Les organisateurs de la dernière Coupe du monde de vélo de montagne UCI Mercedez-Benz ont estimé à près de 20 000 le nombre de spectateurs lors de la dernière fin de semaine, un franc succès dans le contexte difficile des derniers mois. Le spectacle fut excellent jusqu'à la toute dernière fraction de seconde.
Le vélo de montagne, comme tous les sports extérieurs, est en forte progression depuis le début de la pandémie. En 2020, Vélo Québec chiffrait d’ailleurs à 1,1 million le nombre de ses fidèles, en hausse de 480 000 depuis cinq ans. La tendance à la hausse n'a pas été inversée depuis.
Le groupe des 18-34 ans représente évidemment la tranche d’âge la plus importante, avec 516 000 participants, suivie de près par les 35-54 ans à 461 000 adeptes et les 55-74 ans avec 121 000 passionnés.
Les débuts
Développée en Californie dans les années 1970, la bicyclette de montagne ou le vélo tout terrain, alias le «sport des casse-cou» pour reprendre l’expression utilisée dans les médias québécois de l’époque, en a fait du chemin depuis ses premiers balbutiements.
Au début des années 80, on comptait sur les doigts d’une main le nombre de participants dans la région de Québec. Dans les pages du plus vieux quotidien de la Capitale en 1989, Patrice Drouin, figure emblématique de ce sport à Québec et ex-président de l’Association québécoise du vélo de montagne (AQVM), résumait ainsi la pratique du vélo de montagne dans notre ville au tournant de la décennie 80 :
«En [19]83, personne ne connaissait vraiment le vélo de montagne et les gens d’affaires n’y croyaient du reste pas, disait alors Drouin. […] Il y avait, à toutes fins utiles, autant d’adeptes au Québec que de vélos de montagne au Québec, c’est à dire aucun.»
Pour reprendre les mots de Marc Engel, pionnier du vélo de montagne dans la capitale, les vélos eux-mêmes étaient quasi introuvables. «Quand j’ai eu brisé assez de 10-vitesses, le Québec a sorti les premiers bons vélos de montagne, racontait Engel. Je me suis mis à la tâche et j’ai passé sept dérailleurs en trois mois.»
Les pistes, minimalistes elles aussi, se limitaient souvent aux sentiers aménagés par les centres de ski dans les saisons mortes, au Mont Sainte-Anne, à Saint-Castin, à Duchesnay, dans Portneuf et à Sainte-Foy.
Une progression
Moins d’une décennie plus tard, en 1989, Patrice Drouin estimait à près de 3000 le nombre de Québécois passionnés par le vélo de montagne et à près de 100 000 le nombre de tout terrain qui sillonnaient les routes et sentiers du Québec. Le nombre de sentiers rocailleux et de descentes abruptes où ils pouvaient s'exercer et pratiquer leur sport a suivi la même tendance.
Les mordus de vélo de montagne s’emballent quand on leur parle de la multiplication et de la spécialisation des centres de ce sport dans la région. Empire 47, le Massif, le Mont Sainte-Anne, la Vallée Bras-du-Nord et les Sentiers du Moulin ont fait de Québec une plaque tournante de ce sport au Canada. Une fierté pour les défricheurs du début des années 1980.
La Vallée Bras-du-Nord (VBN) vient d’ailleurs d'inaugurer un nouveau parcours, la Godzilla, une piste de 3,2 kilomètres qui enchaîne sauts et virages difficiles réservés aux pilotes expérimentés. Les images acheminées aux médias sont spectaculaires. Le parcours sera d’ailleurs l'hôte de l’épreuve de descente des Crankworx Summer Series Canada le 4 septembre prochain.
La Coopérative de solidarité, modèle en son genre dans le tourisme durable, est d’ailleurs en train de construire une autre piste à sauts de calibre intermédiaire pour 2023, sans compter les différents projets des autres centres de la région.
Le vélo de montagne n'a donc pas fini de gagner en popularité dans la province et Québec est loin d'avoir dit son dernier mot!