de couvrir les bulbes d’automne fraîchement plantés de paillis comme protection contre le froid. Cette protection ne les empêchera pas de fleurir au printemps.
  • N’oubliez pas de nettoyer les gouttières de votre maison avant l’hiver.

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CALENDRIER HORTICOLE

Vous cherchez des activités horticoles pour meubler vos temps libres? En voici quelques-unes pour les jours qui viennent.

Les semis intérieurs et la multiplication des plantes 
La Société d’horticulture de Québec vous propose une conférence présentée par Carole Mainguy intitulée «Les semis intérieurs et la multiplication des plantes (marcottage, division, hybridation)». Elle aura lieu le mardi 1er novembre, à 19h30, au Centre Marchand situé au 2740, 2e Av. Est à Québec. Coût: 6$ non membre. Info: 418 871-1665

Jardins d’automne et d’hiver
La Société d’horticulture de Sainte-Foy vous invite à une conférence intitulée «Jardins d’automne et d’hiver: créez de l’intérêt» avec Nathalie Souchet. Elle se tiendra le mardi 1er novembre, à 19h30, au Centre de glaces Intact Assurance, local 124, 999, av. de Rochebelle, Québec. Coût: 8$ non membre. Info: France Doyon, 418 658-9844

Pour mettre les récoltes en pots
Lili Michaud offre deux formations en ligne qui vous permettront d’apprendre comment mettre les récoltes en pots de façon sécuritaire. Il s’agit de «La mise en conserve domestique» et de «La lactofermentation des légumes». Ces formations peuvent être suivies au moment qui vous convient et à votre rythme. Un document PDF accompagne les formations. Coût: 30$ + taxes par formation. Info: lilimichaud.com

Pour toute activité horticole, écrivez-nous à lemag@lesoleil.com