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Qui allait-on envoyer au front pour vendre à la Ville de Québec un tunnel dont elle ne veut pas?

Geneviève Guilbault ne souhaitant plus agir comme ministre de la Capitale, la porte s’ouvrait à d’autres scénarios.

Y compris celui de nommer un ministre de la Rive-Sud. Bernard Drainville par exemple.

La réponse du premier ministre avait filtré avant même les annonces officielles. Un vent de fronde pour ceux qui espéraient un vent de changement.

C’est Geneviève Guilbault qui ira au front pour vendre le troisième lien. Cette fois dans le rôle de ministre des Transports.

Un rôle qui impliquera aussi de vendre et défendre le projet de tramway qui va occuper l’actualité du mandat qui commence.

Presque un rôle de contre-emploi pour une ministre à qui le mot tramway a brulé les lèvres pendant l’essentiel du mandat précédent.

Où logera Mme Guilbault le jour où on «découvrira» que les coûts du projet ont augmenté?

Il se trouvera alors au sein du conseil des ministres et ailleurs, des voix qui voudront remettre le projet en question.

Mme Guilbault aura-t-elle la détermination, la foi et la crédibilité pour se battre et convaincre? La preuve reste à faire. Il est à souhaiter que le premier ministre Legault, qui a fait la différence lors du dernier mandat, continue de «s’approprier» le projet.

La bonne nouvelle, c’est que les choses ne peuvent que s’améliorer entre Mme Guilbault et les élus locaux de Québec. Cela peut difficilement être plus tendu que dans les quatre dernières années.

On attendait le nouveau cabinet Legault sur le terrain délicat des relations avec l’administration Marchand.

La première fronde est cependant venue d’ailleurs, avant même les annonces officielles. Elle est venue de l’autre Guilbeault, celui qui s’écrit avec un «e» à la fin, Steven.

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Le projet de troisième lien Québec-Lévis est «incompatible» avec la lutte aux changements climatiques, a lancé jeudi matin le ministre fédéral de l’Environnement.

«On ne peut pas penser qu'on peut lutter contre les changements climatiques en augmentant le réseau routier.»

La déclaration ne pouvait être plus claire.

Le gouvernement Legault aura le fédéral dans les pattes s’il poursuit avec le modèle d’un tunnel autoroutier entre Québec et Lévis.

Le ton est donné. Guilbault contre Guilbeault.

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«On ne peut pas penser qu’on peut lutter contre les changements climatiques en augmentant le réseau routier», a affirmé jeudi matin le ministre fédéral de l’Environnement, quelques heures avant que François Legault procède au dévoilement de la composition de son conseil des ministres.

Son vis-à-vis au Québec demeure finalement Benoit Charette. Interrogé sur ses attentes à propos du nouveau mandat de son homologue québécois, M. Guilbeault a évoqué que la priorité doit être donnée aux transports collectifs et à la protection du territoire.

À ses yeux, le projet de tunnels autoroutiers défendu bec et ongles par la Coalition avenir Québec n’a ainsi «aucun sens», tandis que tout le monde, «même les meilleurs sur la planète», doit «en faire plus», et ce, «plus vite» pour réduire les émissions de GES.

«Clairement, pour moi, c’est un projet qui est incompatible avec la lutte aux changements climatiques, qui va mener à une augmentation de l’étalement urbain. Oui, on se dirige de plus en plus vers un parc de véhicules électriques, mais ça ne justifie pas en soi le fait qu’on invite à l’étalement urbain», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

Ce développement urbain prendra forme au détriment de la nature, sur des boisés et des terres agricoles, a déploré le ministre Guilbeault.

«Vieux réflexe libéral»

L’élu libéral a fait ces commentaires en marge d’une annonce à Montréal concernant les sentiers récréatifs au pays. M. Guilbeault n’a pas voulu s’avancer sur la position que devrait prendre le porteur de ballon du gouvernement Legault en matière d’environnement sur le troisième lien.

Le porte-parole conservateur en matière d’environnement, Gérard Deltell, a, quant à lui, invité le ministre fédéral à se mêler de ses affaires.

«Encore une fois, le mauvais vieux réflexe libéral de toujours commenter quelque chose qui ne le regarde pas. C’est un enjeu provincial. M. Guilbeault ne peut pas vraiment freiner son élan», a affirmé le député de la région de Québec en mêlée de presse à Ottawa.

Selon lui, le projet a «beaucoup» été débattu tout au long de la campagne électorale provinciale et les résultats de l’élection du 3 octobre démontrent un appui favorable de la population.

M.Guilbeault a rétorqué, jeudi après-midi à son arrivée au Parlement, que la lutte aux changements climatiques est l’affaire de tous. Il a toutefois précisé ne pas vouloir jouer le rôle de l’arbitre dans le dossier du troisième lien. Des évaluations environnementales, notamment celles du fédéral, permettront d’établir s’il s’agit d’un bon projet ou non, a soutenu le ministre.

Sa prise de position a toutefois trouvé écho auprès du chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice.

«Je pense que ce genre de projet autoroutier polluant, qui facilite l’étalement urbain, est complètement incompatible avec nos cibles de réduction de gaz à effet de serre. Mais M. Guilbeault ne devrait pas donner de leçon non plus parce qu’il n’est déjà pas capable d’atteindre ses propres cibles», a lancé le porte-parole néo-démocrate en matière de changements climatiques.

La nouvelle mouture proposée par le gouvernement Legault en avril dernier vise à construire deux tunnels plus modestes qu’initialement annoncé, avec certaines voies réservées pour le transport en commun, mais seulement aux heures de pointe.

M. Guilbeault estime d’ailleurs que Québec doit d’abord s’attarder à bonifier l’offre de transports collectifs dans la province, avant de miser sur l’électrification du parc automobile. La fabrication de voitures électriques nécessite une quantité importante de ressources naturelles, indique-t-il.

Le ministre a dit souhaiter travailler avec son homologue québécois sur des dossiers en lien avec la protection de la nature, alors que Montréal accueillera en décembre une conférence de l’ONU sur la biodiversité.

55 M$ pour des sentiers récréatifs

M. Guilbeault était de passage aux abords du Canal-de-Lachine, jeudi matin, pour annoncer un investissement de 55 millions $ sur cinq ans pour entretenir, améliorer et développer les plus de 28 000 km du réseau de Sentier Transcanadien, qui traverse 32 lieux administrés par Parcs Canada.

«Ce financement permettra une meilleure interconnexion des différents tronçons du Sentier, facilitera l’accès et assurera sa pérennité», a mentionné le ministre fédéral.

Les sommes prévues pourraient, par exemple, soutenir différents projets au Québec comme l’amélioration d’une piste cyclable le long de la rivière Saint-François dans la MRC du Val-Saint-François, en Estrie, et de nouveaux abris pour les skieurs de fond et randonneurs au sentier des Caps de Charlevoix.

D’après Parcs Canada, 80 % des Canadiens vivent à moins de 30 minutes d’un tronçon du Sentier Transcanadien.

***

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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Le maire Marchand aura un allié éloquent et pugnace s’il souhaite faire porter le débat du troisième lien sur l’enjeu du développement durable.

J’étais curieux de voir qui allait obtenir les ministères des Affaires municipales et de l’Environnement.

Pour les mêmes raisons que ce qui précède.

Dans un débat sur le développement durable, voici deux ministres qui pourraient, en théorie, faire contrepoids aux appétits autoroutiers de leurs collègues.

Qui pourraient plaider le risque de nouvelles autoroutes pour les terres agricoles et leur prix en étalement urbain.

Je dis «en théorie», car dans les faits, cela dépend des convictions et du poids politiques des titulaires.

Le premier ministre a ici choisi le statu quo. Benoit Charette à l’environnement et Andrée Laforest aux Affaires municipales.

Sans doute ne faut-il pas s’étonner qu’un parti qui a fait campagne avec le slogan «Continuons» confie les mêmes responsabilités à une majorité des membres du cabinet.

J’y vois un message que le gouvernement Legault ne souhaitait pas bousculer l’ordre des choses ni toucher aux rapports de force qui pourraient nuire au troisième lien.

On a vu ces dernières années les limites de Benoit Charest à porter les enjeux d’environnement au sein d’un gouvernement dont ce n’est pas la matière forte.

Lorsqu’il a eu à choisir entre la qualité de l’air et l’industrie, M. Charette a sagement choisi l’industrie. Comme le souhaitait son gouvernement.

C’est tout le contraire pour sa collègue Andrée Laforest qui a comblé les attentes élevées des militants «verts» par sa politique d’aménagement et l’architecture déposée le printemps dernier.

Un tunnel autoroutier semble incompatible avec la politique de Mme Laforest. Mais a-t-elle le poids politique et l’influence nécessaire pour en convaincre ses collègues. La preuve reste à faire que Mme Laforest.

Une ministre des Transports qui «distribue» les projets routiers locaux risque d’avoir davantage l’oreille des autres élus de la CAQ que la ministre de l’aménagement raisonnable.

***

Avec l’entrée en scène de Bernard Drainville et de Martine Biron, la région de Québec compte cinq sièges sur 30 au conseil des ministres. Bien davantage que son poids démographique.

Difficile de s’en plaindre.

J’étais de ceux qui pensais qu'Éric Caire serait peut-être sacrifié si M. Legault avait besoin de faire de la place pour des nouveaux venus. Il aura finalement gardé son siège lui aussi.

S’il y a une surprise dans les nominations au cabinet pour la région de Québec, c’est sans doute celle-là.

Cela dit, l’influence d’une région et sa capacité à obtenir sa juste part ne se mesurent pas au nombre de ses ministres, mais en avoir plusieurs ne peut pas nuire.

Le vrai pouvoir se mesure au tirant d’eau de ses ministres et à l’écoute qu’ils peuvent obtenir du premier ministre.

Ici encore, Québec est plutôt bien servie avec de «gros» ministères (transports et éducation) et le titre de vice-première ministre.

Bernard Drainville ajoutera au poids de la Rive-sud et par le fait même, à celui de la Capitale.

Jonatan Julien prend le relai comme ministre de la région de Québec. Un bon choix. M. Julien n’a pas un style flamboyant, mais connaît bien Québec et ses enjeux.

Il sera plus facile d’harmoniser les relations avec la Ville de Québec avec M. Julien aux commandes.

Plus facile qu’avec le fort en gueule Bernard Drainville, que la rumeur avait envoyé un moment dans le siège de ministre de la Capitale.

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