Sondage: la locomotive Legault à toute vapeur

François Legault et la CAQ continuent de dominer dans les intentions de vote partout au Québec, sauf sur l’île de Montréal. À la veille du dernier débat des chefs télévisé, notre sondage démontre que la lutte s’annonce féroce surtout pour la deuxième place et le titre d’opposition officielle.


C’est ce que révèle un coup de sonde de la firme Segma réalisé pour Cogeco et Les Coops de l’information. Si le scrutin avait eu lieu dans les derniers jours, 39,8 % des Québécois auraient voté pour la Coalition avenir Québec (CAQ) et renouvelé le contrat de François Legault au poste de premier ministre du Québec.

Deuxième mandat même plus fort que la proportion de 37,4 % des voix obtenues par M. Legault et la CAQ il y a quatre ans, aux élections de 2018, lors de leur accession au pouvoir. Le scrutin se tient toutefois dans 12 jours.

Entre-temps, les cinq chefs se retrouveront jeudi soir pour le deuxième et dernier débat des chefs télévisé, sur le plateau de Radio-Canada. Où l’immigration risque de compter parmi les sujets les plus chauds, comme le dévoile aussi le sondage.

Les affrontements entre les chefs des quatre autres principaux partis devraient s’échauffer. Car à la lumière du sondage, Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire (QS), à 16,4 % une fois les indécis répartis, Dominique Anglade du Parti libéral (PLQ), à 14,5 %, Éric Duhaime du Parti conservateur (PCQ), à 14,4 %, et Paul St-Pierre Plamondon du Parti Québécois (PQ), à 13,8 %, se livrent bataille dans une cabine téléphonique.

Leur performance au débat s’avérera cruciale, selon le consultant chez Segma, Marc Bouchard.

«Il n’y a pas de renversement des intentions de vote», établit M. Bouchard, soulignant que les résultats suivent la tendance observée depuis plusieurs semaines. «Il n’y a pas de vague orange, ni de vague bleu, ni de vague rouge, ni de vague bleu foncé, ni bleu pâle», résume-t-il. Le fleuve tranquille de la CAQ continue de voguer vers la victoire du 3 octobre.

Depuis le premier débat, M. Legault «n’a pas monté, mais il a probablement limité les dégâts et n’a pas fait trop de dommage à ses appuis, poursuit M. Bouchard. Les libéraux sont quand même bas comme on ne les a jamais vus. Le PQ aussi, quand on regarde ça d’un point de vue historique, mais un petit peu plus élevé par rapport à ce qu’on a vu dans les dernières semaines ou les derniers mois».

Duhaime plafonne

Quant aux conservateurs de M. Duhaime, le sondeur voit des signes de plafonnement. «À travers les différents sondages qu’on a faits à travers les régions du Québec dans les dernières semaines, je ne sens pas de potentiel de croissance tant que ça. Dans le premier débat, Éric Duhaime a beaucoup misé sur le fait qu’il est le seul vraiment différent des autres. Mais ce n’est pas quelque chose qu’on voit qui est partagé par la majorité de la population», analyse-t-il.

Si le PCQ demeure bon deuxième dans la région de Québec avec toujours 25 % d’appui, la CAQ y ramasserait un vote sur deux (48,7 %), tout comme dans la couronne de Montréal (49,2 %) et à peine moins dans le reste du Québec (42,3 %). Pour Québec, la CAQ a gagné six points de pourcentage en deux semaines, par rapport au sondage Segma-Le Soleil du 6 septembre.

Mais seulement 20,7 % des électeurs de l’île de Montréal plébisciteraient le gouvernement en place, quand même plus que les 17 % dévolus à la CAQ aux élections de 2018. Sur l’île, les caquistes sont à égalité avec les solidaires (20,8 %) et plusieurs longueurs derrière les libéraux (31 %).

La métropole continuerait de permettre aux libéraux de sauver la face et de peut-être conserver leur titre d’opposition officielle à l’Assemblée nationale du Québec. Même si la troupe de Mme Anglade finit cinquième sur cinq partout sauf sur l’île. Et malgré des appuis faméliques de 7,1 % chez les francophones, contre 57,4 % auprès des anglophones et des allophones du Québec.

Le PLQ arrive troisième dans le sondage comme meilleure opposition (17 %), derrière QS (27%) et le PQ (20 %). «On constate que l’électorat libéral historique chez les personnes âgées est transféré chez la CAQ», explique le sondeur Bouchard. Ce qui explique la force de M. Legault chez les électeurs âgés de 55 ans et plus.

«L’effondrement libéral chez les francophones peut avoir des effets assez intéressants à bien des endroits», ajoute M. Bouchard, curieux de connaître le résultat du vote dans plusieurs circonscriptions de l’est de l’île de Montréal.

Maintenir les seuils

Enjeu chaud de la présente campagne électorale, les seuils d’immigration annuels au Québec ont aussi été abordés dans le sondage. Grosso modo, les gens suivent la ligne du parti pour lequel ils votent.

La moitié des Québécois (49 %) désire maintenir les seuils d’immigration actuels, qui tournent autour de 50 000 nouveaux immigrants par année. C’est l’option retenue par la CAQ et le PCQ. Le quart (26 %) souhaite augmenter les seuils, comme QS (entre 60 000 et 80 000) et le PLQ (70 000 la première année). L’idée de diminuer les seuils obtient 17 % des appuis, soit davantage que le seul parti qui la porte, le PQ (35 000).

On remarque que la région de Québec est la plus fertile au statu quo dans ce domaine (54 %). Le besoin de modifier la formule se fait davantage sentir sur l’île de Montréal, où la majorité des immigrants s’installent, alors que les personnes favorables autant à l’augmentation (34 %) qu’à la diminution (19 %) des seuils y sont les plus nombreuses.

Méthodologie

Ce sondage a été effectué auprès de 1080 électeurs québécois par le biais d’entrevues téléphoniques, du vendredi 16 au mardi 20 septembre. La marge d’erreur maximale est de 3 %.