Évoluer vers un terrain qui nécessite moins d’entretien

L’entretien de son terrain peut paraître important, mais il y a moyen de le réduire considérablement. ­

CHRONIQUE / Trouvez-vous que vous passez trop de temps à entretenir votre terrain? Même que tout votre temps libre y passe? Il serait peut-être temps de regarder comment réduire un peu ces efforts, de viser un terrain qui fonctionne presque tout seul. Je ne pense pas qu’un terrain de banlieue de dimensions typiques qui nécessite zéro entretien existe, mais un terrain qui ne demande que 15, 30, 60 minutes par semaine en moyenne, bien sûr que oui. Voici quelques façons pour y parvenir.


Augmentez la part des végétaux à entretien réduit

La première suggestion pour réduire le travail est de remplacer les plantes qui demandent beaucoup de soins par les plantes qui en ont besoin de beaucoup moins. Et ce sont les arbres qui demandent le moins de soins, suivi des arbustes et des vivaces. Les plus nécessiteux, par contre, sont le gazon et le potager. Je n’ose pas suggérer que vous réduisiez les dimensions de votre potager. Après tout, c’est la source de nourriture fraîche et saine de votre famille! Mais le gazon, oui, on peut facilement trouver des moyens pour réduire son entretien. 

› Les moins exigeants: les arbres

Un arbre demande zéro soin la plupart des années. Après la plantation initiale et les arrosages la première année, le temps qu’il s’installe, c’est le calme plat. De temps en temps, il y a une tempête qui arrache quelques branches, mais souvent ce sont des branches secondaires sans importance. Seulement très rarement a-t-on besoin d’intervenir. Par contre, quand il faut réagir, c’est souvent par personne interposée. Si une grosse branche s’arrache, c’est un arboriculteur qui doit faire le travail. Éventuellement, bien sûr, tout arbre finit par mourir et il faut penser l’enlever… mais probablement pas de votre vivant! 

Évidemment, il faut choisir un arbre adapté à vos conditions. Si vous plantez à l’ombre un arbre qui devrait aller au soleil, ou en sol sec un arbre qui aime l’humidité ou en zone de rusticité 4 un arbre de zone 6, vous compliquez inutilement les choses… et vous vous donnez du travail en conséquence. Restons zen: que des variétés adaptées. Aummmm!

La protection hivernale: inventée spécialement pour vous faire travailler inutilement. 

› Deuxième place: les arbustes

Les arbustes demandent à peine plus de soins que les arbres. Après la plantation initiale et les arrosages la première année, il n’y a presque rien à faire. Personnellement, mon terrain est surtout composé d’arbustes, justement pour cette raison : la sainte paix!

Mais il faut laisser les arbustes prendre leur forme naturelle si vous voulez vous libérer du travail. Si vous décidez de tailler régulièrement pour leur donner une forme quelconque, vous perdez tous les avantages des arbustes. Si, par exemple, quelqu’un vous suggère qu’il faut supprimer les fleurs fanées de votre lilas ou seringat, dites-lui poliment de se mêler de ses propres affaires. Cela n’est jamais nécessaire. L’idée que ce le soit est une invention de jardiniers trop zélés. 

Et la protection hivernale? Quelle idée archaïque! Dites-vous bien que si un arbuste a besoin d’être emballé comme une momie pour passer l’hiver, il vaut mieux qu’il crève. Ainsi vous pourriez le remplacer par un arbuste robuste et rustique que ne nécessite aucune attention l’automne et l’hiver!

Mais le pire exemple de l’abus d’un arbuste est la haie taillée! On prend un arbuste parfaitement capable de pousser sans attention et on commence à le couper de tout bord, tout côté. J’appelle une haie taillée «20 ans de travail acharné». D’ailleurs, après 20 ans de soins méticuleux, la plupart des haies sont tellement stressées par ces interventions qu’elles sont finies, presque irrécupérables, et il faut donc recommencer à zéro. 

Pourquoi ne pas planter plutôt une «haie libre» plutôt qu’une haie taillée? Vous plantez des arbustes en ligne et vous les laissez pousser, tout simplement. Oui, une telle haie sera plus large qu’une haie constamment taillée, mais tellement plus commode! Et vraiment zéro entretien!

Là où les arbustes diffèrent des arbres est que la plupart «se fatiguent» après 7 à 12 ans environ. Ils deviennent trop denses en haut et trop minces en bas et commencent à fleurir moins. C’est là qu’on fait une «chirurgie majeure» : une taille de rajeunissement. Vous rabattez l’arbuste à 15 à 40 cm du sol… puis il repousse tout seul et reste beau encore 7 à 12 ans. Puis vous le répétez. Zéro travail annuel; mais une bonne grosse journée de travail chaque décennie… ce n’est pas si pire, non?



Haie libre de spirées du Japon 

› Entretien intermédiaire

Dans ce groupe, pensons surtout aux vivaces. Vous les plantez et elles reviennent d’année en année, réduisant l’entretien. Parfait! Beaucoup de jardiniers trouvent cela trop facile et alors coupent toutes les feuilles de fleurs vivaces à l’automne, ne comprenant pas que ce n’est pas nécessaire. Un gros effort strictement pour rien. Quelle horreur! 

En effet, avec les vivaces, il n’y a pas vraiment d’entretien régulier, mais… il y a un entretien sporadique. Parfois, on en perd (les vivaces ne sont pas nécessairement éternelles) et il faut alors les remplacer. D’autres deviennent trop larges et il faut alors les diviser. Et une certaine part a une nature envahissante qu’il faut limiter. Malgré tout, les vivaces nécessitent peu de soins comparativement aux annuelles qu’il faut remplacer tous les ans. Et qui nécessitent passablement d’arrosage et de fertilisation alors que les vivaces, habituellement, s’occupent de leur propre entretien. 

De plus, les annuelles finissent par coûter très cher aussi, même si leur coût initial est moindre que celui des autres végétaux, juste du fait qu’il faut toujours les remplacer. 

Deux ou trois vastes platebandes de vivaces robustes (hémérocalles, hostas, phlox, alchémilles, pulmonaires, filipendules, échinacées, etc.) peuvent presque combler un terrain et réduisent énormément son entretien, notamment par rapport à l’entretien de la pelouse.

Et la pelouse?

Justement, la partie du terrain qui nécessite le plus de soins est la pelouse. 

Une pelouse est un milieu archi artificiel. Aucune graminée ne pousse vraiment sous la forme d’un tapis égal de 8 cm de hauteur, ce qui serait la hauteur d’idéale d’après les spécialistes de leur entretien. (Encore moins à 2 cm, la hauteur idéale d’après les maniaques de pelouse «vert de golf» qui ne semblent pas être capables de s’arrêter de «scalper» leur gazon, le laissant en piètre état.) Il faut toujours forcer la pelouse à obéir à nos attentes en faisant une tonte régulière, habituellement hebdomadaire. Puis, il faut offrir des arrosages, des fertilisations, des traitements contre les insectes et les maladies, etc. Vraiment, on n’en finit plus d’intervenir. Je me sens stressé juste à y penser! 

Donc, il me paraît logique que réduire la surface gazonnée soit un but intéressant si l’on veut réduire l’entretien de son terrain. Cependant, force est de constater que la plupart des gens ne sont pas prêts. La pelouse, malgré ses exigences, ses difficultés et ses défaillances, règne encore en roi et maître sur les terrains québécois. Comment alors au moins en réduire l’entretien? 

Voici quelques idées:

  • Acceptez l’idée qu’une pelouse peut être composée d’autre chose que des graminées. Beaucoup de gens acceptent maintenant le trèfle et le thym comme partie intégrante de la pelouse. Mais j’inclus chez moi violettes, crocus, lierre terrestre, scilles, bugle rampante, pissenlits, plantains, etc. Tout ce qui ne pique pas, quoi! Quand on ne fait plus de chasse aux mauvaises herbes, l’entretien baisse considérablement.
  • Faites de l’herbicyclage et laissez les rognures de gazon se décomposer sur place. Vous pouvez éviter complètement la fertilisation si vous le faites. Oui, fertilisation zéro!
  • Engagez quelqu’un d’autre pour s’occuper de la pelouse… ou utilisez une tondeuse robot. J’aimerais bien avoir les moyens de me payer un tel luxe!
  • N’arrosez pas quand il fait sec. Votre pelouse entrera alors en dormance estivale et pourrait même jaunir, mais reverdira avec le retour de la pluie.
  • Enfin, tondez régulièrement, mais à une hauteur d’environ 8 cm: les coupes trop rases donnent un gazon faible qui ne sera jamais beau.

Je vous ai lancé beaucoup d’idées pour faciliter l’entretien de votre terrain en même temps et je m’en excuse. Mais il faut tout simplement comprendre qu’entretenir son terrain n’a pas besoin d’être une corvée. Et qu’avoir un terrain dont vous serez très fier sans y investir plus d’une ou deux heures d’entretien par semaine est parfaitement loisible.

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Plate-bande envahie d’herbe aux goutteux. Notez les feuilles vertes découpées et les fleurs blanches en ombelle. 

DES RÉPONSES À VOS QUESTIONS

ENCORE L'HERBE AUX GOUTTEUX! 

«Ma plate-bande est envahie chaque année par cette plante. Je m’efforce de la déraciner le plus possible, mais elle est tenace.»

— Danièle 

Il s’agit de l’herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria), une plante couvre-sol fort populaire qui devient rapidement une mauvaise herbe redoutable. D’origine européenne, elle s’est échappée de la culture à beaucoup d’endroits à travers le monde, dont au Canada. 

On voit habituellement la forme panachée (à feuillage marbré de blanc) en culture, mais quand la plante se ressème, cela donne des plantes entièrement vertes, comme la vôtre. La plante se répand rapidement par rhizomes souterrains et pose une menace écologique majeure, car elle anéantit la végétation indigène et convertit le secteur en une monoculture. Un jour, notre planète risque de devenir un vaste tapis d’herbe au goutteux si les humains n’agissent pas pour l’arrêter! Malgré cela, on trouve encore l’herbe aux goutteux en vente dans toutes les jardineries. Clairement, il faut la bannir… mais aucune instance gouvernementale ne bouge sur le dossier, et cela, depuis plus de 40 ans. 

Comment s’en débarrasser? Il n’y a pas de façon facile. Même les herbicides puissants comme le dicamba et le glyphosate (Roundup) ne parviennent pas à l’éliminer complètement. L’arrachage tend à augmenter le problème, car le moindre morceau de rhizome resté en terre devient une nouvelle plante. Il y a l’occultation — couper tout soleil à la plante — qui fonctionne, mais c’est un processus lent. Il faut, dès la fonte des neiges, couvrir tout le secteur infesté d’une toile noire qui exclut toute lumière. D’ailleurs, couvrez au-delà du secteur originalement infesté d’au moins 30 cm pour arrêter tout rhizome vagabond qui essaierait de s’échapper de l’ombre de la toile en poussant latéralement. Aussi, il faut une véritable toile noire, une bâche, qui exclut toute lumière. Un géotextile noir ne conviendra pas : il laisse passer de la lumière. Laissez la toile d’occultation en place 12 mois. Après, si à un endroit ou deux, une petite plantule d’herbe au goutteux pâle et sérieusement affaiblie réussit à sortir de terre, arrachez-la. Ce sera le coup de grâce. Par la suite, vous pourriez replanter ce que vous voulez à cet emplacement.

Des questions svp!
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ou par courrier à:
Le jardinier paresseux
Le Soleil
C.P. 1547, succ. Terminus
Québec (Québec)  G1K 7J6

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ENTRETIEN DE LA SEMAINE

  • Pour éloigner les oiseaux et tamias des petits fruits, installez un filet protecteur quand ils s’approchent de la maturité.
  • Assurez-vous que vos tomates ne manquent jamais d’eau, sinon elles peuvent fendiller.
  • Récoltez et faites sécher les feuilles de fines herbes quand vous voyez des boutons floraux, car leur goût est alors à son plus intense.
  • Les limaces peuvent se cacher sous les pots de vos plantes. Vérifiez quotidiennement.

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CALENDRIER HORTICOLE

Vous cherchez des activités horticoles pour meubler vos temps libres? En voici quelques-unes pour les jours qui viennent.

Pique-niques musicaux aux Jardins de Métis

Chaque dimanche jusqu’au 21 août, de 11h30 à 12h15 et de 13h à 13h45, se tiendront les pique-niques musicaux du Conservatoire de musique de Rimouski aux Jardins de Métis, à l’arboretum près de la villa Estevan. Aucune réservation n’est requise. Ce dimanche, 17 juillet, est en l’honneur de la photographe Louise Tanguay et de son œuvre Les Jardins de Métis — Au fil du temps. Apportez votre chaise, votre couverture et votre lunch. Gratuit avec le prix d’entrée. Adresse: 200, Route 132, Grand-Métis, Québec, G0J 1Z0. Tél.: 418 775-2222 Info: jardinsdemetis.com

Pour toute activité horticole, écrivez-nous à courrierjardinierparesseux@yahoo.com.