Chronique|

Patrouille de père en fils

Alexandre et Ghislain Cossette ont patrouillé ensemble récemment, à Shawinigan.

CHRONIQUE / «Si tu viens patrouiller avec moi, papa, c’est moi qui conduis!»


La voiture de patrouille est prête, le policier de la Sûreté du Québec du poste de Shawinigan Alexandre Cossette l’est tout autant. Dans le poste shawiniganais, son père, le capitaine responsable aux enquêtes Ghislain Cossette, enfile son uniforme de patrouilleur. Un uniforme qu’il n’avait pas porté depuis 23 ans, moment où il a délaissé la patrouille pour être affecté aux enquêtes. Ce soir-là, Ghislain et Alexandre Cossette vont réaliser le rêve que tout duo de policiers père-fils souhaite réaliser un jour: patrouiller ensemble. Mais si ce rêve doit se réaliser, il y a une seule condition: c’est Alexandre qui conduit!

Ce rêve, Ghislain l’avait lui-même réalisé en 1996, alors que jeune policier de la Sûreté du Québec, il a pu patrouiller avec son propre père, Denis Cossette, policier au poste de Louiseville durant une grande partie de sa carrière. Une patrouille qui avait d’ailleurs aussi fait l’objet d’un article dans Le Nouvelliste. La roue tourne, il paraît...



En 1996, Ghislain Cossette et son père Denis réalisaient le même rêve, soit de patrouiller ensemble à Louiseville.

Chez les Cossette, devenir policier est visiblement une grande histoire de famille. De Denis à Alexandre en passant par Ghislain, le clan accueillera aussi un autre membre patrouilleur ce vendredi, alors que le plus jeune fils de Ghislain et le frère d’Alexandre, William, graduera aussi de l’École nationale de police du Québec. Au bout du rang, lorsqu’il viendra chercher son diplôme, son père et son grand-père l’attendront avec fierté pour le lui remettre.

«Je n’ai pas insisté pour qu’ils deviennent policiers tous les deux. Ça a été leur décision, leur choix. Dans mon cas, je leur ai toujours dépeint le métier avec réalisme. Ce n’est pas un métier facile, mais il y a énormément de bons côtés aussi. Mes fils m’ont toujours vu être heureux de faire ce métier et certainement que ça a dû jouer un peu dans leur décision», croit Ghislain.

Un métier qui a évolué, qui s’est transformé depuis le temps où Denis patrouillait à Louiseville, et où Ghislain a pris la relève quelques années plus tard à Trois-Rivières et à Cap-de-la-Madeleine. Aujourd’hui, les policiers doivent jongler avec de plus en plus de cas de santé mentale, tout en étant constamment sous le regard du public qui les scrute avec caméras et téléphones intelligents. Chaque geste est vérifié, chaque intervention est susceptible de se retrouver sur la place publique, avec ce que chacun voudra bien en comprendre et en penser.

«Ce n’est pas une réalité avec laquelle nous avons eu à travailler dans notre temps. Quand j’ai su qu’ils voulaient devenir policiers, c’était une grande préoccupation pour moi. Mais eux, ça fait partie de leur réalité maintenant. Ils ont grandi avec les technologies et dans le cadre de leur formation, ils sont très bien préparés à ça. On les forme pour intervenir auprès des gens ayant des troubles de santé mentale, les cas d’intoxication. Ils apprennent à dialoguer, à désamorcer les crises. Ils travaillent de manière sécuritaire», constate Ghislain Cossette.



C’est d’ailleurs ce qu’il a pu observer lors de cette soirée qu’il passait en patrouille avec Alexandre, un moment qui a rempli de fierté le paternel. Un moment qui lui a aussi fait réaliser que... ça faisait longtemps!

«Après 23 ans, j’étais un peu rouillé. Disons que les trois ou quatre premiers appels, ça a été quelque chose. Mais c’est vite revenu», confie le paternel en riant.

Il faut dire que lorsqu’il a quitté la patrouille pour aller aux enquêtes, Alexandre n’était même pas au monde. Pour le fils, de pouvoir partager cet instant avec son père fut quelque chose de très gratifiant. «C’est un vrai privilège, c’était spécial de vivre ça et ce n’est pas donné à tout le monde. J’étais heureux aussi qu’il puisse me voir travailler, me voir dans mon environnement», mentionne Alexandre, qui se souvient encore que lorsqu’il était plus jeune, son père parlait avec passion de son travail. «On a été dans le milieu toute notre vie. Les amis de mes parents étaient aussi des policiers, mes amis d’enfance avaient des policiers comme parents. Ça a toujours fait partie de moi», ajoute-t-il.

Impressionné de voir son fils évoluer, Ghislain Cossette ne cachait pas aussi qu’il était rassuré. «C’est une certaine paix d’esprit pour moi. J’ai vu à quel point il travaillait de façon sécuritaire. Je sais à quel point la patrouille, ça peut être exigeant des fois, mais de vivre ça avec lui m’a rassuré pour l’avenir. Il est bon! Il est à sa place», signale Ghislain... qui rêve maintenant du jour où il pourra répéter l’expérience avec son autre fils William.

En attendant, c’est à Nicolet que Ghislain s'est rendu vendredi pour saluer son William, qui fera lui aussi son entrée dans cette grande histoire familiale.