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Ou était-ce le canot, c’est la vie? Chose certaine, j’ai entendu cette phrase plusieurs fois au cours d’une expédition dans la réserve faunique de La Vérendrye, en Outaouais.

Moi qui ai encore des croûtes à manger pour pagayer, citadine amoureuse de plein air, mais qui sort la tente de façon exceptionnelle, j’ai envie de croire notre guide, Éric Laforest, sur parole.

Cet enseignant en éducation physique n’a pas assez d’emmener ses élèves en plein air pendant l’année scolaire, il guide des groupes pendant la saison estivale. Cette fois, il accompagne notre bande de journalistes aux côtés de Jeff Thuot, un expert du canot, et de Martin Lavoie, un employé de la Sépaq.

Lundi matin, la journée s’annonce magnifique. On s’attend pourtant à de fortes pluies dès le lendemain. On ne peut pas prévoir un tel déluge avec un ciel si parfait, blague-t-on durant le trajet d’environ quatre heures au départ de Montréal. Oh, mais que si.

Le lac Jean-Péré s’étire droit devant nous, avec la promesse de nous faire quitter momentanément le tourbillon du quotidien. Initialement, nous projetons de réaliser le circuit Antostagan (36 km) et de dormir à deux endroits pendant le séjour.

Mais d’abord, il faut déposer notre matériel dans un baril de 60 litres et un sac étanche.

Voyager léger est un art que je ne maîtrise pas tout à fait encore. Je réussis néanmoins à apporter le nécessaire pour ces deux nuitées au loin. Ce même baril servira aussi à mettre collations et dentifrice pendant la nuit afin d’éviter d’attirer les animaux, dont les ours.

Jeff Thuot nous livre quelques informations sur la réserve faunique de La Vérendrye, dont une partie se trouve en Abitibi-Témiscamingue.

Notre trajet prévoit deux portages ; l’un de 215 mètres nous permettant d’accéder au lac Choisel et l’autre de 385 mètres… où certains collègues arriveront encore à capter un peu de signal. Au fil de l’eau, certains d’entre nous n’auront pas le choix de se mouiller les pieds pour passer par-dessus un barrage de castor.

Nous arrivons en fin d’après-midi à notre premier site de campement, avec l’agréable impression que nous sommes (presque) seuls au monde. La quiétude s’installe avec le rythme lent de la nature.

Ici, pas de bloc sanitaire ni même de toilette sèche : c’est un baril planté dans la terre qui fait office de toilette. On nous propose de coucher la pagaie sur le sentier afin d’indiquer que quelqu’un y est déjà.

Après un repas cuisiné par de grands chefs, nous retournons dans la baie profiter des dernières lueurs du jour et des huards qui glissent sur l’eau… ce genre de moments qui rappellent pourquoi nous sommes là. Seul le rire de ma collègue vient troubler le silence ; je m’esclaffe sans savoir pourquoi elle rit. Plus tard, alors que nous nous apprêtons à fermer l’œil pour la nuit, ce sont les huards qui nous offrent leur concert.

Jour 2

Malgré tous nos espoirs, les prévisions ne se trompent pas. J’en suis encore à défaire ma tente lorsque quelques gouttes se mettent à tomber. Nous profiterons tout de même d’un avant-midi de fine pluie, nous laissant croire que ce ne sera pas si mal. Le décor a partout la même teinte, à la nuance près qu’ici, un huard surgit ; là, une sarcelle fend le ciel. Les scènes défilent avec un pouvoir hypnotisant.

Au dîner, nos guides font un feu pour que nous puissions nous réchauffer. Petit instant de répit avant d’aller nous faire tremper davantage cette fois. N’empêche : les eaux sont calmes. Jeff a tout de même revu l’itinéraire à la baisse. J’avoue que je ne suis pas fâchée de toucher terre, vers 14 h 30, et de pouvoir me mettre au sec. C’est fou comment, dans un tel contexte, on revient aux besoins de base, philosophe un collègue, pendant que je pense exactement la même chose.

Nous passerons finalement le reste de la journée regroupés sous une tente moustiquaire à jaser et à rire tandis que nos guides se démènent pour nous préparer tout un repas. Je constaterai plus tard avec bonheur que mon sac de couchage, lui, est demeuré au sec, m’assurant une bonne nuit de sommeil.

Jour 3

Nos vêtements sont encore mouillés, mais le soleil, lui, est, de retour, nous permettant de terminer l’excursion en beauté. La fin du périple s’annonce courte ; un camion viendra nous chercher à un point de rencontre. Éric, mon partenaire de canot, parle de ses difficiles retours au quotidien lorsqu’il revient d’une expédition. Je comprends. C’est un peu rapide, tout de même, ce retour à la civilisation…

La chroniqueuse était l’invitée de la Sépaq.

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+ Bon à savoir

La réserve faunique de La Vérendrye est un vaste territoire de près de 13 000 km carrés comptant plus de 4000 plans d’eau. L’accueil du canot-camping, Le Domaine, est situé à environ une heure de Mont-Laurier, à Lac-Pythonga.

Il est toujours préférable de réserver son circuit de canot-camping à l’avance pour éviter un débordement sur certains circuits plus populaires. La réserve compte plusieurs points de sortie, utiles pour façonner son itinéraire, selon les conditions de vent ou la fatigue.

« Ici, ce qui est génial, c’est que tout s’interconnecte. On peut partir pendant des mois. C’est la grande beauté de toute la réserve », explique Jeff Thuot.

Les canoteurs peuvent aussi louer l’équipement nécessaire. On trouve des parcours pour tous les niveaux, de débutant à avancé. On n’offre cependant pas d’expédition guidée pour le moment. Un service de navette est disponible sur réservation pour le canot-camping.

L’importance du Sans trace

Une simple canne de conserve abandonnée autour d’un feu peut se transformer en blessures multiples pour des animaux, nous sensibilise Jeff, qui nous montre une canne ouverte laissée derrière et dont le couvercle n’a pas été arraché. Un renard (ou tout autre animal) aura le réflexe d’aller sentir et de s’y mettre le nez à votre départ, explique celui qui a déjà trouvé un renard blessé par un tel déchet. Comme quoi un petit geste banal peut s’avérer lourd de conséquences.

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