Les démissions silencieuses

La démission silencieuse est un phénomène nouveau qui consiste à répondre aux exigences minimales de son emploi sans en faire plus.

POINT DE VUE / La démission silencieuse est un phénomène nouveau qui consiste à répondre aux exigences minimales de son emploi sans en faire plus. Et lorsque les conditions ne plaisent pas, le travailleur ne se présente plus au travail sans préavis.


Certes, la pénurie de main-d’œuvre favorise la loi du moindre effort alors que les travailleurs sont attendus bras ouverts dans les compagnies qui mettent tout en place pour les attirer. On assiste aujourd’hui à « une grande séduction » partout dans la province.

Cependant, l’analyse psychologique des démissions silencieuses est encore plus intéressante qu’une simple analyse du marché du travail. Et c’est en nous adressant aux caractéristiques psychologiques des jeunes travailleurs que nous arriverons peut-être à freiner ce phénomène.

Caractéristiques des démissionnaires

Pour mieux saisir les facteurs qui contribuent à la démission, il devient important de se poser quelques questions. Une première est de comprendre pourquoi la démission est «silencieuse», pourquoi n’est-elle pas affirmée, ouverte et assumée ? La réponse réside dans une certaine faille quant à l’affirmation de soi.

Comme si le travailleur n’arrivait pas à affirmer son choix de ne plus faire partie d’une organisation. Comme s’il y avait une sorte de manque d’assurance, de gêne et d’inconfort à affirmer ses choix. Ces caractéristiques sont généralement liées à une plus faible estime de soi.

Une seconde question est de comprendre ce qui motive les démissions. S’agit-il d’un conflit propre au milieu de travail ou un conflit plus large ? Il est connu que les jeunes adultes actuels ont tendance à dénoncer le mode de travail de leurs parents. Ces parents trop impliqués au travail, trop motivés par les gains matériels et qui ont parfois négligé leur famille (famille dans lesquelles vivaient jadis les jeunes adultes actuels).

Or, les valeurs personnelles orientées vers une plus grande liberté et les loisirs semblent fortement prônées chez les jeunes démissionnaires. En ce sens, la démission des jeunes travailleurs pourrait témoigner d’une sorte de «réactance» face aux valeurs de leurs parents, valeurs qui ont teinté l’environnement familial dans lequel ces jeunes adultes ont grandi.

Une troisième question est de comprendre pourquoi ces travailleurs se sentent si à l’étroit, incommodés par les cadres inhérents au monde du travail (ex. heures de travail fixes, conditions de travail, salaire, tâches à exécuter, compétition entre collègues, etc.).

En fait, il est fort intéressant de se questionner sur la perception qu’ont les jeunes travailleurs quant aux cadres de vie qui les orientent (cadre familial, conjugal, parental, scolaire, etc.). Comme si les cadres n’étaient plus justifiés et que seules leurs balises personnelles délimitées par leurs propres envies et désirs devenaient alors la norme à respecter (des cadres ego orientés).

Nous devons comprendre que même si les cadres sont contraignants, ils ne sont pas pour autant néfastes au développement personnel, bien au contraire. Faire face à ce qui nous déplait (et qui reste socialement acceptable), puis réussir à se développer dans de telles conditions est la meilleure façon d’arriver à reconnaitre nos réelles capacités adaptatives.

En fait, il n’y a rien de valeureux à ce qui est acquis sans défi.