«Ce n’est pas compliqué, c’est de la discrimination systémique pure et simple», s’indigne le député bloquiste de Lac-Saint-Jean et porte-parole du Bloc québécois en matière d’immigration, Alexis Brunelle-Duceppe.
En 2021, pour la province de Québec, un total de 18 555 demandes de permis d’études ont été rejetées au niveau universitaire et 1813 au niveau collégial. Alors que le taux de refus tourne autour de 45% pour l’ensemble des demandes d’étudiants internationaux, il atteint 88% pour les Africains, indique le député.
Les raisons évoquées par le fédéral dans les lettres de refus envoyées aux étudiants sont toujours sensiblement les mêmes. On craint qu’ils restent au pays.
«Je ne suis pas satisfait de votre demande parce que vous n’avez pas démontré que vous quitterez le Canada» ou «Vous n’avez pas de liens significatifs à l’extérieur du Canada»; voilà deux raisons évoquées dans une lettre de refus envoyée à une potentielle étudiante africaine et signée par le gouvernement canadien.
«C’est complètement ridicule. Au Québec, le gouvernement remet des bourses d’excellence pour attirer ces étudiants, parce qu’on a besoin d’eux, de leur main-d’oeuvre. Mais le fédéral les refuse, c’est un non-sens et une double vision. Il est vraiment temps de donner cette gestion au provincial, qui gère l’éducation», affirme Alexis Brunelle-Duceppe.
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Il explique que cette façon de faire du gouvernement canadien date de bien longtemps.
«Par exemple, les demandes sont traitées avec un système d’intelligence artificielle appelée Chinook. Historiquement, si nous avons reçu plusieurs demandes d’asile du Sénégal, eh bien les demandes de permis d’études peuvent être rejetées systématiquement, de peur que les étudiants sénégalais restent ici après leurs études. Mais justement, au Québec, on les veut, ces travailleurs! Ils seront diplômés et qualifiés», déplore le député, dénonçant que ce sont surtout les étudiants de pays d’Afrique francophone qui sont rejetés.
Les universités francophones arrivent d’ailleurs en tête du nombre de demandes d’études refusées. Ce ne sont pas les universités elles-mêmes qui les refusent, mais bien le gouvernement fédéral. Par exemple, les demandes d’étudiants internationaux ont été refusées à 79% à l’Université du Québec à Trois-Rivières et à 58% à l’Université du Québec à Chicoutimi. Pour ce qui est de l’Université McGill, un établissement d’enseignement anglophone, on parle de 9%.
«Le gouvernement du Canada n’arrête pas de dire qu’il veut en faire plus pour le français, on a ici la preuve que c’est faux», ajoute-t-il.
Alexis Brunelle-Duceppe a fait partie d’un comité qui s’est penché sur cette problématique, au cours des derniers mois. Ce comité n’a pas remarqué de forme de demandes abusives provenant d’un pays ou d’un continent en particulier.
«Il n’y a aucune raison logique qui explique ces refus. C’est simplement discriminatoire. Donnons ce programme à Québec, ça presse. »
Et au-delà de la paperasse et des taux de refus, le député s’attriste de constater que les projets de plusieurs étudiants internationaux soient freinés. «Ça brise des rêves», note-il.
Ce n'est pas la première fois que cette situation est dénoncée. L'an dernier, des étudiants africains sélectionnés par Québec et lauréats de bourses d'excellence avaient été rejetés par le fédéral. Le gouvernement canadien avait ensuite fait volte-face.