Analyste de la scène politique québécoise depuis plusieurs années, elle a toujours été d’une grande indépendance et probité dans le métier qu’elle a exercé. Sa décision de se présenter sous les couleurs de la CAQ dans la circonscription des Chutes-de-la-Chaudière, à la demande du premier ministre François Legault, pose toutefois des problèmes.
Ceux-ci concernent d’abord et avant tout le journalisme. Celui-ci traverse des moments difficiles. Il est déjà soupçonné par bien des gens de faire partie d’un système bien huilé. Chaque mouvement du genre ajoute à la suspicion de certains.
Martine Biron sait tout cela. Elle a tout de même choisi de faire ce saut, non sans s’être vraisemblablement elle-même beaucoup interrogée là-dessus. Elle s’en expliquera la semaine prochaine lors de la confirmation officielle de sa candidature dans Chutes-de-la-Chaudière en vue des élections du 3 octobre.
Elle n’est pas la première de ce métier à effectuer cette traversée, cela étant. Bien des journalistes l’ont fait avant elle. René Lévesque demeurera sans doute longtemps le cas le plus illustre au Québec.
Ces dernières années, les exemples ont cependant été nombreux et c’est ce qui pèse dans la balance aujourd’hui. Pensons à Bernard Drainville et à Pierre Duchesne, qui sont passés de journalistes à candidats du Parti québécois avant d’être élus et nommés ministres dans le gouvernement de Pauline Marois.
Pensons à la libérale Christine St-Pierre ou au solidaire Vincent Marissal, bien que ce dernier ait exercé une autre fonction entre son premier métier et la politique.
Pensons, tout récemment, à celle qui portera les couleurs de la CAQ dans Charlevoix–Côte-de-Beaupré pour le prochain scrutin et qui était jusqu’à peu journaliste à TVA Nouvelles à Québec, Kariane Bourassa.
Tous ces départs font plus mal à la profession de journaliste qu’à quoi que ce soit d’autre.
Tous les partis veulent des candidats qui pourraient être des ministres des Finances. Tous les partis veulent pouvoir présenter des candidats possédant une expérience du monde des affaires. Tous les partis veulent pouvoir compter sur des recrues ayant une expérience de négociateur dans le monde du travail ou de diplomate sur la scène internationale, ainsi que sur des candidats provenant de divers milieux. (Jusqu’à il y a peu, tous voulaient des candidats issus du système de santé pour diriger le ministère concerné, mais ça, c’est autre histoire...)
Tous les partis sont toujours en quête de candidats à la notoriété publique déjà établie.
Tous les partis rêvent de recruter des journalistes parmi leurs 125 candidats parce que la politique est avant tout une bataille permanente de communication.
Bien honnêtement, il s’agit d’un problème pour le milieu journalistique. Pas pour le monde politique.
Bernard Drainville a eu l’occasion de démontrer qu’il était un politicien qui pouvait compter dans l’espace politique. Tout comme Christine St-Pierre, qui avait elle aussi été longtemps journaliste.
Une boucle s’est bouclée depuis 10 ans. En effet, quelle est la tendance dans les médias ces dernières années? Elle est à recruter... d’ex-politiciens pour commenter l’actualité politique.