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Quand vous arrivez à la caisse et que vous sortez votre carte de crédit pour payer toutes ces denrées, avez-vous le sentiment d’être un peu le dindon de la farce?

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Si vous avez répondu oui à ces deux questions, vous auriez très bien pu participer au sondage mené au cours des derniers mois par la firme Angus Reid auprès de consommateurs mécontents.

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On y apprend, entre autres, que 80% des répondants, à travers le pays, estiment que les grands joueurs de la distribution alimentaire ont tiré avantage de l’inflation pour encaisser des profits faramineux.

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Ils n’ont pas tort! Depuis un an, selon Statistique Canada, le prix des aliments achetés à l’épicerie a augmenté de plus de 11% alors que l’inflation se situe maintenant à 7%.

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À titre d’exemple, les produits de boulangerie ont connu une hausse de 14,8%. Les légumes frais (+11,8%), les fruits frais (+12,7%) et les produits céréaliers (+17,9%) ont également subi de substantielles majorations.

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Manger convenablement est devenu un luxe pour bien des familles, qui se demandent, semaine après semaine, comment elles vont arriver à remplir leur panier d’épicerie sans s’appauvrir davantage.

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«On a l’impression que l’inflation a le dos large et que les grands [de la distribution alimentaire] en profitent», pointe le député néo-démocrate Alexandre Boulerice, dans Rosemont–La Petite-Patrie.

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Il s’interroge sur la folle progression du prix des aliments et sur les profits records des Sobeys, Loblaws et Metro. C’est sans parler de Walmart et de Costco. Ces cinq joueurs réunis contrôlent 80% du marché, c’est tout dire.

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Collusion?

Le député Boulerice était dans le train Ottawa-Montréal lorsque je lui ai demandé de commenter le dossier «alimentaire». Il venait de passer une semaine fort occupée. Pas plus tard que lundi dernier, le caucus du NPD a fait adopter une motion afin de voir «s’il y a collusion ou exagération dans la hausse des prix à l’épicerie», a-t-il précisé.

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La motion a le mérite de poser les bonnes questions et de mettre la table en vue d’une véritable «discussion» pour mettre au pas les grands joueurs de l’industrie.

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On y mentionne, notamment, que «le salaire des travailleurs et les prix payés aux producteurs agricoles n’augmentent pas au même rythme que les profits de ces sociétés ni même que l’inflation».

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C’est un fait que les travailleurs, bien qu’ils soient syndiqués, ne touchent pas les plus gros salaires. C’est un fait, aussi, que les producteurs agricoles ne sont pas les plus gourmands quand vient le moment de se faire payer par les grands distributeurs.

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À très court terme, on souhaite faire comparaître les PDG des grandes chaînes d’alimentation devant le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, qui se penchera sur la politique des prix pratiquée dans les supermarchés.

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Intéressant...

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«On ne peut obliger [les patrons] à venir à Ottawa mais je suis prêt à leur payer leur billet de train s’il le faut», lance, sur le ton de l’ironie, le député Boulerice, qui a fait sienne cette bataille face aux géants de la distribution.

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Il est également question de demander au Bureau de la concurrence du Canada de mener une enquête «sur les profits des chaînes de marchés d’alimentation».

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On voudrait alourdir les sanctions pour la fixation des prix et durcir les lois sur la concurrence «afin d’interdire aux entreprises d’abuser de leur position dominante dans un marché pour exploiter les acheteurs ou les producteurs agricoles».

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On souhaite en outre, et je cite textuellement: «contraindre les PDG et les grandes entreprises à payer leur dû en éliminant les échappatoires qui leur ont permis d’éviter une facture fiscale de 30 milliards de dollars au cours de la seule année 2021».

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Une Régie de l’alimentation?

Chose certaine, la pression s’intensifie sur ce qu’on appelle la «grande distribution». On vient de voir Loblaw (Maxi, Provigo, Pharmaprix) geler les prix de ses 1500 produits de marque Sans nom jusqu’au 31 janvier 2023.

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Les consommateurs sont en colère. Ils constatent qu’ils en ont de moins en moins pour leur argent lorsqu’ils passent la porte des supermarchés. Les fournisseurs restent discrets. Ils ne veulent pas se mettre à dos ceux qui signent les chèques et qui dictent le marché...

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Du bout des lèvres, on raconte qu’il serait approprié d’établir un code de bonnes pratiques afin que les uns et les autres se comportent en bons citoyens.

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Mais en attendant, les prix continuent d’augmenter. Et les consommateurs continuent, disons-le ainsi, de manger leur pain... noir.

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Faudra-t-il créer une Régie de l’alimentation, calquée sur la Régie de l’énergie, pour discipliner cette industrie qui montre un appétit pour le moins féroce, tout particulièrement depuis le début de la pandémie?

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«On n’en est pas encore là, résume Alexandre Boulerice. Mais il faudra bien en arriver là, contrôler les hausses de prix. C’est un dossier très important pour nous [au sein du NPD]. Cela fait près d’un mois qu’on se penche sur des pistes de solutions.»

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Il affirme sans détour que les grands de l’alimentation s’en mettent «plein les poches» et que ça ne peut plus continuer ainsi, en ces moments d’incertitude économique, et avec cette menace de récession qui plane sur l’économie.

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La balle est dans le camp du gouvernement Trudeau. Reste à voir comment le parti au pouvoir s’y prendra pour alléger la facture d’épicerie.

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Par une taxe sur les profits?

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Par un contrôle serré des prix?

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«On pourrait taxer les profits excessifs et redistribuer cet argent-là pour aider les familles à payer leur épicerie, propose le député Boulerice. On peut agir sur l’idée de la redistribution de la richesse. Tout le monde se rend bien compte que la situation n’est pas vivable pour beaucoup trop de gens.»

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