Aux abords du chantier, nous sommes accueillis par le cofondateur et président de QScale, Martin Bouchard, et le directeur de la sécurité, Martin Avoine. Une fois équipés de chaussures de sécurité, d’un casque et d’une veste de sécurité, nous commençons la visite. 

Mais avant, les dirigeants de Qscale préviennent le photographe et le caméraman : certaines parties du chantier sont sensibles et ultra-confidentielles, il sera donc interdit de prendre des images. 

«Le bâtiment que nous allons visiter accueillera des ordinateurs qui coûtent plus cher que la bâtisse elle-même. Certaines choses doivent donc rester confidentielles», explique Martin Bouchard.

QScale veut devenir la référence mondiale en matière de centres de traitement HPC (ou supercalcul) et IA alimentés grâce à l’énergie propre. Le chantier de la phase 1 est évalué à 160 millions $.

Une centaine de personnes travaillent sur le chantier. À la fin des huit phases, qui s’échelonneront sur sept ans, Qscale aura investi 1 milliard $ pour répondre à la demande de plus en plus grande d’espaces pour des supercalculateurs. 

Système électrique et climatisation 

Pour faire fonctionner cette technologie de pointe, Qscale a construit à côté de l’immeuble Q01 une station électrique qui va alimenter l’ensemble du campus. On parle ici de l’équivalent de 100 terrains de football. 

Nous nous dirigeons par la suite vers le bâtiment de cinq étages qui sera le cœur de toute cette aventure technologique. Un quai et un monte-charge ont été spécialement conçus pour faciliter l’arrivée et l’installation du matériel lourd des futurs clients de Qscale. 

Tous les travailleurs et les visiteurs de Qscale devront franchir un poste de sécurité pour pénétrer à l’intérieur de l’enceinte. Il n’a pas été possible de prendre des images afin de ne pas révéler la structure de l’endroit. 

À l’intérieur, la partie sur la gauche est en bois. Elle hébergera les bureaux de Qscale et des clients sur cinq étages. Ces bureaux seront équipés de grandes baies vitrées recouvertes d’une pellicule intelligente qui s’éclaircira ou s’assombrira selon la luminosité. Pour des raisons de sécurité, les bureaux et l’espace industriel ne sont pas connectés.

Au rez-de-chaussée de l’immeuble, nous parcourons les salles. Il s’agit de toute l’électromécanique du bâtiment (transformateurs, batteries, ondulateurs). Certaines parties sont recouvertes de toiles afin de préserver la confidentialité des lieux.

Dans la salle de refroidissement, cinq énormes climatiseurs prennent place. Il y en aura huit au total. Chacun a une capacité de 550 tonnes. En comparaison, un climatiseur dans une grosse maison est égal à une tonne. «L’air s’en va dans les étages où seront installés les ordinateurs. Les climatiseurs tourneront à plein régime lors de pointes de chaleur à l’extérieur, environ 34 °C», indique le surintendant de la construction, Nicolas Prebinski.

Planchers en béton 

Nous montons d’un étage. Au-dessus de nos têtes, des câbles tout le long des couloirs. C’est par là qu’arrivera l’électricité dont auront besoin les ordinateurs pour fonctionner.

Ailleurs, des tuyaux pour le circuit de refroidissement. Des litres et des litres d’eau vont voyager. La chaleur dégagée par les ordinateurs ira par la suite chauffer les serres du campus l’hiver. 

Nous pénétrons dans la fameuse salle où des mégaordinateurs prendront place. «Ils sont tellement gros qu’un client pourrait louer la salle entièrement», dit M. Bouchard.

La bâtisse possède trois étages avec une salle dédiée aux ordinateurs. La pièce a été conçue de manière à supporter un poids de 450 livres au pied carré (environ 204 kg au mètre carré).

Nous terminons la visite sur le toit. Autour du chantier, des terres agricoles à perte de vue. C’est là que seront construites les serres où pousseront notamment des tomates. 

Nous apercevons également plusieurs générateurs prévus pour pallier la moindre défaillance. 

La phase 1 du projet de Qscale devrait être terminée en décembre. Une trentaine d’employés y œuvreront. À terme, le campus comptera environ 300 salariés de Qscale et au total, avec ceux des clients, entre 500 et 700 personnes. 

Un laboratoire agricole 

Qscale veut devenir un leader mondial en consommation d’énergie propre tout en créant un grand laboratoire pour réinventer l’agriculture. Et Martin Bouchard ne veut pas s’arrêter à recycler la chaleur, il souhaite également utiliser l’intelligence artificielle à son plein potentiel comme créer des robots-cueilleurs afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre dans le milieu agricole. 

Qscale a également des visées ailleurs au Québec pour multiplier les campus à l’image de celui de Lévis.