Chronique|

Nassim Nouajaa, la pépite du soccer de Québec

Nassim Nouajaa dans l'uniforme bleu des Wanderers de Halifax

CHRONIQUE / Ce n’est pas tous les jours qu’un jeune joueur de soccer de Québec signe un premier contrat professionnel à l’âge de 18 ans. C’est pourtant ce que vient de faire Nassim Nouajaa, dans les derniers jours, s'entendant avec les Wanderers de Halifax dans la Première ligue canadienne de soccer (CPL).


Même s’il vient tout juste d’atteindre l’âge de la majorité, Nouajaa y rêvait depuis longtemps à ce premier contrat professionnel. Le jeune homme de Québec savoure donc ce contrat de développement, qui lui permettra de jouer jusqu’à quatre matchs d’ici la fin de l'année, tout en préservant son éligibilité au repêchage, et de bénéficier d'une année d'option pour un poste de régulier l'an prochain.

Le jeune centre-arrière qui se plait à Halifax — une ville qui lui rappelle drôlement Québec — veut «prendre sa place» dans les prochaines semaines. Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour devenir le deuxième ou troisième défenseur-centre des Wanderers, la 6e équipe du classement de la CPL, à onze points d’une place en éliminatoires, un objectif audacieux quand on considère qu'il sera l'un des plus jeunes joueurs du circuit.

Il sent que ce saut dans la CPL, une ligue «très physique et intense», arrive à point dans son développement. «Je savais que le moment allait arriver, mais je ne savais pas quand, disait-il lorsque je l’ai joint plus tôt cette semaine. Le travail a payé, fallait juste être un petit peu patient.»

Il a travaillé fort

Des sacrifices, le jeune en a fait. Nouajaa a quitté le domicile familial à l'âge de 15 ans, pour rejoindre l’Académie de l’Impact, à Montréal. Dans la métropole, le jeune homme d’origine tunisienne s’est retrouvé «seul», loin de ses parents — ses plus grands fans — en famille d’accueil, de l’adversité qui a forgé son caractère. 

À l’Académie, la forte compétition lui a fait redoubler d’ardeur pour réaliser son objectif, devenir un bon joueur de soccer professionnel, un rêve récurrent depuis son enfance. «Si tu veux rester là, si tu veux faire les voyages et tu veux jouer, il faut que tu sois à ton meilleur, ça te pousse à t’améliorer, à devenir meilleur, dit-il. Les entraîneurs ont de hautes exigences. C’est le top niveau de la formation pour les jeunes Québécois.» 

L'an dernier, dans son irrésistible quête, Nouajaa a quitté pour l'Afrique pour faire ses classes, décision qui a impressionné les Wanderers de Halifax. 

Dans le soccer, à Québec, Nouajaa a commencé avec l’Olympique de Cap-Rouge St-Augustin (CRSA) jusqu’à l'âge de 12 ans, avant de passer chez les Caravelles de Sainte-Foy-Sillery, de 13 à 15 ans. Ses entraîneurs du temps, Jérémie Blanchette (CRSA) et Christophe Rouy (Caravelles), se souviennent de lui comme d’un «bon défenseur, un gars avec une bonne compréhension du jeu».

Rouy n’est donc nullement surpris de le voir aboutir dans les rangs professionnels à l’âge de 18 ans. «Ç’a toujours été un joueur sérieux et surtout investi, se souvient son ex-pilote. Dans les jeunes de cet âge-là, ça se passe souvent entre les deux oreilles, dans la tête, mais Nassim était vraiment sérieux dans son approche de soccer. C’était quelqu’un qui voulait vraiment réussir, qui travaillait fort.»

Un modèle

Jérémie Blanchette, maintenant à la tête du nouveau CS Trident, résultat de la fusion des anciens clubs CRSA, Caravelles et Mistral Laurentien en 2021, voit dans la promotion de Nouajaa un signe encourageant pour le sport dans la région. «D’avoir un joueur qui est passé par deux de nos clubs fondateurs, on est fiers et enthousiastes, réagit le directeur général du CS Trident. C’est [Nassim Nouajaa] un modèle intéressant de développement, de persévérance. D’avoir un premier modèle comme lui dans le soccer professionnel, c’est encourageant pour notre futur et on est convaincu qu'on va voir de plus en plus de petites pépites comme lui dans les prochaines années.»

Le principal intéressé pense lui aussi que le regroupement des forces a servi la cause du soccer local. «C’est mieux comme ça, il y avait trop de clubs à Québec, tranche Nouajaa. Les niveaux n’étaient pas incroyables. Quand on arrivait au niveau AAA, les équipes de Québec finissaient souvent dans la relégation ou se battaient pour la relégation. Depuis qu’elles ont été affiliées, ça leur fait un plus gros bassin de joueurs de talent et elles peuvent compétitionner avec les meilleures.»

La fusion des clubs, jumelée à la professionnalisation du développement du talents au niveau amateur, à la hausse de participation — le nombre de membres des trois clubs de Québec est passé de 4000 joueurs inscrits, avant la pandémie, à 4400 joueurs en 2022, une hausse de 10% — et aux opportunités professionnelles de plus en plus nombreuses pour les joueurs canadiens laissent entrevoir un bel horizon pour les passionnés de ballon rond d'ici et d'ailleurs.

«On souhaiterait avoir avoir des équipes de niveau professionnel, autant masculine que féminine, dans la région de Québec dans un avenir très rapproché, se met à rêver Jérémie Blanchette. On sentira de plus en plus l’engouement de la part des jeunes joueurs et des jeunes familles pour ça.»

Avec la venue de la Coupe du monde de soccer en sol américain en 2026, on parlera plus que jamais de ce sport au Canada et au Québec dans les prochaines années. La région de Québec n'y fera pas exception.

La «pépite» Nassim Nouajaa est peut-être la première, mais sans doute pas la dernière!