Chronique|

Quand les papes nous parlent de sport

Le pape François était en visite à Québec

CHRONIQUE / Sans grande surprise, le sport, source de distraction de l’âme jadis honnie par la religion catholique, est totalement absent de la couverture médiatique entourant la visite du pape François au Canada. Le dossier des pensionnats autochtones a, on peut le comprendre, relégué aux oubliettes tous les autres sujets secondaires comme le sport.


Défile pourtant devant nous, cette semaine, un fan fini de soccer et du sport en général, peut-être l'un des plus ardents défenseurs de la pratique sportive collective de tous les souverains pontifes à nous avoir rendu visite depuis plus de 50 ans. 

La lettre ouverte signée par le Saint-Père, lors des Jeux de Tokyo, en 2021, n’a été qu’une des nombreuses démonstrations publiques de son penchant favorable envers les sports faites depuis son élection au pontificat en 2013. 

Adressée aux athlètes olympiques, la missive du pape François publiée dans La Gazzetta dello sport, grand quotidien sportif italien, était une véritable ode aux sports. «Quand je vous regarde, avec une certaine admiration pour ce que vous réussissez à faire, je pense que le sport, avant même de construire une personnalité, la révèle», avait alors écrit sa Sainteté. 

Saluant le «rôle précieux que le sport rend à l’humanité», on l'a aperçu tantôt aux cotés de Lionel Messi, tantôt avec un ballon de basketball tournant sur l'un de ses doigts, flanqué des membres de l'équipe des Harlem Globetrotters!

Sur le terrain du sport, le pape François est allé beaucoup plus loin que plusieurs de ses prédécesseurs. Depuis Pie XI, surnommé le pape alpiniste, les avancées ont été rapides en cette matière, en particulier dans la seconde moitié du 20e siècle. Dès 1903, le pape Léon XIII décrivait le sport comme «un moyen de communication». Un peu plus de soixante ans plus tard, en 1964, Paul VI affirmait que l’Église voyait dans le sport «une gymnastique des membres et de l’esprit. C’est pourquoi elle l’admire, l’approuve et l’encourage».

Des papes plus nuancés

Pas le plus enthousiaste sur le même sujet, Benoît XVI avait de son côté comparé les sports collectifs à une «école du respect de l’autre», affirmant au passage que le ski en montagne permettait de «contempler la création et la grandeur de Dieu»!

Il y a peu, Jean-Paul II, pourtant un grand sportif dans sa jeunesse, exprimait encore les inquiétudes de l'Église par rapport à la pratique trop répandue du sport le jour du Seigneur. «Lorsque le dimanche est subordonné à un concept populaire de week-end et se voit indûment dominé par les loisirs et le sport, les gens, au lieu d’été véritablement sanctifiés et revigorés par la foi, restent pris au piège d’une poursuit sans relâche et souvent futile de la nouveauté», avait déploré le pape skieur devant des évêques néo-zélandais en 2004.

La pratique sportive le dimanche a de tout temps été un sujet de grief dans l'église catholique. En 1951, Pie XII, mettait en garde les fidèles contre le «culte de la matière», priant les rédacteurs sportifs francophones du monde entier d’écrire avec «sobriété» en rapportant les événements de sports. Concernant la pratique du sport le dimanche, le passionné de natation affirmait alors ne pas la défendre, «à la condition, toutefois, que le dimanche demeure toujours la journée du Seigneur».

En 1960, Jean XXIII reconnaissait lui aussi les bénéfices que pouvaient avoir les sports après les offices religieux dominicaux. «Il est conforme à la loi divine qu’après avoir rendu à Dieu ce qui appartient à Dieu, l’humanité accorde également une détente légitime au corps et à l’esprit», avait dit le «gentil pape»... sous réserve de ne pas manquer aux devoirs religieux!

Le pape François a très rarement abordé la question, se contentant de dénoncer les «dérives» du sport : la place de l’argent, le dopage, la corruption et la violence dans les stades, pour en citer quelques exemples.

Même si le sport a été complètement éclipsé de la conversation depuis le début de cette visite papale, la place qu'il occupe au Vatican n'a fait que prendre de l'ampleur depuis 50 ans. 

Ce n'est peut-être que partie remise, comme on dit en langage de sports!