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LHJMQ: l’arbitrage, toujours l’arbitrage

Mercredi, la LHJMQ a imposé une amende de 5000 $ et un match de suspension à Patrick Roy en lien avec sa plus récente expulsion et les propos qu’il a émis dans les médias par la suite.

CHRONIQUE / La saison de la Ligue de hockey junior majeur du Québec n’est même pas encore commencée que le ton a déjà monté entre l’entraîneur-chef des Remparts Patrick Roy et les officiels du circuit. Mercredi, la LHJMQ a d’ailleurs imposé une amende de 5000 $ et un match de suspension à Roy en lien avec sa plus récente expulsion et les propos qu’il a émis dans les médias par la suite.


Commençons avec l’arbitrage au hockey, dans un sens général. Imparfait s’il en est, le travail des officiels est critiqué depuis toujours. En particulier au point de vue junior, où l’on prend pour acquis que les arbitres sont eux aussi «en développement».

Il y a plus de trente ans, en 1990, Gilbert Perreault, alors entraîneur-chef et directeur général des Tigres de Victoriaville, menaçait de quitter la LHJMQ tellement il en avait ras le pompon du travail des arbitres.

Ancienne légende du hockey lui aussi, Perreault persistait et signait à propos des officiels. «Je sais qu’ils vont avoir ma peau, mais je ne me la fermerai pas pour autant, disait-il alors. Si les arbitres m’en veulent, qu’ils m’expulsent, mais qu’ils ne punissent pas la franchise ou le club de hockey. […] En ce qui me concerne, c’est que ça se tienne au bout de la ligne. Mais, actuellement, plus que ça va, plus la situation empire.»

L’ex-membre de la French Connection y allait même d’une proposition originale pour rehausser la qualité de l’arbitrage dans le circuit de Courteau, soit de payer un meilleur salaire aux arbitres et de couper leur paie de moitié s’ils arbitraient un mauvais match!

Savoureux! 

«Perreault aimerait également avoir accès au fameux livre des superviseurs des arbitres pour pouvoir émettre un jugement sur la qualité de leur travail», rapportait Pierre Mailhot de La Tribune.

Ce cas, c’est un exemple parmi tant d’autres pour montrer que les critiques de l’arbitrage ne datent pas d’aujourd’hui. Les plus vieux se souviennent sans doute du scandale — ça c’en était un vrai! — impliquant Jean-Claude Morrisette et Luc Lachapelle, en 1994, alors que le directeur général du Titan de Laval avait fracassé la vitre de la voiture de l’arbitre bien connu en guise de représailles pour son travail comme zébré. 

La réalité de 2022 est bien différente de celle qui prévalait dans les années 90. La Ligue s’est beaucoup professionnalisée et a, au fil des ans, imposé une ligne de conduite très serrée ayant pour effet de décourager les entraîneurs à dénoncer des mauvaises décisions.

À 5000 $ par élan de colère dans les médias, la plupart des entraîneurs-chefs et des directeurs généraux de la LHJMQ n'ont plus le choix de modérer leurs ardeurs. Leurs critiques et leurs doléances à propos de l’arbitrage, elles existent toujours, mais on ne les entend plus qu’à bâtons rompus.

Ce qui ne signifie pas que l’arbitrage ne divise plus pour autant. Il suffit de questionner les entraîneurs pour déclencher un flot de critiques... 

Pas une semaine ne passe sans que des amateurs de hockey d'un peu partout au Québec ne mentionnent qu’ils ont arrêté de suivre le hockey junior en raison de la mauvaise qualité de ses officiels, ce qui est, à mon avis, un peu dur.

Je continue de penser que l’arbitrage dans les amphithéâtres de la Ligue de hockey junior majeur du Québec est d’assez bonne qualité, ce qui n’empêche pas de reconnaître ses lacunes majeures.

Aussi la faute de la LHJMQ

L’une d’entre elles, c’est l’entêtement incompréhensible des dirigeants de la Ligue à vouloir toujours avoir le dernier mot sur les entraîneurs et les directeurs généraux, tantôt en les défiant, tantôt en jetant de l’huile sur le feu inutilement.

Les retrouvailles entre les Cataractes de Shawinigan et les Remparts de Québec le week-end dernier en sont un exemple frappant. Les deux officiels choisis, Olivier Gouin et Nicolas Dutil, pour ce premier match préparatoire entre les rivaux de demi-finale de juin dernier, ont été au cœur de la controverse de l’arbitrage de cette même série.

Le message qu’a donc décidé de lancer la LHJMQ, samedi soir dernier, c’était que Patrick Roy n’allait pas avoir le dernier mot sur l’arbitrage, avec le résultat qu’on connaît. C’était pourtant facile de désigner un autre duo, question de calmer le jeu à l’aube d’une nouvelle saison. Ce fut l'inverse et tout le monde y a perdu au change.

On a vécu une situation presque similaire au tournoi de la Coupe Memorial 2015, lors du dernier match de l’histoire des Remparts au vieux Colisée, rencontre qui s’est terminée avec une pluie d’objets sur la patinoire en raison de l’exaspération des partisans. Un triste spectacle et des scènes de grabuge diffusées d’un océan à l’autre qui n’étaient pas dignes du chemin parcouru par la LHJMQ dans les dernières années.

Si les entraîneurs doivent effectivement s’élever au-dessus de la mêlée, il semble que la LHJMQ, elle, n’apprenne pas beaucoup de ses erreurs…