Recours collectif contre le Diocèse de Québec: pas d'excuses publiques, pour l'instant

Le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix

L’archevêque de Québec ne ferme pas la porte à des excuses publiques, adressées à toutes les victimes d’actes sexuels. Toutefois, il attend la fin du processus judiciaire entourant le recours collectif contre le Diocèse de Québec pour se prononcer.


«Ça ne devrait jamais arriver, mais les humains ne sont pas infaillibles. Il arrivera peut-être un jour où il faudra le faire [les excuses publiques], d’autres l’ont fait avant moi. Le pape l’a fait. Dans le cadre d’une action collective, il n’est pas rare qu’à la fin, quand on s’est entendu, qu’il y ait des excuses formelles. Ça pourrait arriver, mais on n’est pas rendu là», lâche le Cardinal Gérard Cyprien Lacroix en entrevue avec le Soleil, mercredi.

L’archevêque de Québec accordait ses premières entrevues depuis la visite papale. Il souhaitait faire le bilan des activités du Saint-Père au Canada, puis souligner le début de l’année pastorale puisque les activités normales reprennent après un été mouvementé.

Toutefois, l’archevêque de Québec n’a pu éviter les questions concernant le recours collectif contre le Diocèse de Québec, dont les victimes ne cessent de se manifester. Deux semaines après le passage du pape à Québec, des allégations contre le Cardinal Marc Ouellet ont frappé de plein fouet l’organisation.  

«C’est sûr que ça a fait le tour du monde, cette nouvelle-là. Que ce soit lui ou un autre, apprendre que des confrères, des consœurs, des personnes de notre communauté de notre église sont accusés d’avoir fait du tort, ça fait toujours très mal, très très mal», lâche le Cardinal Lacroix, archevêque de Québec.

Le Cardinal Ouellet, 78 ans, est membre de la curie romaine au Vatican et occupe les fonctions de préfet de la Congrégation pour les évêques. Il avait notamment accompagné la pape François lors de sa visite au Canada, tout comme le Cardinal Lacroix. Les deux hommes de Québec sont de proches collègues.

«Ça jette toujours du discrédit sur l’organisation, ça brise des liens de confiance. Le mal fait toujours du tort. Oui, c’est difficile à vivre pour notre communauté. On essaie de soutenir notre monde», ajoute l’archevêque de Québec.

Cependant, il ne croit pas que ces allégations doivent entacher la visite du pape, qui a permis de «faire de grands pas» vers la réconciliation avec les peuples autochtones.

«Je pense que ça a démystifié beaucoup de choses, ça a fait comprendre pourquoi on est dans un processus de réconciliation et de guérison. Il y a eu des actions dans le passé qui n’étaient pas très heureuses et il fallait le reconnaître. Faire face a cette vérité-là et bâtir quelque chose de différent», exprime le Cardinal Lacroix. 

«Le pape a montré que l’engagement de l’église est réel. La venue du pape n’est ni le point de départ ni le point de d’arrivée, c’est un point sur la route.»

Le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix

Silence

Malgré plusieurs demandes, le Diocèse n’a jamais formulé d’excuses publiques auprès des victimes alléguées, malgré les recours collectif qui visent plusieurs membres du personnel. Le Cardinal Lacroix insiste pour dire que des excuses, il en formule. Cependant, elles ne se font pas sur la place publique.

«Le fait qu’on ne parle pas beaucoup dans les médias n’est pas synonyme de manque d’intérêt. Il y a un recours collectif, un processus judiciaire que l’on doit respecter. On ne veut pas alourdir la chose. Dans le processus judiciaire, on va le voir l’autre côté de la médaille. Il faut entendre toutes les parties si on veut qu’il y ait justice», exprime-t-il.

«Des excuses, j’en ai offert très souvent. On fait face à la musique. On tend la main depuis des années. J’ai accueilli des victimes. Je continue de le faire, d’autres ne souhaitent pas me rencontrer, d’autres vont vers un processus judiciaire. Nous les encourageons. Rien de tout ça ne va sur la place publique. Plusieurs ne veulent pas que ce soit médiatisé», ajoute-t-il. 

Le Cardinal Lacroix assure que le Diocèse «ne fait rien pour retarder le processus judiciaire». Il serait lui-même «heureux» que les procédures avancent plus rapidement. «Ça ne dépend pas que de nous, on n’est pas seuls là-dedans», soutient-il.

L'archevêque rappelle surtout que la formation continue au Diocèse, auprès du personnel. Les comportements sont observés, puis critiqués au besoin. La vérification des antécédents judiciaires de tous les employés a été réalisée. Le Diocèse continue d'offrir de l'accompagnement et de la thérapie pour les victimes qui le demandent, insiste le cardinal.