«On court les bargains!» Colette accompagne son conjoint Michel à la sortie de l’épicerie. Comme la majorité des clients rencontrés par Le Soleil jeudi, pour pallier la hausse de prix des aliments, Colette et Michel restent à l’affût des rabais.
En ligne ou papier, les circulaires ont la cote.
Si la qualité des aliments, surtout la viande, représente un facteur important pour plusieurs consommateurs, le prix demeure pour eux un élément qu’il est impossible d’ignorer. «On prend le soin de comparer, on magasine, de dire Michel. On va au IGA, au Super C, à la Fruiterie 440. On est retraités, alors on a le temps.»
Même en planifiant adéquatement l’épicerie, le couple admet ressentir les effets de la hausse des prix des derniers temps… et se considère surtout très chanceux de ne pas avoir plus de bouches à nourrir. «On ne sait pas comment les jeunes familles font pour arriver, laisse tomber Colette. Ça doit être terrible.»
Des prix explosent
À la fois par leur côté essentiel et quotidien, les produits d’épicerie constituent le poste de dépenses le plus anxiogène pour les consommateurs québécois quand les prix grimpent, comme en ce moment. Le sujet provoque un sommet de préoccupation avec 88 % des répondants interrogés par SOM qui se disent assez ou très inquiets de cette hausse.
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Presque la moitié des Québécois sont dans le camp des très inquiets.
On surpasse les niveaux d’inquiétude exprimés pour la hausse du prix de l’essence et des taux hypothécaires, transport et habitation s’avérant deux autres postes de dépenses-clés d’un ménage.
En un an, de juin 2021 à juin 2022 selon Statistique Canada, le prix moyen des poitrines de poulet a explosé de 42 % au Québec, celui de la laitue iceberg de 40 %, 30 % de plus pour la mayonnaise, 28 % le ketchup, 24 % le beurre, 16 % le pain blanc et 14 % les pommes. Pour ne nommer que ces items de base.
Des 1147 sondés, seulement 1% se sont déclarés pas du tout inquiets de la hausse du prix des produits d’épicerie.
Trancher plus mince
Selon Augustin, employé d’une épicerie IGA, la flambée des prix affecte plus que jamais les consommateurs. Au comptoir des charcuteries, où il travaille la plupart du temps, les prix ont drastiquement augmenté… de même que les plaintes des clients.
Même pour le similipoulet et le baloney, note Augustin. On emballe le même nombre de tranches, mais on tranche plus mince.
Scénario similaire au rayon du prêt-à-manger, où les quantités ont diminué pour que les prix en fassent de même, ou encore qu’ils se maintiennent. «On n’a pas le choix de jouer avec les portions, poursuit l’employé. Surtout pour les personnes âgées et les personnes seules.»
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Si FoodHero, application mobile à laquelle participent plusieurs IGA et Metro de la région de Québec pour écouler leurs surplus, permet d’offrir des rabais supplémentaires aux consommateurs adhérents, la solution ne semble pas suffisante.
Malgré les efforts déployés, Augustin estime que le commerce accuse beaucoup de pertes d’aliments, trop dispendieux pour trouver preneur, à son avis. «Beaucoup de produits expirés, ou sur le point de l’être, finissent au compacteur à déchets.»
Une tendance lourde
Le sondage montre que les plus inquiètes de la hausse du prix de l’épicerie sont les femmes, à 92 %. Aussi bien dire presque toutes les Québécoises. C’est 83 % du côté des hommes.
La tranche des 35 à 54 ans, femmes et hommes, est aussi inquiète à 91 %. Tendance très lourde.
«Dans cette tranche d’âge, règle générale, ils ont une hypothèque active avec beaucoup de solde, ils n’ont pas atteint leur plein potentiel salarial dans leur vie. [...] Mais ça reste que c’est quand même plus que 8 sur 10 dans toutes les strates d’âge», souligne le vice-président et chef de la stratégie d’affaires chez SOM, Éric Lacroix.
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Le prix croissant des produits d’épicerie «fait des ravages» et se ressent jusque dans les locaux des banques alimentaires.
À la mi-juillet, la directrice générale de Moisson Québec, Élaine Côté, rapportait au Soleil que l’organisme croulait sous les demandes d’aide alimentaire, dont la courbe est en augmentation depuis le printemps. De 35 000 requêtes mensuelles avant la pandémie, Moisson Québec en enregistrait 63 000 en mars dernier. La hausse se poursuit encore et la tendance ne semble pas en voie de s’inverser.
C’est que «les ménages qui arrivaient tout juste n’arrivent plus en raison de la hausse du coût de la vie», regrettait Mme Côté.
JEUDI: La hausse des taux hypothécaires dégonfle des rêves
MERCREDI: Le prix de l’essence inquiète plus en région
MARDI: L’inflation préoccupe les Québécois
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