Une plateforme électorale rassemble les priorités d’un parti. Son but est toujours d’attirer l’attention des électeurs. Et, ici, parce que les priorités retenues sont peu nombreuses, l’objectif est aussi d’établir le plus clairement possible l’identité électorale du PCQ d’Éric Duhaime.
ADQ bis
Dans cette plateforme, on découvre — ou l’on redécouvre encore — que le Parti conservateur du Québec représente en 2022 sur bien des sujets ce que l’Action démocratique du Québec a représenté en son temps.
Et qu’on le veuille ou non, la place occupée par la défunte Action démocratique du Québec de Mario Dumont est demeurée vacante depuis sa disparition. Tous les ex-adéquistes ne se reconnaissent pas dans la Coalition avenir Québec.
En 2011, pour justifier son mariage avec la CAQ, une ADQ alors agonisante se réjouissait du fait que le parti de François Legault s’engageait à créer un projet-pilote de pratique médicale privée-publique, ainsi qu’à évaluer la possibilité de fournir de l’aide directe aux parents pour les services de garde pour enfants.
Or, avant même l’apparition de la pandémie de COVID, le gouvernement de François Legault y est allé de budgets plutôt interventionnistes.
Animer des débats
Le Parti conservateur du Québec d’Éric Duhaime est un parti de ruptures. Il propose des ruptures dans les relations entre l’État et les citoyens.
Il préconise des ruptures dans le domaine de la santé, avec un élargissement au secteur privé beaucoup plus vaste que celui qui existe actuellement; des ruptures en matière d’environnement, avec l’exploitation des filières d’hydrocarbures au Québec; ainsi qu’en ce qui a trait aux impôts des particuliers (en mettant de l’avant une réduction significative des prélèvements).
En raison des importants problèmes d’accès au réseau de la santé, bien des Québécois seraient sans doute prêts à explorer de nouvelles avenues. De fait, ce réseau a besoin de vrais changements.
Mais il y a changement et changement.
Et ce n’est pas parce que des ruptures peuvent être séduisantes qu’elles sont toutes et nécessairement porteuses.
Prenons l’exemple des services de garde. Le PCQ propose que l’État se contente, à peu de choses près, d’envoyer de l’argent aux parents n’ayant «pas accès aux CPE ou qui souhaitent un type de service de garde différent» afin qu’ils puissent choisir la formule leur convenant.
Est-ce que des familles choisiraient de garder les 200 $ par semaine par enfant qu'elles recevraient, par exemple parce qu’elles auraient besoin de cet argent? Si c’était le cas, est-ce que cela se ferait au détriment de la socialisation d’enfants ayant besoin d’évoluer dans un environnement soutenant?
Je suis de ceux qui croient que ce serait le cas, que cela se ferait au détriment de nombreux enfants.
Cela étant, que dit-on aujourd’hui aux parents qui ne trouvent pas de place pour leurs enfants?
On est ici au coeur de questions relevant de valeurs profondes, de visions différentes de la société.
Parce qu’il propose une série de ruptures, Éric Duhaime sera au centre de bien des débats durant la campagne électorale.
Les pylônes…
Sur un tout autre plan maintenant... Le chef conservateur a réitéré dimanche son souhait qu’un éventuel troisième lien entre Québec et Lévis prenne la forme d’un pont plutôt que d’un tunnel. Pour préserver le paysage de l’Île d’Orléans, il a glissé que les lignes à haute tension des gigantesques pylônes d’Hydro-Québec pourraient être enfouies sous le fleuve.
Une idée qu’avait déjà émise François Legault avant de battre en retraite au début de son mandat. C’est qu’Hydro-Québec avait fait savoir à son gouvernement que ce serait non seulement très coûteux, mais tout un «défi technique» puisqu’il s’agit de lignes de 735 000 kV.
Cette idée d’enfouir les fils des «affreux pylônes» n’a pas pris la forme d’un engagement dans la bouche d’Éric Duhaime, mais d’une simple éventuelle possibilité. Gageons que ce n’est pas demain qu’elle prendra la forme d’un engagement en bonne et due forme.