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Voilà qui résume assez bien la nouvelle vie de Wong et sa complice Ting Ting, deux immigrants chinois qui viennent de débarquer à l’île d’Orléans pour y travailler en français.

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«On est content, on est heureux!»

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Depuis le 1er août, ils sont les nouveaux propriétaires du camping d’Orléans. «C’est un vrai cinq étoiles!», tient à préciser Wong en me faisant faire le tour du propriétaire.

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Il ajoute: «C’était le seul qui était à vendre au bord du Saint-Laurent. C’est tellement beau, le fleuve! Je ne me lasse pas de voir tous ces bateaux.»

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Mais n’allez pas croire que notre homme passe ses journées à regarder les navires chargés de conteneurs descendre le fleuve ou le remonter.

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«Il y a beaucoup de travail à faire ici, ajoute-t-il. Je veux améliorer le terrain, aplanir les sites pour les véhicules récréatifs. Je veux que les clients apprécient leur séjour. Je suis fait comme ça, j’aime quand le monde se sent bien. J’aime parler aux gens.»

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Et Ting Ting d’enchaîner: «On vient juste d’arriver et la saison se termine dans une semaine, mais au cours des deux derniers mois, les clients nous ont dit qu’ils apprécient qu’on soit là. Ils nous ont dit qu’ils allaient revenir le printemps prochain pour la nouvelle saison. Vous savez, ça nous touche droit au cœur.»

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***

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Pendant dix ans, Wei Hua Wang (Wong) et sa femme Ting Ting ont exploité deux épiceries-dépanneurs à Charette et dans le village voisin de Saint-Élie-de-Caxton. Pendant toutes ces années, ils ont travaillé sans relâche pour servir les clients, toujours avec un large sourire, même si, parfois, ils auraient eu de bonnes raisons d’avoir le visage long…

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Ce sont eux, faut-il le rappeler, qui ont reconstruit l’épicerie-dépanneur de Charette après qu’un incendie ait complètement détruit le commerce. À ce moment-là, Wong m’avait confié: «Dans un village, il faut se tenir debout!»

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Il avait insisté sur l’importance de maintenir des commerces de proximité. Visiblement, il avait compris ce que bien des «locaux» n’ont jamais compris.

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Mais passons…

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Parler au monde

On peut imaginer la petite commotion que cela a provoqué dans les deux villages lorsqu’on a appris que Wong et Ting Ting ne seraient plus derrière le comptoir de leurs épiceries-dépanneurs.

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Le printemps dernier, ils ont vendu leurs deux commerces à un jeune couple d’acheteurs. Des immigrants chinois qui, tout comme eux, ont décidé d’investir et de s’investir en région.

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«On était rendus là, on avait envie d’un nouveau défi, on voulait élargir nos horizons. On voulait avoir du temps pour nous, pour nos deux garçons [âgés de 8 et 11 ans] et pour notre fille [qui aura bientôt 19 ans]», résume Wong, sous le regard approbateur de sa conjointe.

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Tous deux âgés début quarantaine, ils souhaitaient alors prendre un pas de recul, le temps de voir dans quelle direction la vie allait les mener.

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«Avec nos deux commerces, souligne Ting Ting, on ne se voyait pas beaucoup. Lui, il s’occupait d’un dépanneur, et moi de l’autre.»

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Et c’était du «sept jours par semaine!», soupire Wong.

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***

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Et maintenant, ça se passe comment, la vie de propriétaire de camping?

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«C’est encore tout nouveau, conviennent-ils. On commence à peine à se familiariser avec les lieux. Mais on sait qu’on est au bon endroit, au bon moment.»

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Et les habitants de l’île? Comment ont-ils réagi en apprenant que le camping venait d’être vendu à des immigrants chinois?

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«On peut dire que la réaction a été très positive. Il y a des gens qui voulaient savoir si on venait d’arriver au Québec. On leur a dit qu’on vit ici depuis bientôt quinze ans et qu’on a eu des épiceries-dépanneurs en Mauricie. Ça répond à leurs questions et on peut continuer de jaser de la pluie et du beau temps!»

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Wong prend la peine de mentionner qu’il a eu un entretien avec la mairesse. «On veut être de bons citoyens, on veut bien faire les choses. On pense qu’on peut avoir un impact sur l’économie de l’île.»

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***

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Manque de main-d’œuvre

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Il n’en demeure pas moins qu’au pays de Félix Leclerc, on fait face, là comme ailleurs au Québec, à des problèmes de main-d’œuvre. Un enjeu préoccupant qui ne serait pas sans solution, s’il faut en croire Wong, travailleur infatigable s’il en est un.

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«On a des idées pour recruter des employés pour la prochaine saison, dit-il sans fournir trop de détails. Il y a la question des salaires, c’est bien certain. Il faut que les employés se sentent utiles, et qu’ils trouvent du plaisir à venir travailler au camping.»

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Se sentir utiles. Trouver du plaisir à travailler. Et trouver un équilibre dans le travail-famille.

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«Vendre les dépanneurs de la Mauricie et acheter un camping dans la région de Québec, c’est une décision qu’on a prise en famille et pour le bien de la famille», souligne Ting Ting.

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Puisque la vie fait bien les choses, et parce que ses deux garçons sont des enfants talentueux, elle a pu les inscrire dans une très bonne école, à Québec, tout juste pour la rentrée de septembre.

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«On a eu de la chance, l’école les a acceptés à la dernière minute!», se réjouit-elle.

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Dans la vie, on fait sa chance. Wong et Ting Ting ont fait la leur en apprenant le français à la vitesse de l’éclair dès leur arrivée dans la Belle Province.

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Comme quoi…

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