Nous le savons. Poutine règne désormais en maître en son pays depuis plus de vingt ans. Les nombreux opposants politiques sont emprisonnés, voire pire. Les médias indépendants du régime ne sont qu’une vue de l’esprit, encore plus depuis la guerre en Ukraine. Poutine déclare même sans ambages que son pays s’aligne maintenant dans l’axe des pays autocratiques qui sont opposés à la démocratie occidentale (dans lequel figure aussi la Chine).
Dans la foulée, le pays du Grand Ours sombre de plus en plus vers l’ultraconservatisme aux accents nationalistes avec l’adoption de nouveaux amendements à la constitution russe interdisant le mariage homosexuel et privilégiant l’enseignement patriotique à l’école, entre autres. Par ailleurs, il existe même un parc d’attractions familial dédié à la glorification de l’armée russe — ce qui aurait fait pâlir de jalousie les plus fervents partisans du national-socialisme de l’Allemagne du Troisième Reich.
De plus, la Russie, tout comme son adversaire naturel, les États-Unis, n’est pas à une contradiction près. Elle délaissa un régime communiste pour se vouer corps et âme au capitalisme en moins d’une génération, tout en reproduisant les pires travers de ce système économique : les inégalités en Russie sont parmi les plus criantes du G20, l’impôt sur le revenu est à taux unique (ce qui est une mesure régressive favorisant les plus riches) et le 1 % des plus nantis, c’est-à-dire les oligarques, détient la moitié de la richesse nationale.
Cette invasion de l’Ukraine par la Russie nous révèle aussi d’autres contradictions. Le régime de Poutine, dont les tendances fascistes sont évidentes, reproduit les mêmes politiques expansionnistes d’un certain chef allemand autoritaire du 20e siècle que le peuple russe a pourtant combattu avec acharnement pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et, qui plus est, le chef du Kremlin accuse fallacieusement le gouvernement ukrainien d’être d’obédience nazie pour mieux justifier une simple «opération militaire spéciale» et pour camoufler du même coup son propre autoritarisme d’extrême droite.