La copropriétaire des Constructions des Îles ne peut répondre à la plupart des demandes parce que son entreprise avait déjà des contrats plein les bras avant la tempête post-tropicale. «C’est incroyable, le nombre d’appels qu’on a pour la construction de maisons neuves et de duplex», confirme Sarah Clark. Ces contrats proviennent dans 75 % des cas de touristes qui veulent avoir un pied-à-terre aux Îles. Pour le reste, ce sont des demandes de Madelinots. «Depuis la pandémie, ça a explosé! C’est plus que le double par rapport à avant la COVID.»
Mme Clark et son équipe ont tout de même accepté de réparer temporairement le toit de l’église de Saint-Pierre-de-La Vernière, dont la toiture a été arrachée par les grands vents au plus fort de la tempête. «J’ai envoyé deux hommes pour sécuriser la toiture. J’ai accepté de le faire parce que c’est l’église. Mais normalement, on n’aurait pas eu le temps de le faire.» Elle a répondu à la demande d’aide du conseil de fabrique parce que le temple datant de 1876 est un bien patrimonial précieux pour les Madelinots, d’autant plus que, selon elle, le toit laissé à nu présente déjà des infiltrations d’eau. «La laine minérale est toute emborvée [terme madelinot signifiant «imbibée d’eau»].»
Entreprise de nettoyage débordée
Le propriétaire du Groupe Sinix n’a pas dormi beaucoup depuis samedi. «Avant l’ouragan, j’étais déjà débordé, raconte François Danis. Il y a toujours des bris de tuyaux ou différents dégâts. Là, il faut que je m’occupe des urgences causées par l’ouragan.»
À ce stade-ci, son entreprise de nettoyage après sinistre croule sous la paperasse exigée par les compagnies d’assurances qui ont envoyé des équipes sur l’archipel pour répondre aux demandes des sinistrés. Seulement pour la compagnie Intact, 25 demandes de réclamations lui ont été adressées.
Le spécialiste du nettoyage après sinistre doit se rendre sur les lieux des résidences et des commerces qui ont subi des dommages causés par la tempête afin de faire l’évaluation du sinistre. Après quoi, les assureurs déterminent si la demande de réclamation est recevable. «Je dois faire un rapport, explique l’entrepreneur. Je dois prendre des photos, produire des relevés, faire une description des travaux à faire. Mais, ça fait partie du métier!»
Selon François Danis, les sinistres sont davantage attribuables à des toitures et à des revêtements endommagés qu’à des dégâts intérieurs. Pour l’instant, l’entreprise franchisée GUS n’a pas encore reçu de demandes de la part des commerces du secteur de La Grave, à Havre-Aubert, qui ont subi d’importantes inondations.
L’attente est longue
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/QSLQHANZC5EV5BNJB7MMJF4XDM.jpg)
La liste d’attente de Constructions des Îles est longue. Un client peut patienter pendant deux ans avant que les travaux commencent. «On est rendu en 2024 pour les commandes pour refaire une toiture», mentionne Mme Clark. Le délai de livraison des matériaux est aussi très long.
C’est la même situation pour les revêtements, qui peuvent prendre six mois à être livrés, plutôt que trois semaines auparavant. En revanche, les délais de livraison de bois et de gypse ne sont pas plus longs qu’avant, à son avis.
Explosion des prix
Aux délais et à l’attente interminable s’ajoute le prix des matériaux de construction qui a, lui aussi, augmenté de façon exponentielle. «À l’été 2021, ça a monté de 100 à 110 % de plus, se souvient Sarah Clark. La planche de deux par quatre qui était 5$ avant la pandémie a grimpé à 12$ pendant la pandémie. Là, elle est à peu près 8$. Ça a commencé à baisser, mais on ne retrouvera pas le prix d’avant.»
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/EOS3ILWYNVD2JADTXQNFW2OQGY.jpg)
Selon elle, les prix ont augmenté de 20 à 25 %. Pour la femme d’affaires, ce n’est pas le bois qui est le matériau le plus cher. C’est plutôt tout ce qui contient du goudron et du pétrole, notamment les matériaux fabriqués à partir de plastique.
Malgré l’augmentation faramineuse des coûts de construction d’une résidence ou d’un édifice, la jeune femme s’étonne de constater que cela ne freine aucunement l’engouement. Si son entreprise exécute beaucoup de contrats institutionnels, la construction résidentielle connaît une croissance qu’elle évalue à environ 70 %. «Ce ne sont pas de petits bungalows, ajoute-t-elle. Ce sont de grosses maisons.» Il n’est pas rare, pour Les Constructions des Îles, de bâtir des maisons qui coûtent autour de 700 000 $. «La maison la plus chère qu’on a construite a coûté un million $», précise Sarah Clark.
À l’instar des autres entreprises, l’entreprise Les Constructions des Îles, qui compte de 60 à 70 employés, ne fait pas exception au phénomène de pénurie de main-d’oeuvre. Selon Sarah Clark, la rareté d’employés ne se fait pas sentir sur les chantiers, mais davantage dans les secteurs spécialisés comme la fabrication d’armoires, de portes et d’escaliers. «Ce sont beaucoup des gars qui ont 60 ans et plus. C’est là que ça prend de la relève.»