L'autre clinique du genre à Quebec est celle du Centre vétérinaire Daubigny. CentreDMVet, de la région de Montréal, investit 10 millions $ pour la construction d’un centre de référence qui offrira des services d’urgence ainsi que des services vétérinaires spécialisés.
La future clinique vétérinaire verra le jour au 1301, avenue Jules-Verne à L’Ancienne-Lorette. Sur les 10 millions $, quatre millions sont investis pour de l’équipement à la fine pointe de la technologie et six millions pour l’infrastructure.
«Nous visons tous les services spécialisés disponibles en médecine vétérinaire. Nous aurons déjà dès les premiers temps, les services spécialisés comme chirurgie avancée, médecine interne, anesthésie, imagerie, Ct Scan, neurologie, oncologie et service de laboratoire sur place ainsi qu’une urgence 24/7. Au fil du temps nous allons ajouter les autres services tels dermatologie, dentisterie et ophtalmologie», a commenté le vice-président expérience client et employé, Noël Grospeiller.
Deux firmes d’architecture ont travaillé sur le projet. Le bureau de Québec Boucher et Lachance Architectes pour le bâtiment et celui de Trois-Rivières Doucet+Turcottes pour l’aménagement intérieur. Le design du bâtiment a été initialement inspiré par la firme française Delcros & associés.
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La clinique emploiera entre 80 et 90 personnes pour commencer. Environ 10 vétérinaires urgence et 10 vétérinaires spécialisés et 30 à 40 techniciens en santé animale.
Des cliniques débordées
Comme pour Ottawa, des vétérinaires de la grande région de Québec ont fait appel à CentreDMVet pour désengorger le réseau. «Les cliniques n’arrivent pas à répondre à la demande et l’urgence Daubigny est également débordée», a expliqué la présidente de CentreDMVet, la Dre Caroline de Jaham.
Un message vocal prévient en effet les propriétaires d’animaux que la clinique d’urgence de Daubigny est en zone rouge, c’est-à-dire qu’elle est très achalandée et que l’attente se situe entre 6h et 12h, voire plus selon l’état de santé de l’animal.
L’auteure de ces lignes en a elle-même fait l’expérience, samedi, en passant 12h au centre d’urgence du boulevard Wilfrid-Hamel, avec un chat pourtant classé en urgence 2 (il y a quatre niveaux d’urgence, le 4e étant le plus bas dans le degré de gravité) après le passage au triage. En plus de l’attente au triage, le temps a été long pour rencontrer un vétérinaire. S'ajoutent à cela, les examens, l’attente des résultats et la récupération de l’animal avec le plan de traitement.
Certaines cliniques de la région comme la clinique vétérinaire Harmonia, à Lévis, conseillent à leurs clients de se rendre dans l’une des trois cliniques d’urgence de CentreDMVet.
«Près de 80 % des urgences sont traitées en moins de deux heures, a confirmé monsieur Grospeiller.
Manque criant de vétérinaires
La clinique d’urgence de Daubigny n'est pas la seule à être surchargée. Toutes les cliniques le sont. Avec la pandémie, elles ont dû repousser certaines chirurgies non urgentes ou des consultations pour des vaccins.
Les adoptions ayant également explosé, de nombreux propriétaires ont de la peine à trouver une clinique pour leur animal de compagnie. Plusieurs cliniques à Québec et Lévis ne prennent plus de nouveaux patients.
De plus, rares sont celles qui offrent un service vétérinaire la fin de semaine. La clinique Harmonia, qui a ouvert en août 2020, dans le secteur des ponts à Charny, possède un bâtiment pouvant accueillir 10 vétérinaires.
«Présentement nous avons deux vétérinaires à temps plein et trois vétérinaires à temps partiel. Certains ont fait ce choix pour pouvoir concilier travail-famille», a confié madame Saindon.
Comme toutes les cliniques vétérinaires du Québec, Harmonia a du mal à recruter de nouveaux vétérinaires.
Lors de la construction de la bâtisse, les propriétaires de la clinique ont ajouté un appartement à l’étage pour accueillir un stagiaire ou un nouveau vétérinaire qui n’aurait pas encore de logement à Lévis ou Québec. «On essaye de trouver des astuces pour les attirer. Cet automne nous allons avoir un stagiaire de France qui est là pour deux semaines», a raconté Isabelle Saindon.
Le nouveau centre de référence et d’urgence de CentreDMVet a déjà complété 50 % de ses embauches.
«Ils nous manquent encore surtout des vétérinaires d’urgence à temps partiel, a précisé M. Grospeiller. Nous travaillons sur le recrutement d’Européens, mais malheureusement l’OMVQ doit assouplir un peu ses règles et aider afin de reconnaitre les diplômes Européens, surtout en spécialité. Nous avons également des gens dans nos équipes de Montréal qui déménageront à Québec, car originaires de cette région. Et 28 vétérinaires de la région de Québec sont également actionnaires de ce nouveau centre, ce qui va aider pour le recrutement.»
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L’ORDRE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE SUR PLUSIEURS FRONTS
Un sondage récent de l’ordre de médecine vétérinaire du Québec (OMVQ) démontre que 50 % des répondants songent à quitter la carrière de vétérinaire. Un chiffre alarmant alors que la profession doit déjà faire face à une grande pénurie de main-d’œuvre. L’ordre a donc décidé de prendre le taureau par les cornes afin d’inverser la tendance.
«Après ce sondage, nous avons entrepris une grande recherche auprès de nos membres et nous allons consacrer une journée entière lors du congrès pour une discussion afin de trouver des solutions à ce mal-être de la profession», a souligné le président de l’OMVQ, Dr Gaston Rioux.
Chaque année, 96 étudiants sont admis en première année de médecine vétérinaire au campus de Saint-Hyacinthe de l’Université de Montréal. À partir de 2024, une première cohorte de 25 étudiants entamera le cursus au campus de Rimouski.
Selon le président de l’OMVQ, ces 25 étudiants supplémentaires devraient grandement aider à diminuer la pénurie de main-d’œuvre. Mais comme il faut cinq ans pour former un vétérinaire, l’OMVQ souhaite permettre à des vétérinaires étrangers d’exercer plus facilement au Québec. Actuellement, seuls les diplômés d’une université accréditée par l’Association américaine de médecine vétérinaire peuvent travailler en Amérique du Nord en passant juste l’examen de base. Les autres doivent refaire leur internat ou leur résidence.
«On aimerait mettre en place des permis restrictifs qui permettraient par exemple à des vétérinaires de travailler dans des abattoirs. Pour l’instant, ceux qui ont plusieurs années d’expérience, mais qui ne veulent pas faire autre chose doivent refaire leur internat pour répondre à tous les critères en médecine vétérinaire», déplore le président de l’OMVQ.
Reconnaissance du travail des techniciens en santé animale
L’OMVQ travaille également sur un projet de règlement pour déléguer des actes aux techniciens en santé animale.
«L’objectif est de mieux faire connaître et valoriser la profession de technicien en santé animale pour qu’ils soient utilisés à leur plein potentiel au niveau de toutes les cliniques vétérinaires et dans le secteur qui relève de le MAPAQ. Pour l’instant, c’est à géométrie variable et ça dépend du degré de confiance des vétérinaires alors que la formation en technique santé animale est très poussée», évoque le Dr Rioux.
Un règlement qui devrait faire du bien aux cliniques vétérinaires qui ont aussi du mal à recruter et à garder les techniciens en santé animale. «Beaucoup quittent la profession après cinq ou six ans parce que le salaire n’est pas assez élevé et les conditions de travail difficiles», a signalé Isabelle Saindon, de la clinique vétérinaire Harmonia.