M. Nadeau-Dubois a été le premier à se réjouir de voir les membres de QS se doter d’une plateforme électorale plus courte et plus ciblée. «Plus pragmatique», a justement souligné le co-porte-parole et chef de Québec solidaire, lundi, lors d’une entrevue tenue dans la salle de rédaction du Soleil.
Depuis quelques jours, le mot pragmatisme et ses variations lui reviennent à la bouche.
«La définition du pragmatisme, c’est prendre les moyens appropriés pour répondre à un problème», fait valoir M. Nadeau-Dubois, référant à son plus récent livre. Lettre d’un député inquiet à un premier ministre qui devrait l’être a été publié en 2019, sous le règne de M. Legault.
«Construire un troisième lien dans un contexte d’urgence climatique, c’est précisément le contraire du pragmatisme. C’est de poser des gestes qui empirent le problème. Et à terme, la science dit que ça contribue à empirer les problèmes de trafic parce que ça génère de la demande. On ne peut pas dire que ça va régler le problème de trafic.»
Sur la cible de diminution de production des gaz à effet de serre (GES) au Québec de 55 % pour 2030, visée par QS, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) martèle qu’elle s’avère irréaliste et farfelue. Sept ans, ce n’est juste pas assez selon la CAQ, qui cible plutôt 37,5 %.
«Quand j’entends François Legault dire ça, ce que j’entends, c’est un discours de démission. François Legault, c’est devenu M. Impossible! C’est impossible de faire du transport en commun partout au Québec. C’est impossible de construire des logements sociaux pour tout le monde. C’est impossible d’avoir des places en CPE pour tout le monde», énumère M. Nadeau-Dubois, sur les dossiers chauds où il souhaite se distinguer de son rival caquiste.
«Les Québécois n’ont jamais eu autant besoin d’un leader qui donne du courage. François Legault passe son temps à décourager les Québécois», a lancé le chef solidaire.
Parade pour les séries
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Pour M. Nadeau-Dubois, être «les meilleurs en Amérique du Nord» au point de vue des émissions de GES, comme s’en vante souvent M. Legault, est loin de suffire. «L’Amérique du Nord est l’endroit au monde où il s’émet à peu près le plus de GES. Quand on se compare aux meilleurs dans le monde, on est un des endroits, dans les pays développés, où on émet le plus de gaz à effet de serre par habitant.
«M. Legault est un fan de hockey. C’est un peu comme s’il faisait une parade sur [la rue] Sainte-Catherine parce qu’il a réussi à faire les séries. Moi, je veux qu’on soit parmi les meilleurs au monde, pas qu’on soit les moins pires parmi les pires», illustre celui qui aime bien jaser de sport aussi.
Le slogan électoral de la CAQ, «Continuons», «c’est le contraire du pragmatisme», poursuit le meneur solidaire. «La dette climatique sera une facture impayable pour les futures générations. Ce que François Legault appelle aujourd’hui du pragmatisme, c’est pour les générations à venir des problèmes sans précédent. Ce n’est pas pragmatique de ne pas régler le plus gros problème de notre époque, c’est le contraire du pragmatisme.»
Poids de la dette similaire
L’autre ligne que le premier ministre sortant Legault répète à propos des solidaires et de leur chef, c’est qu’ils pensent que «l’argent pousse dans les arbres».
Selon M. Nadeau-Dubois, le cadre financier électoral de QS prouve le contraire. Le poids de la dette sur le produit intérieur brut (PIB) au terme du mandat serait presque le même avec un gouvernement caquiste, 43 %, qu’avec un gouvernement solidaire, 44 %, insiste-t-il.
«On va investir pour les changements climatiques. François Legault va investir dans des baisses d’impôts pendant 10 ans. Mais sur le poids de la dette sur notre économie, on est pratiquement au même point. Et tout ça est en dessous de la cible de 45 % fixée par Jean Charest, à l’époque. Le plan d’investissement de Québec solidaire respecte, je ne pensais jamais dire ça dans ma vie, les objectifs fixés par Jean Charest!» déclare-t-il en riant.
Avec QS, l’argent viendra des poches des plus riches, entreprises et individus.
Nouvelle méthode référendaire
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En plus d’être un parti de gauche, le chef utilise le mot «progressiste», Québec solidaire se présente comme un parti souverainiste. Mais sa façon de faire un pays diffère du Parti québécois.
Une assemblée de 125 nouveaux élus représentant la société rédigerait une constitution. Les citoyens se prononceraient ensuite sur cette constitution par référendum.
«La méthode référendaire classique n’a pas fonctionné à deux reprises. On peut tenter de le refaire, et le refaire, et le refaire, c’est ce que semble proposer le Parti québécois. Nous, on fait un pari différent. Celui de réinventer ce projet et d’en faire un projet plus inclusif, plus ouvert, plus participatif que jamais», résume-t-il, ajoutant que les jeunes qu’il rencontre lui demandent de savoir de quoi sera fait ce pays indépendant avant de se prononcer.
L’œil sur Jean-Talon
Dans la région de Québec, les solidaires ont l’œil sur la circonscription de Jean-Talon, qui couvre Sillery et une partie de Sainte-Foy. Ils espèrent agrandir leur caucus régional avec un troisième élu, en conservant Taschereau, au centre-ville, et Jean-Lesage, dans Limoilou et Beauport.
Même si QS a fini troisième lors des deux derniers scrutins dans Jean-Talon, soit l’élection partielle de 2019 et la générale de 2018. Un candidat solidaire n’a jamais atteint la barre de 20 % des votes. Même Olivier Bolduc en 2019, qui est de retour sous la bannière orange. L’agrégateur de sondages Qc125.com donne en ce moment 18 % des intentions de vote à QS dans Jean-Talon, coude à coude avec le PLQ (19 %) et loin derrière la députée sortante de la CAQ (37 %).
Sur leur système rapide par bus (SRB) promis pour les deux rives par le Pont de Québec, les solidaires s’appuient sur des études vieilles de quelques années.
«Aux dernières nouvelles, Québec solidaire n’est pas encore au gouvernement et ces projets-là ne sont pas encore au PQI [Plan québécois des infrastructures]. Pendant ce temps-là, on a un premier ministre sortant qui a été à la tête de l’État québécois pendant quatre ans et qui a inscrit un projet [de tunnel] au PQI et a même démarré son projet, avant d’avoir des études. C’est un manque de rigueur et de sérieux de catégorie olympique!» s’exclame M. Nadeau-Dubois, fier de sa formule.