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On vient d’apprendre que les policiers provinciaux vont enclencher une série de moyens de pression pour faire connaître leur mécontentement.

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«Ce n’est pas normal qu’avec toutes ces responsabilités, les membres de la Sûreté du Québec soient parmi les policiers les moins bien payés au Québec», a déclaré jeudi le président de l’Association des policières et policiers du Québec (APPQ), Dominic Ricard.

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Parallèlement, les policiers municipaux assistent petit à petit à la fermeture de plusieurs postes de police. Il y a 20 ans à peine, plus de 150 municipalités à travers le Québec avaient leur propre service de police. En 2022, on n’en dénombre plus qu’une trentaine.

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Tout dernièrement, Thetford Mines a fait savoir à ses policiers – et à ses citoyens – qu’elle allait fermer son poste de police à la fin de cette année. Raison invoquée par le maire Marc-André Brousseau: il en coûte trop cher, autour de 6 millions par année, pour maintenir un tel service dans cette ville de 26 000 habitants.

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Il a dit qu’il aurait souhaité agir autrement, mais que la décision s’imposait. À compter de 2023, c’est la Sûreté du Québec qui prendra le relais. Ce choix fera économiser des millions à la municipalité.

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Et pourquoi donc?

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Saviez-vous que l’État assume près de 50 % de la facture lorsqu’une ville se tourne vers la SQ pour desservir son territoire?

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Saviez-vous, par contre, que les villes qui font le choix de maintenir un corps de police municipale doivent assumer l’entièreté de la facture?

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«On souhaiterait que les corps municipaux soient financés de façon équitable», m’a expliqué, plus tôt cette semaine, le président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Gaspé, Daniel Côté.

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Il ajoute: «Ça se parle beaucoup, cette question-là. Or, jusqu’à maintenant, nous ne sommes pas parvenus à marquer des points là-dessus [lire: à convaincre le gouvernement caquiste et sa ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault] sur l’importance de traiter ce dossier de façon équitable.»

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Il n’en demeure pas moins que ce dossier touchant le financement – ou le non-financement de la police municipale – crée un certain malaise parmi les élus de l’UMQ.

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Il y a les maires qui ne veulent rien changer au modèle actuel, et il y a les autres. C’est le cas du maire de Thetford Mines qui a déclaré, dans une entrevue à Radio-Canada, début septembre: «On aurait préféré obtenir des subventions pour notre corps de police, ça aurait été gagnant-gagnant. On se serait probablement entendu pour pas mal moins cher que le gouvernement va avoir à payer pour la Sûreté du Québec sur notre territoire.»

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Totale incompréhension

Ce transfert de la police municipale vers la «police provinciale», pour des raisons strictement financières, préoccupe vivement la Fédération des policiers municipaux du Québec (FPMQ).

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«Il faudrait que l’Union des municipalités en fasse son dossier prioritaire», insiste son président François Lemay.

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Il constate toutefois que le «lobby» des maires qui se font financer à hauteur de 50 % la protection policière de leur ville par le gouvernement du Québec empêche de faire avancer la discussion.

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«Tous ceux qui ont la subvention ont peur de la perdre et ils ne poussent pas trop sur ce dossier-là», avance-t-il.

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Il ne veut pas lancer la première pierre aux maires pour autant. Il dit comprendre les enjeux auxquels plusieurs d’entre eux sont confrontés. En ces temps d’inflation, bien des villes tentent de faire des économies d’échelle pour équilibrer leur budget.

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Il n’en pense pas moins que ce modèle est «inéquitable». Et il donne en exemple les villes de Shawinigan et de Trois-Rivières.

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«À Shawinigan, c’est la SQ qui dessert le territoire, souligne-t-il. Cette ville reçoit donc une subvention de 50 % pour payer sa facture. Pas loin de là, à Trois-Rivières, c’est plutôt la police municipale. En vertu de la réglementation, cette ville n’a droit à aucune subvention.»

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Il ajoute du même souffle: «Ça n’a aucun bon sens! Il n’y a aucune logique qui puisse justifier une telle disparité.»

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La même comparaison s’applique à Châteauguay, qui a son service de police municipal, et qui assume tous les coûts, tandis que Valleyfield, non loin de là, bénéficie d’une police subventionnée parce qu’elle a choisi d’être protégée par la SQ.

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À deux vitesses

Le président de la Fédération parle d’un système à deux vitesses qui, selon lui, est appelé à prendre de l’ampleur au cours des prochaines années. Il craint même que cela amènera la fermeture de plusieurs autres postes de police municipaux au cours des prochaines années.

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Rappelons que ce mouvement en faveur d’une police subventionnée s’est amorcé en 2002 dans le cadre de la réforme de la Loi sur la police. On en est là, vingt ans plus tard.

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Tous conviennent que cela a permis aux villes qui ont «transféré vers la SQ» de réaliser de substantielles économies, année après année. Pour certaines villes de taille moyenne, cela s’est traduit par un «bonus» de 7 à 10 millions par année.

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Mais il y a l’envers de la médaille. La Fédération des policiers estime que le modèle SQ, versus celui de la police municipale, coûte beaucoup plus au gouvernement. La facture n’est pas refilée aux municipalités. C’est vous et moi qui en payons le prix quand vient le temps de faire notre rapport d’impôt.

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La question mérite d’être posée à mi-chemin de cette campagne électorale: est-ce le début de la fin pour les corps de police municipaux en région?

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Est-ce la fin d’une police de proximité dans les villes de taille moyenne?

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Au contraire, le temps est-il venu de réinventer le modèle de financement de la police tandis qu’il est encore temps?

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Actuellement, si vous habitez dans une ville qui a son propre corps de police, c’est avec vos taxes foncières que vous payez la facture. Et vous financez les villes desservies par la SQ à même vos impôts. Vous êtes donc doublement taxés.

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On a appris que le budget annuel pour la «couverture policière», au Québec, tourne autour des 3 milliards, dont 1,1 milliard pour la SQ (source : Fédération des policiers municipaux du Québec).

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C’est beaucoup d’argent. D’où l’importance de bien répartir les sommes allouées. Mais quand on a besoin d’appeler la police parce qu’il y a un rôdeur dans les parages, qu’un voisin se fait menaçant ou que des kamikazes roulent la pédale au plancher sur la rue Principale, on est bien contents de les voir arriver rapidement.

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