Chronique|

L’épée de Damoclès des entreprises québécoises

Le recrutement de la main-d'oeuvre demeure l'enjeu numéro un pour les entreprises québécoises.

CHRONIQUE / La rétention et le recrutement de la main-d’œuvre affectent présentement les gestionnaires des entreprises québécoises. Plus que la hausse des taux d’intérêt et d’une possible récession.


Sébastien Mc Mahon est vice-président et stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles chez Industrielle Alliance. Il a une vue d’ensemble sur l’écosystème économique canadien. 

J’ai voulu savoir quels enjeux faisaient et allaient faire mal à l’ensemble des entreprises québécoises, dont évidemment celles inscrites en bourse. Il s’agit même d’une véritable épée de Damoclès au-dessus de leur tête.  

Donc, celles qui sauront mieux se débrouiller à ce chapitre pourront mieux s’en sortir, ai-je conclu.  

«Ailleurs au Canada, les enjeux sont du côté des matières premières. Moins ici au Québec, analyse M. Mc Mahon. Les risques de récession sont de 60 pour cent aux États-Unis. Au Canada, nous les évaluons à 40 pour cent. Pour ce qui est des taux d’intérêt, ils ne sont pas encore astronomiques. Ce n’est pas ça qui va freiner les entreprises dans leurs projets.» 

«Mais le manque de personnel, ça affecte tout le monde. Les ressources humaines, c’est à cocher quand on veut lancer un projet de développement.» 

Sébastien Mc Mahon

Plus inquiétant que les taux d’intérêt, que l’inflation et les risques d’une récession. 

«Il faut savoir recruter. Maintenant, avec le travail à la maison, c’est plus facile de recruter à l’étranger ou ailleurs au Canada, explique-t-il. Aussi, avant de faire des mises à pied lors d’un ralentissement ou d’une perte de contrat, les entreprises devront y penser à deux fois. Il y a un risque que les employés soient partis ailleurs quand viendra le temps de les rappeler au travail...»  

«Les entreprises québécoises devront aussi combler leur retard en innovation, notamment par rapport à l’Ontario. C’est un défi additionnel. Elles doivent regarder davantage du côté de l’automatisation et de la robotisation.» 

Le coup de chapeau : Des résultats financiers en rafale 

On a eu droit à un tsunami de résultats financiers d’entreprises québécoises la semaine dernière. Avez-vous vu débouler ça? 

J’y vais donc en rafale pour rendre le défilé plus dynamique : 

  • Uni-Sélect inc. (TSX: UNS) : des ventes de 444,3 millions $ au deuxième trimestre, en hausse de 27,9 millions $ ou 6,7 % par rapport à la même période l’an dernier. Depuis le début de l’année, les ventes ont atteint 853,9 millions $, en hausse de 67,4 millions $ ou 8,6 % en comparaison avec les six premier mois de 2021. Les cibles 12 mois en hausse: 43 $ Banque Nationale; 47 $ Desjardins. 
  • Logistique Corporation (TSX : LGT.A) : au deuxième trimestre de 2022, les produits consolidés se sont établis à 219,0 millions $, soit une hausse de 46,5 millions $, ou 26,9 %, par rapport à ceux de la période correspondante de 2021. 
  • Compagnie Électrique Lion (TSX: LEV) : un bénéfice net de 37,5 millions $ au deuxième trimestre. En 2021, pour la même période, le fabricant de véhicules tout électriques avait essuyé une perte nette de 178,5 millions $. Des livraisons moins importantes que prévues. Les cibles en baisse à 9 $ chez Banque Nationale et Desjardins. 
  • Bombardier inc (TSX: BBD.B) : la prévision de flux de trésorerie disponibles pour l’ensemble de l’exercice 2022 passe de plus de 50 millions $ à plus de 515 millions $. La cible 12 mois chez BMO : 63 $.
  • Cascades (TSX : CAS) : une hausse en un an de ses ventes, qui sont passées de 956 millions au deuxième trimestre de 2021 à 1,119 milliard cette année. Un bénéfice d'exploitation de 32 millions $, par rapport à une perte de 4 millions $ au T1 de 2022 et à 23 millions $ au T2 2021. 
  • BCE (TSX : BCE) : 110 761 activations nettes d'abonnés utilisant des téléphones mobiles, soit une hausse de 139,5 % au deuxième trimestre par rapport à celui de l’an dernier. Taux trimestriel de désabonnement des «services postpayés» de 0,75 %, «du jamais-vu», dit la compagnie. La cible 12 mois : 75 $ selon BMO. 
  • Groupe Stingray Inc. (TSX : RAY.A et RAY.B) : pour le premier trimestre de 2023, un bénéfice net de 9,4 millions $ (ou 0,13 $ par action) comparativement à 4,2 millions $ (ou 0,06 $ par action), au premier trimestre de 2022. La cible est à 8 $ selon Yahoo Finance. 



Le fabricant québécois de trains d’atterrissage Héroux-Devtek a présenté des chiffres décevants pour le premier trimestre clos le 30 juin.

Le coup de gueule : Le cauchemar de Héroux-Devtek  

Présenter des résultats financiers ne comportant presque aucun chiffre positif, me semble qu’on doit le faire à reculons. 

C’est à cet exercice que la direction du fabricant québécois de trains d’atterrissage Héroux-Devtek (TSX : HRX) a dû se soumettre en dévoilant ses chiffres pour le premier trimestre clos le 30 juin. Cauchemar… 

Les ventes ont diminué pour s'établir à 114,1 millions $, par rapport à 126,2 millions de dollars il y a un an. Le résultat opérationnel s'est chiffré à 2,6 millions $, comparativement à 10,8 millions $ pour la période correspondante de l'exercice précédent. 

Le BAIIA ajusté s'est établi à 11,4 millions $, alors qu’il était à 20 millions $ il y a un an. Le bénéfice par action s'est établi à 0,03 $, comparativement à 0,19 $ pour la période correspondante de l'exercice précédent. 

«Nous sommes déçus de nos résultats du premier trimestre», se désolé Martin Brassard, président et chef de la direction de Héroux-Devtek. 

«Le contexte dans lequel nous évoluons demeure difficile compte tenu de la pandémie et d'autres facteurs à l'échelle mondiale qui continuent d'engendrer des problèmes d'absentéisme et des perturbations dans nos installations et notre chaîne d'approvisionnement, ce qui influe sur notre capacité à livrer les produits à un rythme constant.» 

Martin Brassard

Le comble, c’est que le dévoilement de ces chiffres peu reluisants a éclipsé l’annonce le même jour d’un contrat prévoyant la réparation et l'entretien des trains d'atterrissage des avions F/A-18E/F Super Hornet et EA-18G Growler de Boeing dans le cadre du contrat d'entretien que celle-ci s'est vu octroyer par la marine américaine en 2021. 

Le contrat, dont la première partie couvre 40 avions, devrait par la suite faire l'objet d'options et vise le soutien de l'ensemble de la flotte de la marine américaine qui compte plus de 600 avions. 

«Notre carnet de commandes demeure solide, ce qui nous permettra d'augmenter nos ventes au cours des prochains trimestres», a mentionné M. Brassard. 

L’analyste Benoit Poirier, de chez Desjardins, en a rajouté en abaissant sa cible de 27 $ à 25 $.  «Un débit plus faible en raison de problèmes d'exploitation a entraîné une réduction des marges», écrit-il. 

«Nous pensons que HRX offre une proposition de valeur convaincante, avec un valorisation et un bilan sain.»

L’action de Héroux-Devtek a connu un printemps assez difficile. Au début d’avril, le titre se situait plus de 17 $. Il tourne autour des 13 et 14 $ depuis la mi-juin.

La citation de la semaine : Éric La Flèche, président de Metro (TSX : MRU) 

«La modernisation de notre chaîne d’approvisionnement est sur la bonne voie. La transition vers notre centre de distribution de produits surgelés entièrement automatisé à Toronto est maintenant terminée et la mise en service de ce nouveau centre progresse bien. =» 

La p’tite vite! GURU joue au basketball 

GURU Organic Energy Corp. (TSX : GURU) a conclu son premier partenariat sportif, à titre de boisson énergisante officielle du Championnat de la Ligue élite canadienne de basketball (LECB), la fin de semaine dernière à Ottawa. Ce partenariat avait pour but d'accroître la notoriété de GURU sur la scène canadienne. 

Le chiffre à retenir: MTY achète aux États-Unis : 200 millions (US) 

Le Groupe d’Alimentation MTY a réalisé une importante acquisition en mettant la main sur BBQ Holdings pour 200 millions $ US, (257 M$ CAN). Établie au Minnesota, BBQ exploite des établissements dans 37 États aux États-Unis, au Canada et aux Émirats arabes unis. 


*Attention 

Il est important de noter que cette rubrique ne contient aucune recommandation d’achat ou de vente à l’égard des actions mentionnées. Nous vous incitons à consulter votre conseiller financier. 

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