Les tulipes hybrides de Darwin, toujours fidèles

Tulipe hybride de Darwin ‘Pink Impression’

CHRONIQUE / De septembre à octobre, c’est la saison de plantation des bulbes à floraison printanière et les jardineries sont remplies de montagnes de bulbes: narcisses, jacinthes, crocus et plus encore. Mais surtout, de tulipes. Car nous semblons craquer pour les tulipes. Et pourquoi pas? Une si belle fleur, grosse et de coloration spectaculaire, et tout cela à un prix très raisonnable? Elle a presque tout pour plaire! Je dis bien «presque», car oui, la tulipe a des défauts.


Les écureuils

Oui, les écureuils les aiment bien. Et pas toujours pour les manger immédiatement. (Souvent, ils les déterrent et les replantent ailleurs pour leur réserve hivernale… puis oublient de les récolter!) Mais c’est choquant de prendre la peine de planter un bulbe comme il se doit pour le voir chipé par un rat à queue ébouriffée! Depuis que j’écris cette chronique, j’ai souvent offert des solutions pour contrer les écureuils voleurs de bulbes, mais peut-être jamais autant que dans l’article Sus aux écureuils du 3 octobre 2009. Vous devriez pouvoir y trouver une solution qui vous convient. 

Ou plantez la seule tulipe qui résiste aux écureuils! (Explications plus loin.)

Bulbes de courte vie

Donc, passons à l’autre problème. La faible durabilité des bulbes. 

En effet, les gens se plaignent que, contrairement aux autres bulbes, dont la floraison s’améliore avec les années, celle de la tulipe baisse. La première saison est la plus spectaculaire, avec une superbe grosse fleur. La deuxième année, elle est plus petite et moins saisissante. La troisième, la fleur est vraiment lilliputienne. Et la quatrième… eh bien, généralement il n’y a pas de quatrième floraison! La plante ne fait plus que des feuilles! 

Il y a une raison pour cela. La tulipe, que les jardiniers considèrent comme une plante de jardin, est en fait plutôt vue comme une fleur coupée par l’industrie horticole. Il faut savoir que 95 % des quelque 2 milliards de bulbes de tulipe produits annuellement sont cultivés à cette fin. Aucune reprise de la floraison n’est souhaitable dans ce cas. Le producteur recommence chaque fois avec des bulbes frais : c’est plus commode comme cela. Donc, à force de sélectionner des tulipes pour la fleur coupée, la capacité des bulbes de tulipe à vivre longtemps au jardin ne cesse de diminuer. Beaucoup des «nouveautés» sont à peine plus que des annuelles! 

Mais il y a des exceptions.

Les tulipes pérennes

Heureusement pour les jardiniers paresseux, il existe quand même des tulipes pérennes. C’est notamment le cas des tulipes botaniques, le nom donné aux tulipes sauvages et aux tout premiers hybrides, comme T. kaufmanniana, T. greigii, T. praestans, T. schrenkii, T. tarda, etc. Les hybrideurs n’ayant pas eu le temps de les convertir en bisannuelles et en annuelles, elles gardent l’excellente pérennité des tulipes sauvages. 

Les tulipes viridiflora, dont les fleurs partiellement vertes font de la photosynthèse, ont plus de chlorophylle que les autres et réussissent ainsi à entreposer plus d’énergie, assurant une floraison répétée.

 Tulipe hybride de Darwin ‘Banja Luka’

Les fabuleuses tulipes Darwin

Et, dernière catégorie de tulipes pérennes, mais certainement pas la moindre, il y a les tulipes hybrides de Darwin. De belles grosses tulipes à forme un peu carrée et à haute tige solide (55-70 cm), les hybrides de Darwin sont tout simplement plus robustes que les autres. Elles fleurissent année après année vers la mi-mai (Montréal, Gatineau) ou début de juin (Québec), sans complications. Chez moi, j’ai des talles d’hybrides de Darwin en place depuis 27 ans et qui n’ont jamais même été divisées ou déplacées… ça vous donne une idée!

En magasin, exigez des tulipes hybrides de Darwin! Si l’employé dit ne pas savoir, parlez à son patron. Je considère une telle réponse inacceptable. Quelqu’un le moindrement habile avec une tablette ou un téléphone pourrait trouver cette information en une minute! D’ailleurs, une jardinerie honnête avec ses clients mettra les hybrides de Darwin dans la classe à part qu’elles méritent!



 Tulipe hybride de Darwin ‘Daydream’

Quelques variétés 

Voici quelques exemples courants de tulipes hybrides de Darwin, mais il y en a beaucoup d’autres:

  • ‘Apeldoorn’ (rouge) et d’autres couleurs de la série ‘Apeldoorn’
  • ‘Banja Luka’ (jaune et rouge)
  • ‘Daydream’ (jaune devenant orange abricot)
  • ‘Garant’ (jaune)
  • ‘Gudoshnik’ (jaune strié de rouge)
  • ‘Ollioules’ (vieux rose)
  • ‘Pink Impression’ (divers teints de rose) et autres couleurs de la série ‘Impression’
  • ‘President Kennedy’ (jaune flammé rouge)
  • ‘Silverstream’ (crème et rouge, feuillage panaché)
  • ‘World Favorite’ (rouge tomate avec taches jaunes)

Une culture facile

La culture des tulipes hybrides de Darwin est presque comme celle de n’importe quelle autre tulipe. Il faut le plein soleil au printemps (un emplacement plus ombragé l’été, quand la tulipe sera en dormance, est par contre bien acceptable). Le sol doit être riche et, surtout, bien drainé. Par contre, comme les bulbes de cette tulipe sont énormes, il faut un trou de plantation extra profond: 25 à 30 cm. Espacez-les de 15 cm. Plantez-les avec le plateau vers le bas et la pointe vers le haut. 

Ajoutez des mycorhizes au sol à la plantation, puis arrosez bien. Couvrez avec un paillis pour terminer.

Au printemps, après la floraison, appliquez un engrais biologique. Quand les feuilles jaunissent encore plus tard, vous pouvez les laisser se décomposer sur place ou les couper. Aucun arrosage n’est nécessaire l’été : le bulbe sera en dormance.

Aussi, les tulipes hybrides de Darwin sont les seules qui résistent naturellement aux écureuils. Un trou de 30 cm de profondeur, c’est trop pour le petit animal. Problème réglé!

Des années de plaisir!

À l’automne suivant, sous le sol et hors de vue, le bulbe commencera à produire de nouvelles racines et voilà! Une nouvelle saison commence!

Longue vie à vos tulipes pérennes hybrides de Darwin!

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RÉPONSES À VOS QUESTIONS

BIEN UTILISER LES LÉGUMINEUSES AU JARDIN

Vous mentionnez dans votre chronique du 3 septembre (entretien de la semaine) de laisser les plants de pois et de haricot se décomposer sur place après la récolte. S.V.P. pouvez-vous préciser si nous laissons les plants se décomposer en terre ou si nous les arrachons et les laissons sur le sol? 
— Louise et André Charette

Les nodules des légumineuses peuvent contenir des milliers de bactéries bénéfiques.

La richesse des légumineuses (plantes de la famille des fabacées, comme le haricot, la fève, le pois, la luzerne, le trèfle, etc.) réside dans l’association symbiotique qu’elles établissent avec des bactéries rhizobium qui vivent dans des nodules qui poussent sur leurs racines. Les bactéries captent l’azote atmosphérique (N2) et le convertissent en composés que les plantes peuvent absorber. La plante peut alors les utiliser pour sa croissance. En retour, la plante partage les produits de la photosynthèse avec les bactéries. C’est donc une association symbiotique, bénéfique aux deux. L’azote étant l’élément le plus important dans le développement des plantes, mais le plus difficile à obtenir, c’est un apport important. Quand la légumineuse meurt, l’azote reste disponible dans le sol pour la prochaine génération de plantes, même des plantes d’autres familles : tomates, laitues, épinards, etc. 

Ce côté bénéfique est assez connu et beaucoup de jardiniers incorporent des légumineuses dans leur rotation des cultures pour assurer un bon taux d’azote dans le sol. Mais il faut savoir que si l’on supprime les légumineuses à la fin de la saison en les arrachant, le bénéfice est perdu. Logiquement, il faut laisser les racines mortes riches en azote se décomposer dans la terre. Vous pourriez les placer en surface, je suppose, tant que les nodules demeurent en contact avec la terre, mais je n’en vois pas l’utilité. L’important est que les racines se décomposent en contact avec la terre.

Tristement, beaucoup de jardiniers «font le ménage» du potager à l’automne et arrachent et jettent les légumineuses tuées par le froid, même leurs racines, ne comprenant pas qu’ainsi, ils annulent leur effort d’enrichir le sol. 

LE POINSETTIA QUI NE VEUT PAS MOURIR

Nous avons acheté, un peu avant Noël, un poinsettia, pensant le garder quelques semaines et nous en départir. Mais nous l’avons conservé, il était beau avec ses feuilles rouges. Le beau temps est arrivé et nous l’avons mis sur le patio. Puis, les feuilles rouges sont tombées une à une, remplacées par de nouvelles feuilles d’un beau vert. C’est maintenant un arbuste très fourni, magnifique. J’ai mis régulièrement de l’engrais, sans changer la terre ni le pot. J’aimerais le conserver et peut-être passer un autre Noël en sa compagnie. Que me suggérez-vous pour y arriver? 
— Claude Céré

Le poinsettia reste vert tant que les jours sont longs, mais change de couleur quand les jours sont courts.

Vous avez très bien soigné votre poinsettia (Euphorbia pulcherimma) jusqu’à maintenant, mais il est désormais temps d’apporter un changement important à son régime. Il faut l’exposer à des jours courts. Cette plante a besoin de jours de moins de 12 heures d’éclairage pour fleurir. Cela arrivera en théorie à partir du 22 septembre. Mais dans nos maisons (et il vous faut absolument rentrer votre plante pour l’hiver, car le poinsettia ne tolère pas le gel), nous éclairons en soirée, ce qui éliminera tout début de floraison. 

La méthode est très facile. Il suffit de mettre votre poinsettia devant une fenêtre bien éclairée le jour, mais en posant devant lui un panneau qui empêchera la lumière artificielle d’atteindre ses feuilles en soirée. Autrement, continuez le régime habituel. Après environ huit semaines de jours courts, de nouvelles feuilles rouges commenceront à paraître à l’extrémité des branches et il sera bientôt complètement fleuri de nouveau!

Des questions svp!
Vous pouvez nous joindre par courriel à courrierjardinierparesseux@yahoo.com

ou par courrier à:
Le jardinier paresseux
Le Soleil
C.P. 1547, succ. Terminus
Québec (Québec)  G1K 7J6

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ENTRETIEN DE LA SEMAINE

  • Pour le meilleur choix possible, achetez vos bulbes à plantation automnale (tulipes, narcisses, crocus, etc.) dès qu’ils arrivent en magasin.
  • Rentrez les tomates à l’intérieur pour finir leur maturation quand la température nocturne commence à rester à moins de 10°C. Placez-les à l’ombre, comme dans un garde-manger, pour les faire rougir.
  • Soyez prêt à recouvrir les plantes potagères fragiles si l’on annonce un gel hâtif. 
  • Surveillez les fruits des kiwis rustiques et récoltez-les quand les fruits commencent à ramollir.

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CALENDRIER HORTICOLE

Vous cherchez des activités horticoles pour meubler vos temps libres? En voici une pour les jours qui viennent.

Les boutures 
La Société d’horticulture de Sainte-Foy vous invite à une conférence sur les boutures avec Réal Dumoulin. Le bouturage est une technique de reproduction des plantes des plus répandues et des plus faciles. C’est justement le temps en septembre de conserver des plantes du jardin pour l’an prochain. L’activité se tiendra le mardi 20 septembre, à 19h30, au Centre de glaces Intact Assurance, local 124, 999, av. de Rochebelle, Québec. Coût: 8$ non membres. Info: France Doyon, 418 658-9844

Mieux connaître les oiseaux qui nous entourent
La Société d’horticulture de Beauport vous propose une conférence sur les oiseaux qui visitent nos jardins. Elle est animée par Norbert Lacroix, président du club d’ornithologie du Québec. Elle se tiendra le mercredi 21 septembre, à 19h30, au Centre municipal Mgr Laval sis au 35, rue du Couvent, Québec (voisin de l’église de la Nativité de Beauport). Coût: 6$ non membres. Info: 581 988-2556

Construire son bac à réserve d’eau
Apprenez comment fabriquer des bacs à jardinage auto-arrosant composés de deux chaudières de plastique. Le cours aura lieu le vendredi 23 septembre, de 15h à 17h, au kiosque d’accueil, Grand Marché de Québec. Activité organisée par les Urbainculteurs et Craque-Bitume avec le Centre éducatif en agriculture urbaine (CÉAU). Inscription au coût de 10$. Info: bit.ly/bacsareservedeau

Pour mettre les récoltes en pots
Lili Michaud offre deux formations en ligne qui vous permettront d’apprendre comment mettre les récoltes en pots de façon sécuritaire. Il s’agit de «La mise en conserve domestique» et de «La lactofermentation des légumes». Ces formations peuvent être suivies au moment qui vous convient et à votre rythme. Un document PDF accompagne les formations. Coût: 30$ + taxes par formation. Info : lilimichaud.com

Pour toute activité horticole, écrivez-nous à courrierjardinierparesseux@yahoo.com.