La pollution des vols en avion des fonctionnaires et élus de Québec sera «compensée», mais comment ?

Rétroactivement au 1er janvier 2022, la Ville de Québec promet de payer pour «compenser» les émissions polluantes des vols en avion des fonctionnaires et des élus… Reste à savoir comment.


L’idée a été soumise au conseil municipal le 4 juillet par un membre de l’opposition, Louis Martin. Sommairement, il a demandé que l’administration achète des crédits carbone auprès d’une entreprise québécoise afin de séquestrer autant de gaz nocifs pour l’environnement que ceux émis lors des voyages aériens des employés et élus.

Aussi, une énumération des vols autorisés, ainsi qu’une liste des achats de permis de polluer, devrait être publicisée pour que le citoyen puisse suivre le dossier.

+

ACCORD

Le comité exécutif du maire Bruno Marchand vient de dire “Oui” à la proposition, en apportant quelques nuances.

Citant des politiques environnementales adoptées sous l’ancienne administration municipale, les nouveaux maîtres de l’hôtel de ville affirment à leur tour avoir la volonté «de prendre une position de leader dans la lutte aux changements climatiques et de faire preuve d’exemplarité en la matière, et ce, pour l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES)».

La mairie concède que «les déplacements aériens d’élus et d’employés de la Ville génèrent des GES».

Malgré quelques controverses quant à la fiabilité des entreprises offrant des crédits carbone, notamment en plantant des arbres, la Ville juge que «la compensation carbone est un outil approprié afin de réduire les impacts de ces émissions. L’achat de crédits compensatoires peut [donc] être envisagé à cet effet.»

Mais l’administration Marchand n’entend pas nécessairement se limiter aux offres des compagnies québécoises.

+

LEQUEL CHOISIR ?

La Ville de Québec ne sait pas encore à qui confier les dollars des contribuables pour acheter des crédits carbone. Crédits carbone qui deviendront réalité si les arbres achetés vivent, vraiment, durant 50 ans, voire 100 ans ; soit assez longtemps pour emmagasiner autant de carbone que celui émis par le vol d’un fonctionnaire ou d’un élu passager d’un avion.

Il y a des «programmes locaux». Par exemple : le Programme de compensation volontaire de l’Université Laval, Carbone boréal, Arbre-Évolution ou Carbone Scol’ERE, notent les conseillers de la Ville dans un document remis aux élus récemment.

Des «programmes internationaux», aussi. Tels que : VCS ou le Gold Standard.

Il y a une troisième option : le marché du carbone réglementé auquel adhère l’État québécois.

+

EN ATTENTE

En cette fin août, il y a donc tergiversation quant à la meilleure façon de soulager la planète pour les envolées municipales. Il y aura «analyse des options […] afin d’effectuer une recommandation à ce sujet».

+

LA COLLABORATION PERDURE

Au téléphone, Louis Martin, conseiller municipal du district Cap-Rouge-Laurentien. Instigateur de cette initiative.

Il constate que la relative bonne entente perdure au conseil municipal. «L’administration Marchand a toujours dit que, quand il y aurait des bonnes idées, qu’elles seraient étudiées et analysées.»

La sienne obtiendra un vote favorable au conseil des élus lundi soir.

Honte

Où a germé sa proposition ? M. Martin dit avoir lu et vu les reportages au sujet de voyageurs aériens honteux de polluer. 

Puis, durant les réunions des élus, il votait sur des budgets pour des voyages internationaux d’employés et de conseillers municipaux.

Il affirme avoir cherché une façon d’amoindrir l’impact sur la Terre.