Selon un article du Journal de Québec paru lundi matin, jusqu’à 32 000 enseignants pourraient quitter leur profession d’ici 2030, soit un pourcentage d’environ 40 %. Pour arriver à ce chiffre, les chercheurs affirment cependant avoir dû analyser les données du ministère de l’Éducation qui remontent à... 2015.
«C’est un chiffre difficile à définir, convient Richard Bergevin, président du SEE. Mais ça correspond assez bien à nos observations. Nous ne sommes pas surpris d’apprendre qu’une grande proportion d’enseignantes et d’enseignants arrivent proche de la retraite», dit-il.
En contrepartie, M. Bergevin se dit déçu de constater le peu d’outils utilisés par les centres de services scolaires et le ministère de l’Éducation pour suivre l’évolution de cette pénurie de main-d’œuvre en éducation qui touche l’ensemble du Québec.
«Vu la situation démographique, c’était assez facile à prévoir. C’était su et connu dans notre société qu’il y aurait une pénurie de main-d’œuvre. Pourquoi ne pas s’y être préparé afin que l’on puisse continuer à assurer un service de qualité en éducation?»
Au Centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSSRS), si on ne parvient pas à prédire le nombre d’enseignants qui auront atteint l’âge (61 ans) ou le nombre d’années d’activité requises (35 ans) pour la retraite d’ici 10 ans, on peut au moins assurer que ce nombre n’atteindra pas 40 % d’ici cinq ans.
«Selon nos dossiers, nous prévoyons 180 enseignants admissibles à la retraite (et non des départs annoncés) d’ici cinq ans sur un nombre total d’environ 2 000, soit environ 10 % sur cinq ans», indique l’organisation.
Une fatigue observée
Bon nombre d’enseignants ont néanmoins quitté la profession ces deux dernières années en contexte de pandémie. «Nous observons une recrudescence de demandes de la part de nos membres pour faire les calculs entourant leurs rentes de retraite s’ils venaient à quitter prématurément. Ils veulent connaître leurs options», fait aussi remarquer M. Bergevin.
Or, ces derniers sont pénalisés à la hauteur de 6 % de leur rente par année. Ainsi, si un enseignant quitte à l’âge de 58 ans, soit trois années plus tôt, il perdra 18 % du montant initial. «C’est assez rare que l’on voit ça, raconte M. Bergevin. Les situations les plus fréquentes concernent des personnes qui préfèrent quitter à la fin d’année, en juin, même s’il reste six ou huit mois à faire. Ils sont fatigués. Ils ont hâte de partir.»
Des solutions ont néanmoins déjà été identifiées par le Syndicat, qui se prépare à de nouvelles négociations avec l’employeur à l’hiver 2023, afin de garder les enseignants dans le réseau scolaire.
«Il faut répondre aux attentes des plus expérimentés en acceptant par exemple de diminuer leur tâche à 50 % s’ils le désirent sans qu’ils ne soient pénalisés... Il faut aussi améliorer la tâche des enseignants en milieu de carrière en éliminant tout ce qui n’a pas besoin d’être fait par un professionnel de l’enseignement. Ainsi, ils pourront donner un coup de main aux plus jeunes qui auront à leur tour envie de rester dans le réseau.»
En somme, «l’éducation doit être une priorité».