«Chaque pays développe ses propres orthèses et ses propres prothèses», explique Marie-Ève Croteau, triple championne du monde de paracyclisme. Elle ajoute que certains pays sont beaucoup plus avancés que d’autres au niveau de ces équipements, ce qui donne un avantage à leurs athlètes. Absente de la compétition en raison d’un problème de santé, l’athlète originaire de Québec utilise une orthèse pour son bras droit.
Son orthèse est fabriquée par l’entreprise québécoise TOPMED qui collabore avec Marie-Ève depuis quatre ans déjà. Présent sur le site de compétition, Dominic Lemelin, technologue en génie mécanique pour TOPMED, explique que l’entreprise utilise une imprimante 3D afin d’obtenir une orthèse sur mesure. «Notre objectif n'est pas seulement de produire une orthèse légère et confortable. On doit également s’assurer qu’elle puisse se fixer facilement au vélo», précise-t-il. Marie-Ève considère que son orthèse est l’une des mieux conçues sur le circuit de la Coupe du monde.
Questionnée au sujet de cette course technologique, Louise Lalonde, commissaire de l’Union cycliste internationale (UCI) est enthousiaste. «Depuis le début de ma carrière en 2003, j’ai vu une grande évolution au niveau des équipements. Cette évolution a permis de développer des vélos à bras, des tricycles et des tandems adaptés à la réalité des athlètes, ce qui favorise la participation d’un plus grand nombre de personnes», raconte-t-elle. Avant chaque épreuve, les vélos font l’objet d’une inspection minutieuse par les commissaires de course.
Deux médailles en tricycle
En tricycle, dans la classe T1, la Canadienne Shelley Gauthier est parvenue à décrocher la médaille de bronze. Elle a complété l’épreuve à un peu plus de quatre minutes de la gagnante, la Mexicaine Dulce Gonzalez-Guerrero. Dans la classe T2, sa compatriote Thuy Do a été contrainte à l’abandon. C’est la deuxième médaille de Gautier à cette Coupe du monde. Elle avait également remporté la médaille de bronze lors de l’épreuve du contre-la-montre individuel vendredi.
Du côté des hommes, le Québécois Louis-Albert Corriveau-Jolin s’est donné une note de 9 sur 10 pour sa course dans la division T1. Au terme d’un effort d'une heure douze minutes, il a franchi la ligne d’arrivée en huitième position. Dans la classe T2, la fin de course fut enlevante. Nathan Clement de la Colombie-Britannique s’est imposé, au sprint, devant l’Espagnol Gonzalo Garcia-Abella pour remporter sa deuxième médaille d’argent de la fin de semaine. Clement, qui en était à une première expérience sur le circuit de la Coupe du monde, se disait très satisfait de sa course. «La foule m’a donné beaucoup d’énergie et je suis très content d’avoir été en mesure de sprinter à la fin. Le parcours me plaisait beaucoup». Il sera du départ des championnats du monde la semaine prochaine à Baie-Comeau.
Le Canada bien représenté en vélo à bras
Il y avait une seule Canadienne en action samedi, en vélo à bras. Il s’agissait de Kara Douville dans la classe H4. L’athlète originaire de Calgary a terminé en cinquième place, à cinq minutes et 47 secondes de la Suissesse Sandra Stockli. Chez les hommes, toujours dans la classe H4, Michael Trauner prenait part à sa toute première course sur le circuit de la Coupe du monde. Il a terminé en treizième position.
Chez les hommes, le meilleur résultat de la journée revient à Matthew Kinnie, qui s’est hissé au quatrième rang d’une course âprement disputée dans la classe H2. C’est d’ailleurs un accrochage entre Florian Jouanny (France) et Luca Mazzone (Italie) lors du second tour qui a permis à l’Espagnol Sergio Garrotte Munoz de filer vers la victoire avec un chrono d'une heure, 21 minutes et 31 secondes. Kinnie, qui reprenait la compétition après un arrêt forcé en raison d’un diagnostic positif à la COVID-19, s’est dit très satisfait de sa performance.
«Je voulais voir en quelle forme je me trouvais. Tout au long de la course, j’ai bataillé avec l’athlète israélien [Amit Hasdai]. Je suis parvenu à le distancer dans la côte, ce qui montre que ma forme est bien revenue».
La foule était au rendez-vous pour la dernière épreuve de la journée. Trois Canadiens prenaient le départ de la course en ligne dans la classe H3. Toutefois, trois Italiens ont volé la vedette en raflant les trois places sur le podium. Le meilleur résultat canadien revient à Joey Desjardins avec une sixième place, chaudement disputée au sprint avec le champion du monde en titre, le français Riadh Tarsim. «Riadh m’avait battu trois ou quatre fois au sprint dans des courses précédentes. Mais pas cette fois ! La foule m’a donné de l’énergie tout au long de la course», raconte-t-il, tout sourire, après un effort de près de deux heures. Le Québécois Charles Moreau a terminé en troisième position alors que l’autre Canadien, Alex Hyndman, a été contraint à l’abandon.
Une journée exigeante
Les athlètes sont unanimes: le parcours de 8,8 km dans les rues de Charlesbourg, qui comprend une quinzaine de virages, un faux plat montant de plusieurs km et une côte dont le dénivelé est de 11% sur la 7e Avenue, est exigeant. La distance de la course en ligne variait entre 26,4 km (3 tours) et 61,6 km (7 tours). «Il fallait serrer les dents», mentionne Florian Jouanny, médaillé d’argent de la course en ligne dans la classe H2. Les athlètes devaient également composer avec la chaleur intense au milieu de la journée, le thermomètre affichant 30 degrés Celsius.
Des performances satisfaisantes
Questionné au sujet de la performance de la délégation canadienne, l’entraîneur-chef Sébastien Travers s’est dit très satisfait jusqu’à présent. Au classement des médailles, le Canada compte actuellement sept médailles (une en or, deux d’argent et quatre de bronze) après les trois premières journées de compétition. L’entraîneur-chef est confiant que ce nombre puisse augmenter. En effet, douze athlètes du Canada, en vélo standard et en tandem sont en action dimanche. Les athlètes vont parcourir une distance allant de 52,8 à 96,8 km.