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Lundi, les Québécois ont voté en majorité pour reconduire la Coalition avenir Québec (CAQ) au pouvoir. Et le portrait a été clair assez tôt. À peine huit minutes après la fermeture des bureaux de vote, le réseau de télé TVA a annoncé la réélection majoritaire du premier ministre sortant. Radio-Canada a suivi et l’instance officielle d’Élections Québec a fait de même à 20 h 37.

À 2h50, les données d’Élections Québec affichaient 40,97 % du vote favorisant la CAQ, contre 14,37 % pour le PLQ, 15,42 % pour QS, 14,60 % pour le PQ et 12,92 % pour le PCQ. La répartition des sièges s'établit à 90 pour la CAQ, 21 pour le PLQ, 11 pour QS, trois pour le PQ et aucun pour le PCQ.

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Ambiance à la fois détendue et festive au Capitole de Québec, où se déroulait le grand rassemblement électoral de la CAQ. L’énergie était à son comble la première heure, alors que les gains s’enchaînaient, et après 23h, quand le chef est finalement descendu de sa chambre d’hôtel du neuvième étage pour venir livrer son discours de victoire dans la salle de spectacle.

Recoller les pots cassés

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«Les Québécois nous ont envoyé un message fort, ils nous ont dit : continuons!» a lancé au micro le premier ministre réélu de 65 ans, d’une voix un peu éraillée, rappelant le slogan de sa campagne.

Il s’est vite vanté d’avoir fait élire «le plus grand nombre de femmes de toute l’histoire».

Puis dans un discours où il reprenait ses thèmes des cinq dernières semaines, il s’est attelé à recoller les pots cassés pendant la campagne, surtout sur l’enjeu de l’immigration. «Une élection, ça divise! Mais il y a bien plus de choses qui nous rassemblent qui nous divise. Les Québécois forment un grand peuple. Je parle de tous les Québécois, toutes les régions, tous les âges, toutes les origines. Je vais être le premier ministre de tous les Québécois», a-t-il déclaré, avant de répéter ce segment en anglais.

Souvent bourru pendant la campagne, M. Legault a dû se dépêtrer avec quelques-unes de ses propres déclarations sur l’immigration. En plus de celle de son ministre de l’Immigration sortant, Jean Boulet, qui a affirmé en plein débat que «80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise».

Lundi soir, il a parlé de l’immigration comme d’«une richesse» et d’«un cadeau qu’on se fait».

Le projet de la CAQ de construire un tunnel autoroutier sous-fluvial pour relier Québec et Lévis a aussi occupé beaucoup de place durant la campagne. M. Legault a finalement reconnu qu’étude ou pas, la décision serait politique et que lui et son gouvernement iront de l’avant avec leur troisième lien.

Mieux qu'il y a quatre ans

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À la dissolution du parlement, le 28 août dernier, la CAQ détenait 76 sièges sur les 125 mis en jeu à l’Assemblée nationale. Trente-six jours de campagne électorale plus tard, M. Legault et son équipe obtiennent un mandat encore plus fort que le premier.

«Passer de 37 % à 41 %, c’est bon!» a d’ailleurs glissé M. Legault à un ami et partisan, à sa sortie de la salle. Il y a quatre ans, la CAQ avait obtenu 37,42% des suffrages exprimés pour un peu plus de 1,5 million de votes.

La députation record dans l’histoire du Québec appartient à Robert Bourassa qui, lors de son deuxième mandat à la tête de l’État québécois en 1973, avait fait élire 102 députés sur 110. À son retour comme premier ministre, en 1985, le chef libéral Bourassa avait obtenu 99 sièges sur 122, puis 92 sur 125 quatre ans plus tard, en 1989.

M. Legault devient le premier chef de gouvernement québécois réélu de façon majoritaire depuis M. Bourassa en 1989, pour son dernier mandat.

Les libéraux deuxièmes

Le Parti libéral du Québec (PLQ) conserve le titre d’opposition officielle comme deuxième groupe parlementaire. Même si leur députation est à la baisse, les libéraux détiennent toujours plus de sièges que Québec solidaire (QS), le Parti québécois (PQ) et le Parti conservateur du Québec (PCQ).

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Dans le discours de la cheffe libérale, on ne sentait pas du tout le ton de la défaite, mais plutôt celui du défi. Elle a insisté sur l’élan gagné en cours de campagne pour promettre de poursuivre le travail de terrain pour regagner le coeur des électeurs.

«Dans les prochains jours, mois, années, vous allez voir que je vais déployer la même énergie, la même conviction, la même ambition que je caresse pour nous tous, ici, au Québec, et vous allez voir qu’ensemble on est capable d’accomplir de grandes choses pour un Québec qui représente l’ensemble des Québécois», a-t-elle lancé à ses partisans réunis au théâtre Corona, à Montréal.

«Que vous ayez voté pour nous ou pour une autre formation politique, ma porte, notre porte sera toujours ouverte», a ajouté M^me Anglade en s’adressant à l’ensemble des Québécois.

Tout juste avant la fermeture des bureaux de vote, l’ex-ministre libéral des Finances Carlos Leitao ne se berçait pas d’illusions en prédisant 20 à 25 sièges au PLQ. À son avis, cela devait être suffisant pour conserver l’opposition officielle. Il ne s’est pas trompé sur ce point. En fin de soirée, Élections Québec donnait 24 libéraux élus ou en avance.

"},"type":"paragraph"},{"author":{"fr":"Carlos Leitao"},"position":1,"text":{"fr":"

C’est très important pour nous de demeurer l’opposition officielle et de donner à Dominique [Anglade] le temps nécessaire de vraiment restructurer et rebâtir le parti

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M. Leitao a reconnu que le début de campagne a été difficile, mais s’est dit fier du travail de sa cheffe à la suite du deuxième débat télévisé.

«Les gens ont appris à mieux la connaître et on a remarqué une amélioration même dans l’atmosphère dans l’autobus et parmi le staff», a-t-il analysé.

Le député réélu dans Marquette et ex-hockeyeur, Enrico Ciccone, a renchéri sur le même sujet en fin de soirée en déclarant que Dominique Anglade avait été «bonne en maudit en troisième période».

Il demeure que le PLQ n’a jamais remporté moins de 30 sièges lors d’une élection générale depuis 1976. En 2018, sous Philippe Couillard, les libéraux avaient perdu le pouvoir, mais récolté 31 sièges.

En nombre de voix, les appuis libéraux ont aussi continué de s'effriter. Après avoir enregistré sa pire performance en 2018 avec 25 % des voix, le PLQ a continué de s'enfoncer alors que les résultats partiels (avec 95 % des bureaux de vote dépouillés) lui accordaient à peine plus de 14 % des voix, soit moins que le Parti québécois et que Québec solidaire.

Un parti montréalais?

À l’exception de Pontiac, en Outaouais, le PLQ est désormais confiné à la grande région de Montréal.

«Le défi va être de ne pas devenir le parti de Montréal. De continuer à toujours faire le pont entre Montréal et le reste du Québec. Ça va être ça le défi des quatre prochaines années», prédit Carlos Leitao.

De son côté, le nouveau député de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, rejette cette étiquette de parti montréalais.

«Je ne suis pas d’accord. Il y a des votes libéraux qui ont été mis dans les urnes partout dans la province. Il y a des libéraux partout au Québec. Notre mission, pour les quatre prochaines années, c’est de les ramener au bercail», a-t-il soutenu.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Dominique Anglade ne semblait pas trop assommée par le résultat des élections."},"contentType":"image","credits":{"fr":"La Presse Canadienne, Ryan Remiorz"},"position":4,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F76e6ca1c-37f3-45b6-9d82-b2192e30b3e1.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":5,"text":{"fr":"

Ambiance festive

À l’image de leur début de campagne, les libéraux ont connu un lent début de soirée. L’ambiance semblait plutôt tendue avant la fermeture des bureaux de vote et la confirmation rapide de la réélection d’un gouvernement caquiste majoritaire a vite fait de refroidir les quelques partisans présents.

Si bien que la nouvelle de la confirmation du statut d’opposition officielle est d’abord presque passée inaperçue au rassemblement libéral. L’animateur de la soirée a dû prendre un moment pour retransmettre l’information afin de susciter quelques cris de joie et des applaudissements.

L’ambiance s’est cependant progressivement réchauffée par la suite alors que plusieurs élections de libéraux se sont rapidement enchaînées dans des circonscriptions de la grande région de Montréal.

Au fil de la soirée, la salle s’est remplie et le soulagement d’un retour dans l’opposition officielle a permis aux partisans de retrouver le sourire et de faire la fête.

Campagne ardue

À la dissolution de l’Assemblée nationale, le PLQ formait l’opposition officielle avec 27 députés. Pas moins de 13 d’entre eux ont choisi de ne pas briguer de nouveau mandat.

Avec une telle désertion, on aurait peut-être pu prévoir que la campagne libérale serait tout sauf un long fleuve tranquille. Les embûches se sont multipliées dès le départ avec une candidature annoncée, puis retirée dans Charlesbourg. Puis, un candidat s’est retiré dans la région de Québec avant d’être imité par deux autres candidates en Estrie.

Le recrutement s’est avéré un véritable cauchemar pour le PLQ qui a réussi in extremis à être représenté dans chacune des 125 circonscriptions. Le candidat Harley Lounsbury a même eu besoin de l’intervention d’un juge pour forcer le Directeur général des élections du Québec à inscrire son nom sur les bulletins de vote dans Matane-Matapédia.

Un autre coup dur est venu miner la crédibilité du PLQ, dont l’image de marque a longtemps été celle du «parti de l’économie». Il a été démontré en plein c?ur de la campagne que le cadre financier proposé par le parti contenait une erreur de 16,3 milliards $. Une erreur que le parti a reconnue de bonne foi et corrigé.

Malgré le mauvais sort qui semblait vouloir s’acharner sur les libéraux, Dominique Anglade a fait preuve de résilience et a démontré beaucoup de combativité en terminant sa campagne avec aplomb et enthousiasme. Elle s’est positionnée en antagoniste du chef caquiste François Legault, en rassembleuse. Ce qui lui a peut-être permis de rallier certains indécis en bout de piste.

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Tout indique que le PQ sera le grand perdant de ces élections de 2022, avec une récolte de seulement quelques sièges malgré l’obtention de près de 15 % du suffrage populaire. Les conservateurs menés par Éric Duhaime aussi auront des lendemains qui déchantent, puisqu’il semble que le PCQ ne ferait élire aucun député.

En fin de compte, M. Duhaime sera le seul des cinq chefs à ne pas s’être fait élire dans sa circonscription. M. Legault, la cheffe libérale Dominique Anglade, les co-porte-parole solidaires Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé et le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon ont tous remporté les honneurs dans leur comté respectif.

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M. Legault a indiqué dans son discours avoir appelé chacun des quatre autres chefs au cours de la soirée. Il leur a promis de «se parler individuellement dans les prochaines semaines. On va discuter de comment on peut travailler ensemble pour les Québécois», a-t-il souligné, reprenant ici un thème de sa fin de campagne.

Drainville élu

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Ce deuxième mandat caquiste marque le retour au Salon bleu de Bernard Drainville, ex-ministre du Parti québécois élu pour la CAQ dans Lévis. Les ministres sortants Christian Dubé, Geneviève Guilbault, Sonia LeBel, Jean-François Roberge, Jean Boulet, Caroline Proulx, Simon Jolin-Barrette, Lionel Carmant, François Bonnardel, Andrée Laforest, Benoit Charette et Jonatan Julien sont entre autres réélus.

Cela malgré une campagne qualifiée de «mauvaise» de la part du chef de la CAQ par plusieurs observateurs.

Cette année, 6,3 millions d’électeurs avaient droit de vote au Québec. Le taux de participation avoisine 66,05 % selon Élections Québec, à peine moins que les 66,50 % d’il y a quatre ans.

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