L’enjeu est particulièrement préoccupant dans la circonscription d’Orford où les lacs Massawippi et Memphrémagog, en plus d’être des moteurs économiques importants, sont des sources d’eau potable pour des dizaines de milliers de citoyens.
Réunis en table éditoriale à La Tribune lundi, les candidats à l’élection provinciale dans cette circonscription ont donc tous convenu qu’il faut arrêter d’en discuter et qu’il faut agir, en y mettant du financement supplémentaire.
Le député sortant de la Coalition avenir Québec, Gilles Bélanger, mise beaucoup sur le Fonds bleu de 650 M$ sur cinq ans que son parti s’est engagé à consacrer à la protection de l’eau, à travers notamment des mesures comme la lutte aux plantes envahissantes, l’aménagement de bandes riveraines sur les propriétés agricoles et la mise aux normes des installations septiques près des lacs et rivières.
«650 M$, ce n’est pas beaucoup, mais c’est un début pour passer d’un mode réactif à un mode proactif», dit-il, en rappelant que comme député il a siégé au Caucus des Grands Lacs ainsi qu’au comité environnement avec le premier ministre François Legault qui a mené à l’élaboration de ce plan d’action au cours du dernier mandat.
«Je suis très fier de dire qu’on a un plan avec ce Fonds bleu, et j’espère qu’il va être plus efficace que le Fonds vert», lance-t-il. Ce Fonds adopté par le gouvernement Charest en 2006, rappelons-le, a été converti par le gouvernement Legault en 2020 en un Fonds d’électrification et des changements climatiques.
Tirer des leçons du passé
Forte de son expérience de mairesse de Magog impliquée au Comité Québec-Vermont pour le lac Memphrémagog, la libérale Vicki-May Hamm estime qu’on pourrait s’inspirer du travail de concertation qui a été fait à cette instance canado-américaine pour passer à l’autre étape.
«Parce que c’est complexe la qualité de l’eau. Ça touche le local, le provincial et le fédéral. Alors il faut asseoir tous les partenaires ensemble pour définir des actions.»
Cela dit, elle déplore du même souffle avoir passé en trop grand nombre de réunions Québec-Vermont à déterminer justement les juridictions de chacun autour du lac Memphrémagog.
«Au lieu de se lancer la balle, comme députée ce que je voudrais faire, c’est de jouer un rôle de leader, mobilisateur, pas juste dans Memphrémagog mais avec mes collègues en Estrie. Il y a des sommes supplémentaires à investir, ça c’est sûr, et il faut travailler avec l’ensemble des intervenants du milieu parce que les petites initiatives à la pièce ne suffisent plus. Il faut vraiment une concertation régionale et une stratégie nationale aussi.»
La candidate solidaire Kenza Sassi partage son point de vue.
«On n’est plus à l’étape de chercher qui a la compétence, on le fait, lance-t-elle. Si on s’était attaqué à la prolifération des espèces exotiques envahissantes il y a dix ans, on n’aurait pas besoin d’agir de façon aussi urgente maintenant.»
«Ça prend de la réglementation, il faut qu’elle soit claire, il faut qu’elle soit faite en concertation avec le milieu et il faut qu’elle touche toutes les municipalités du secteur parce qu’on sait que nos lacs communiquent. (…) S’il y a une municipalité qui ne pose pas les gestes qu’il faut, automatiquement le travail qui est fait à côté ne sert à rien.»
Sur le financement de ces mesures, Kenza Sassi estime qu’il n’est plus l’heure non plus de tergiverser. «Quand le financement vient, observe-t-elle, il n’y a personne qui s’obstine pour la compétence. Le provincial doit prendre le lead parce que ça n’a pas été fait jusqu’à présent.»
Stations de lavage et science
La candidate péquiste Monique Allard précise qu’un prochain gouvernement péquiste propose aussi d’uniformiser la gestion des lacs et des cours d’eau pour mieux agir sur leur protection.
Elle prend l’exemple des stations de lavage d’embarcations qui ne sont pas disponibles pour tous les lacs ni obligatoires partout.
«Je pense que ça aurait un impact si le provincial accompagnait les villes pour augmenter le nombre de stations de lavage autour des lacs et augmenter la surveillance», avance-t-elle.
Enfin le candidat du Parti conservateur du Québec, Martin Lamontagne-Lacasse, suggère d’aller chercher une expertise scientifique pour bien mesurer l’évolution de la situation.
«Ce qui est souvent pointé dans mes discussions avec les maires, c’est l’importance d’avoir la bonne information, rapporte-t-il. Je pense qu’il y a une façon de surveiller la qualité des cours d’eau avec une expertise pointue et d’un autre côté, de travailler sur l’homogénéité concernant les accès et le lavage d’embarcations. Parce qu’il suffit d’une petite brèche pour qu’il y ait de la contamination qui passe.»