Wendell, au-delà des superstitions

Turk Wendell a déjà été déclaré «l’athlète le plus superstitieux de tous les temps» par le magazine Men’s Journal.

L’ancien releveur des Cubs de Chicago, des Mets de New York, des Phillies de Philadelphie et des Rockies du Colorado Turk Wendell a déjà été déclaré «l’athlète le plus superstitieux de tous les temps» par le magazine Men’s Journal.


N’allez pas croire que le qualificatif était exagéré : non seulement il avait pris l’habitude de sauter par-dessus la ligne des fausses balles en se rendant au monticule et de mâcher de la réglisse noire, mais il se brossait les dents entre chaque manche qu’il passait au monticule.

L’ex-athlète de 55 ans tient cependant à rappeler que ces superstitions un peu bizarres n’ont marqué qu’un peu plus de sept de ses 17 saisons chez les professionnels. «On m’en parle encore aujourd’hui, mais on oublie souvent que, de 1995 à 2005, je ne faisais plus rien de cela», indiquait-il lors d’une conversation avec Le Soleil tard mardi soir.

«Et pour moi, ce n’étaient pas tant des superstitions qu’une routine que j’avais établie dans les ligues mineures, une routine qui incluait des succès et des échecs, mais essentiellement des succès», explique-t-il.

Wendell avait commencé à se brosser les dents entre les manches dès ses débuts professionnels dans la Ligue des recrues. «Je m’étais brossé les dents entre deux manches et j’avais retiré les trois frappeurs suivants sur des prises. Alors j’ai continué!» 

Changer sa routine

Wendell a cependant découvert que ses habitudes n’étaient pas le secret de son succès. C’est Jim Riggleman, devenu gérant des Cubs en 1995, qui l’a incité à se débarrasser de ses idiosyncrasies. Car si les manies de Wendell ne dérangeaient pas vraiment Jim Lefebvre et Tom Trebelhorn, Riggleman était moins chaud à l’idée de voir son releveur se laver les dents entre chaque manche.

«J’ai arrêté comme ça, d’un seul coup, et il a fallu que je me crée une autre routine. C’est un peu comme quand je suis passé de partant à releveur», illustre-t-il.

Sa moyenne de points mérités, qui était de 4.37 à sa première saison dans les majeures et de 11.93 à sa seconde, était de 4.92 quand il a cessé de s’adonner à ses petites manies en 1995, puis a fondu à 2.84 en 1996 alors qu’il a préservé 18 victoires. En fait, Wendell a connu toutes ses meilleures saisons après avoir écouté les conseils de Riggleman.

Reconnu d’abord pour la puissance de ses tirs, Wendell a aussi réussi à faire la transition de «garrocheux» à lanceur grâce aux conseils de l’ancien artilleur canadien Bill Slack, qui était l’entraîneur des lanceurs alors que Wendell évoluait avec les Braves de Greenville au niveau AA.

«Je lançais entre 95 et 99 milles à l’heure, mais Bill m’a incité à ne pas tout miser sur ma balle rapide et à faire davantage confiance à ma balle glissante. C’était un bon conseil, car j’avais une bonne balle glissante», indique Wendell, qui avait aussi un changement de vitesse efficace dans son arsenal.

Dénoncer Bonds, puis s’excuser

Par ailleurs, Wendell s’était aussi fait connaître en 2004 pour avoir été le premier joueur des majeures à accuser publiquement Barry Bonds d’avoir consommé des stéroïdes anabolisants après que son entraîneur Greg Anderson ait été impliqué dans le scandale du laboratoire BALCO.

Wendell précise cependant le contexte dans lequel ses commentaires ont été faits. «Je maintiens ce que j’ai dit à l’époque, mais j’avais fait ces commentaires à un journaliste que je croyais être un ami. Je ne savais pas que ça aboutirait dans les journaux.»

Wendell est même allé jusqu’à s’excuser à Bonds. «Je me suis excusé, non pas pour ce que j’avais dit, mais pour le fait que ça ait abouti dans les médias. Et je lui ai dit que mon idée n’avait jamais été de l’isoler dans mes commentaires, j’aurais pu nommer bien d’autres joueurs à qui le chapeau ferait», poursuit celui qui déplore toujours la présence des produits dopants dans les ligues majeures.

«À l’époque, les gens le savaient et fermaient les yeux. Je suis content qu’on teste les joueurs aujourd’hui, mais il faudrait qu’on teste tous les joueurs tous les mois, pas des tests aléatoires. Il faudrait que ce soit comme aux Jeux olympiques. Les athlètes olympiques sont testés pour les produits dopants et personne ne s’en plaint. Et il faudrait des suspensions plus sévères : une saison pour une première fois et suspension à vie pour la seconde offense», poursuit celui dont le fils, Wyatt Wendell, frappera peut-être à la porte des majeures dans quelques années.

«Wyatt vient tout juste de signer avec l’organisation des Diamondbacks de l’Arizona. Je crois qu’il est un meilleur lanceur que moi et il travaille super fort. Je sais qu’il a le talent et les capacités mentales pour avoir du succès. C’est spécial de le voir passer par le chemin par lequel j’ai passé. Ce que je lui dis, c’est d’être patient et de faire confiance au processus», conclut celui qui a dirigé son fils jusqu’à l’école secondaire et qui consacre maintenant son temps à sa ferme où il cultive le maïs, la luzerne et soya et où il élève des poulets en Iowa. 

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LE CHIFFRE

  • 39

39 ans, l’âge de Justin Verlander des Astros de Houston, l’un des plus sérieux prétendants au trophée Cy Young dans la Ligue américaine cette année avec sa moyenne de points mérités de 1.87 et ses 148 retraits au bâton. À son dernier départ mardi, l’as a quitté le monticule après six manches parfaites lors desquelles il avait retiré 10 frappeurs des Twins du Minnesota sur des prises.

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LE GRAND CHELEM

Le receveur des Rays de Tampa Bay Christian Bethancourt a frappé un circuit, produit trois points et... blanchi les Angels d’Anaheim pendant une manche mardi. Il a même atteint

95 milles à l’heure avec sa balle rapide et retiré Luis Rengifo sur des prises. Bethancourt n’a cependant pas affronté le plus célèbre lanceur-frappeur, puisque Shohei Ohtani avait été remplacé par Andrew Velazquez en neuvième manche de ce gain de 11-1 des Rays. 

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LE GOLDEN SOMBRERO

Quand ça va mal... Non seulement les Padres de San Diego ne reverront pas Fernando Tatis Jr., suspendu pour usage de produits dopants, avant le milieu de l’été 2023, mais leur voltigeur vedette Juan Soto, acquis au gros prix des Nationals de Washington, a dû être retiré de l’alignement cette semaine pour des problèmes de dos. Tout le monde se croise les doigts chez les Padres, qui ont perdu plus souvent qu’à leur tour récemment et étaient mercredi à plus de 18 matchs du premier rang de la division ouest de la Ligue nationale.