Miley pas surpris de son ancien élève

Aaron Judge salue la foule à Toronto après avoir cogné son 61e circuit de la saison, égalant Roger Maris.

Même s’il a dirigé Aaron Judge dans l’une des séquences les plus difficiles de sa carrière, le gérant Dave Miley n’est pas surpris du tout de voir son ancien élève frapper à la porte de l’histoire après être devenu mercredi le cinquième joueur des ligues majeures à claquer plus de 60 coups de circuit en une saison.


Le voltigeur des Yankees avait commencé la saison 2015 en tant que 53e espoir des ligues majeures, frappant 12 circuits et 16 doubles en 63 matchs avec le Thunder de Trenton, la filiale AA des Bombardiers du Bronx. L’organisation a donc décidé de faire gravir un échelon à Judge et l’athlète de 23 ans a abouti dans l’escarcelle de Miley avec les RailRiders de Scranton/Wilkes-Barre (AAA).

«Comment te dire? Il a eu un peu de difficulté. Ses statistiques étaient loin d’être extraordinaires quand il est arrivé avec nous», raconte Miley en entrevue avec Le Soleil à propos de son ex-protégé qui n’avait frappé que pour une moyenne au bâton de .224 avec une moyenne de présence sur les buts de .308 à sa première rencontre avec les lanceurs de niveau AAA.

L’aide de Thames

«Cependant, il a fini par se mettre en marche. Il est qui il est!», ajoute-t-il, ne manquant pas de souligner l’apport important de l’ancien entraîneur des frappeurs des RailRiders et des Yankees Marcus Thames. Celui-ci occupe dorénavant les mêmes fonctions avec les Marlins de Miami et a joué un rôle crucial dans la progression de Judge.

«Notre département de dépistage avait vu quelque chose en Judge et l’avait repêché avec le 32e choix de la première ronde en 2013, mais Marcus a vraiment fait tout un travail avec lui pour l’aider à devenir le frappeur qu’il est aujourd’hui», poursuit Miley en vantant aussi l’éthique de travail irréprochable du voltigeur de 30 ans.

Judge était un leader non pas en prenant la parole dans le vestiaire, mais bien en amenant naturellement ses coéquipiers à le suivre par sa façon de se préparer et de jouer. «Il avait sa façon à lui de mener par l’exemple», indique Miley en revenant sur les difficultés d’adaptation de Judge à son arrivée au niveau AAA.

«Il venait nous voir pour avoir un coup de main. Chaque jour, il entrait dans le vestiaire, toujours avec le même sourire, toujours avec le même désir de s’améliorer. Aaron n’a pas changé du tout depuis ces années-là», signale son ancien gérant.

Comme Griffey Jr.

Au moment où Le Soleil s’est entretenu avec Miley, Judge n’avait pas encore frappé son 61e circuit. «Il va en frapper 61 et peut-être plus. Je sais qu’il adorerait égaler le record à New York, mais je sais aussi qu’il sera heureux s’il le fait à Toronto ce soir. Personne ne pouvait imaginer qu’il atteigne une telle marque, mais, en même temps, personne n’est vraiment surpris en raison de la façon dont Aaron se présentait. C’est vraiment un talent générationnel.»

Miley sait de quoi il parle puisque quand il a dirigé les Reds de Cincinnati de 2003 à 2005, il avait dans son coffre à outils un certain Ken Griffey Jr. «Aaron est le même genre de gars que Ken. Les deux ont toujours pris l’entraînement au bâton très au sérieux, tu les vois toujours dans la cage des frappeurs même s’ils sont parmi les meilleurs cogneurs des majeures», poursuit-il, impressionné également par les qualités athlétiques de Judge. «Il ne faut jamais oublier qu’on parle d’un gars de 6 pieds 7 pouces qui joue très souvent au champ centre.» 

D’après Dave Miley, la marque de Maris ne sera d’ailleurs probablement pas la seule que Judge menacera durant sa carrière. «Aaron ne s’arrêtera pas là. Touchons du bois pour qu’il demeure en santé, mais si c’est le cas, tout est possible. Il se prépare à battre le record de Roger Maris, et vous savez combien de grands joueurs sont passés chez les Yankees depuis cette époque sans jamais l’égaler», poursuit celui qui avoue suivre de près les exploits de Judge. «Comment ne pas le suivre? C’est presque impossible d’ouvrir la télé et de ne pas en entendre parler!»

De la bonne façon

Sans les mentionner, Miley ne manque pas également de rappeler que trois des cinq joueurs ayant frappé plus de 60 circuits en une saison (Barry Bonds, Mark McGwire et Sammy Sosa) ont été associés à la consommation de substances illégales pour améliorer la performance.

«Non seulement Aaron va battre ce record, mais il va le faire de la bonne façon, si tu vois ce que je veux dire. Il possède les aptitudes pour faire tout ce qu’il veut dans ce sport. Il est une personne spéciale», conclut-il.

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LE CHIFFRE

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Nombre d’équipes des ligues majeures à avoir maintenu cette saison une moyenne de plus de cinq points marqués par match (les Dodgers de Los Angeles avec 5.26 et les Yankees de New York avec 5.06). Cinq équipes avaient dépassé cette moyenne l’an dernier. 

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LE GRAND CHELEM

On en parle moins que de son 61e circuit, mais Aaron Judge est aussi en excellente position pour remporter la première Triple Couronne des frappeurs depuis Miguel Cabrera en 2012. Jeudi, il menait facilement la Ligue américaine avec 61 circuits

(23 de plus que Mike Trout) et 130 points produits (11 de plus que Jose Ramirez). C’est au niveau de la moyenne au bâton que les choses se corsent puisque Luis Arraez des Twins du Minnesota montrait une moyenne identique de .313.

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LE GOLDEN SOMBRERO

Avec seulement 519 points marqués jeudi, les Tigers de Detroit sont la pire équipe offensive des majeures. Pas surprenant, puisqu’un seul des joueurs réguliers des félins, le polyvalent Harold Castro, frappe dans une moyenne au bâton de .275. Quatre sont même sous la barre de .210, à savoir le premier but Spencer Torkelson, le troisième but Jeimer Candelario, le voltigeur Robbie Grossman et le deuxième but Jonathan Schoop, dont la moyenne de .203 est la pire des majeures.