Front commun de citoyens contre Sanimax à Lévis

Des citoyens de Lévis se mobilisent contre les mauvaises odeurs de l'usine Sanimax.

Des citoyens de Lévis se mobilisent contre les mauvaises odeurs de l'usine Sanimax. Pétition, groupe Facebook : ils ont bien l'intention de maintenir la pression jusqu'à ce qu'elles cessent pour de bon.


Katlyne Fortin a une nouvelle terrasse dans sa cour arrière, mais pour une deuxième saison estivale d'affilée, elle n'a pas pu en profiter, malgré le beau temps. Les effluves de putréfaction en provenance de l'usine d'équarrissage Sanimax l'en empêchent. 

Résidente de la rue du Rail, à Charny, Mme Fortin est aux premières loges pour les sentir. Elle n'a qu'à traverser la piste cyclable au bout de la rue pour aboutir devant l'entreprise. 

«Il y a au moins deux soirs sur trois où je ne suis pas capable de sortir de la maison. Ils avaient promis un plan d'action, normalement, ça devrait être moins pire, mais depuis deux ans, c'est l'enfer comme ça s'est dégradé», déplore la citoyenne. 

Plusieurs confirment être contraints de se cloîtrer à l'intérieur, principalement lors de chaudes journées d'été. Et plus le temps passe, plus la grogne grandit. Encore en cette mi-septembre, où la chaleur continue d'être de la partie avec des températures frôlant les 30 degrés Celsius, les témoignages abondent sur les réseaux sociaux.

«Bataille» lancée

Après six ans à subir elle-même les émanations nauséabondes et «au moins sept, huit» plaintes formulées cet été «sans changement», la citoyenne Katlyne Fortin en a eu assez. 

Elle a lancé lundi sur Facebook le Regroupement des citoyens du Grand Lévis «victimes» de Sanimax, en espérant rassembler le plus grand nombre possible de propriétaires limitrophes de l'usine. Signe que la résistance s'organise, déjà près de 50 membres y avaient adhéré en un peu plus de 24 heures. 

«Nous ferons une compilation ici de vos déclarations des fois où vous êtes incommodés, décrit-elle sur la plateforme. Nous n'avons pas le pouvoir de les transmettre en votre nom à la Ville pour d'éventuelles émissions de contraventions [mais] elles serviront dans notre quête de compilation de ce que fait endurer aux citoyens l'usine Sanimax Lévis.»

L'instigatrice est d'avis que la force du nombre peut contribuer à faire changer les choses.

Une pétition qui circule à l'initiative d'une résidente du quartier Saint-Rédempteur avait quant à elle amassé quelque 180 signatures en date de mardi soir. «Nous voulons que ça change, pas dans un an ou plus, c’est maintenant que ça doit changer», exprime l'organisatrice.

«Des gens ont mis leur maison en vente cet été. Ça va loin ce que les gens vivent, alors on leur ouvre la porte à venir nous raconter leurs histoires», ajoute pour sa part Mme Fortin.

«Détérioration»

Déjà, une page Facebook créée par Sanimax en avril pour «faciliter une communication fluide et efficace» avec la communauté recueille une panoplie de plaintes de voisins de l'usine, qui documentent leurs mauvaises expériences. «Ça sent tellement mauvais que ça goûte», «le coeur me lève», «c'est insupportable», «odeur de cadavre», ne sont que des exemples de ce qu'il est possible d'y lire.

Autant le 3-1-1 de la Ville de Lévis que le ministère de l'Environnement ont enregistré encore au cours des dernières semaines un nombre important de plaintes officielles. Il y un mois, les autorités recensaient ensemble environ 200 appels logés à ce sujet. 

Québec avait pourtant annoncé en avril investir 2,5M$ pour assister l'entreprise qui dispose des carcasses d’animaux dans des rénovations majeures.

«On fait rire de nous autres, on nous promet des choses, mais on ne voit pas d'amélioration. Si on en voyait, on serait capable d'être patient», se désole Katlyne Fortin. 

Cohabitation souhaitée

Invitée à commenter les démarches citoyennes contre elle, l'entreprise Sanimax a répondu au Soleil dans une déclaration être consciente que les attentes à l’égard de son Plan d’action gouvernemental sont grandes. «Cependant, le Plan d’action qui est en place donnera des résultats seulement lorsque les mesures seront pleinement complétées», avise-t-on, parlant notamment de l'amélioration de la qualité de la matière première comme d'un «incontournable». 

«Nous faisons tout en notre pouvoir pour que soient réalisées le plus rapidement possible les mesures du Plan d’action, poursuit l'organisation, car nous croyons qu’elles sont de vraies améliorations durables, pour mieux cohabiter»

Certains citoyens entendent se rendre à l'hôtel de ville de Lévis lors de la prochaine séance du conseil municipal, afin de présenter aux élus le fruit de leurs démarches acharnées.

Ailleurs au Québec, d'autres usines de Sanimax ont aussi fait couler beaucoup d'encre ces derniers temps. Celle de Rivière-des-Prairies, dans l’est de Montréal, a notamment défrayé la manchette en laissant planer la fermeture de ses installations en raison d'un règlement plus sévère de l'administration municipale montréalaise.