L’AIEA veut une «zone de sécurité» à la centrale de Zaporijjia

«La situation actuelle est intenable», a résumé l’AIEA, la centrale de Zaporijjia ayant été touchée ces dernières semaines, au risque de provoquer un grave accident nucléaire, par de multiples frappes dont Kiev et Moscou s’accusent mutuellement.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s’est prononcée en faveur de la mise en place d’une «zone de sécurité» pour empêcher un accident nucléaire à la centrale ukrainienne de Zaporijjia, occupée depuis six mois par les Russes et où elle juge la situation «intenable» en raison des bombardements.


«Il est urgent de prendre des mesures», a estimé l’agence onusienne dans un rapport rendu public mardi, préconisant «l’établissement d’une zone de sécurité nucléaire et de protection» de ce complexe du sud de l’Ukraine.

«Les bombardements sur le site et dans les environs doivent cesser tout de suite pour éviter de provoquer de nouveaux dommages aux installations», a-t-elle insisté, soulignant «les conditions extrêmement stressantes» dans lesquelles travaille en outre le personnel ukrainien, sous le contrôle des militaires russes.

«La situation actuelle est intenable», a résumé l’AIEA, le site de la centrale ayant été touché ces dernières semaines par de multiples frappes dont Kiev et Moscou s’accusent mutuellement.

«Une bonne chose»

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué le fait que le rapport mentionne la présence de matériel militaire russe dans l’enceinte de la centrale.

Dans son message quotidien, mis en ligne tous les soirs, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué le fait que le rapport mentionne la présence de matériel militaire russe dans l’enceinte de la centrale.

«Le rapport mentionne la présence de matériel militaire russe dans l’enceinte de la centrale nucléaire, la pression qui y est exercée sur nos employés, et fait clairement allusion à l’occupation militaire russe. C’est une bonne chose», a-t-il déclaré.

M. Zelensky s’est montré plus dubitatif sur la proposition du rapport de créer une zone de sécurité à la centrale.

«Si le contenu de cette proposition est de démilitariser le territoire de la centrale nucléaire (...) alors nous pouvons soutenir une telle zone de protection démilitarisée», a-t-il déclaré.

Le chef de l’État ukrainien a par ailleurs assuré s’être «coordonné» avec la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss pour «accroître la pression» sur la Russie.

«L’objectif est de mettre fin à l’agression et de traduire les auteurs en justice», a écrit M. Zelensky sur Twitter, affirmant être le premier dirigeant étranger à s’être entretenu avec Mme Truss après qu’elle a été confirmée dans ses nouvelles fonctions.

Pour sa part, l’ambassadeur russe à l’ONU a regretté lors d’une réunion du Conseil de sécurité que le rapport de l’AIEA ne pointe pas la responsabilité de l’Ukraine, que Moscou accuse de bombarder la centrale.

«Nous regrettons que dans votre rapport (...) la source de ces bombardements ne soit pas nommée directement», a déclaré Vassili Nebenzia, estimant que ce rapport présenté à distance par le patron de l’AIEA devant le Conseil était une «confirmation» que la «seule menace» contre le site venait des «bombardements et des sabotages par les forces armées ukrainiennes».

Conseil de sécurité

Des résidents locaux se tiennent au milieu des décombres d'un appartement après qu'il a été touché par une frappe de missile à Kharkiv.

Le rapport de l’AIEA découle de sa récente mission à la centrale de Zaporijjia et dont le directeur général Rafael Grossi «rendra compte au Conseil de sécurité de l’ONU».

La publication de ses conclusions intervient au lendemain de la déconnexion du dernier réacteur en fonctionnement dans ce complexe.

Une ligne électrique, reliée à une centrale thermique voisine, en a en effet «été délibérément déconnectée afin d’éteindre un incendie», a expliqué l’AIEA dans un communiqué.

Selon l’opérateur ukrainien Energoatom, le feu «s’est déclaré à cause des bombardements».

Mardi, la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a réclamé la mise en place d’un couloir humanitaire pour les civils souhaitant quitter la zone autour de la centrale.

Après moult tractations, une délégation de l’AIEA avait pu inspecter jeudi dernier son site.

M. Grossi avait ensuite dit à la presse avoir constaté que «l’intégrité physique» de ces infrastructures avait été «violée à plusieurs reprises».

La majeure partie de l’équipe internationale a quitté la centrale vendredi. Sur les six experts restés sur place, quatre sont partis lundi et deux autres devraient y rester de façon permanente.

Dans la région de Dnipropetrovsk (centre), à Kryvy Rig, la ville natale de M. Zelensky, un «important incendie» s’est produit le même jour dans un dépôt de pétrole à la suite d’une attaque russe, a informé son gouverneur Valentin Reznitchenko.

Le sinistre est désormais «circonscrit», a précisé dans l’après-midi un autre haut responsable.

Dans le sud-est, le chef de l’administration installée par les Russes dans le port de Berdiansk a été grièvement blessé dans l’explosion de sa voiture par des «terroristes ukrainiens», selon les autorités locales.

Dans la matinée mardi, un nouveau bombardement russe a touché un immeuble d’habitation du centre de cette cité, la deuxième d’Ukraine, a quant à lui déploré son maire Igor Terekhov.

Munitions nord-coréennes 

En Russie, le président Vladimir Poutine est allé assister mardi dans l’Extrême-Orient aux manœuvres militaires de grande envergure menées avec plusieurs pays, dont la Chine.

Le même jour, le Pentagone américain a accusé la Russie d’acheter, en possible violation des résolutions de l’ONU, à la Corée du Nord des munitions qu’elle est incapable de produire en quantité suffisante.

Moscou a engrangé 158 milliards d’euros (Plus de 205 milliards $CAN) de revenus tirés des exportations d’énergies fossiles en six mois de guerre, profitant de cours élevés, selon le rapport d’un centre de recherche indépendant paru mardi, qui appelle à des sanctions plus efficaces.

Les pompiers arrosent les décombres d'un complexe de restaurants détruit par une frappe de missile dans la deuxième plus grande ville ukrainienne de Kharkiv.

Dans la région de Dnipropetrovsk (centre), à Kryvy Rig, la ville natale de M. Zelensky, un «important incendie» s’est produit le même jour dans un dépôt de pétrole à la suite d’une attaque russe, a informé son gouverneur Valentin Reznitchenko.

Le sinistre est désormais «circonscrit», a précisé dans l’après-midi un autre haut responsable.

Dans le sud-est, le chef de l’administration installée par les Russes dans le port de Berdiansk a été grièvement blessé dans l’explosion de sa voiture par des «terroristes ukrainiens», selon les autorités locales.

En Russie, le président Vladimir Poutine est allé assister mardi aux manoeuvres militaires de grande envergure auxquelles participent plusieurs nations alliées, dont la Chine.

Son pays a engrangé 158 milliards d’euros de revenus tirés des exportations d’énergies fossiles en six mois de guerre, profitant de cours élevés, selon le rapport d’un centre de recherche indépendant paru mardi, qui appelle à des sanctions plus efficaces.

La Commission européenne a par ailleurs détaillé les propositions visant à durcir les conditions d’octroi de visas aux citoyens russes et prévoyant la non-reconnaissance des passeports russes délivrés dans les zones occupées en Ukraine.