En juin, le gouvernement du Québec a adopté le projet de loi 32 pour protéger la liberté académique dans le milieu universitaire. «Ces situations à l’Université Laval viennent confirmer qu’il était nécessaire de légiférer à ce sujet», indique la ministre Danielle McCann par écrit.
La loi oblige les universités à adopter, d’ici un an, une politique sur la liberté académique. Elles doivent également former un comité qui supervisera la mise en place de la politique et qui examinera les plaintes en lien avec la liberté académique.
«J’invite donc l’Université Laval et toutes les autres à procéder le plus rapidement possible», affirme la ministre.
Dans les derniers jours, Le Soleil a révélé que deux professeurs de l’Université Laval, Patrick Provost et Nicolas Derome, ont été suspendus huit semaines sans salaire pour avoir tenu des propos critiques envers les vaccins contre la COVID-19. L’Université Laval se refuse à tout commentaire sur la question
La ministre indique que lorsque le comité sera formé, ce sera à lui d'analyser ce genre de situation au cas par cas. «La Loi précise également que la liberté académique s’exerce en conformité avec des normes de rigueur scientifique », affirme Mme McCann.
La FQPPU «dénonce avec vigueur»
La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) «dénonce avec vigueur» la suspension des deux professeurs de l'Université Laval. Elle ajoute que cette situation «est d’autant plus grave et surprenante» qu’elle survient peu de temps après l'adoption de la Loi sur la liberté académique.
«Une institution ne peut se mettre à imposer des sanctions à un universitaire pour des propos qu’il a exprimés si ceux-ci ne contreviennent pas à une loi applicable au Québec [...] C’est par la réfutation que les professeurs et les autres personnes participant à l’enseignement et à la recherche doivent combattre les propos qui s’éloignent des savoirs validés selon des méthodes reconnues», écrit-on par communiqué.
La loi indique que la liberté académique doit permettre d’«exprimer son opinion sur la société et sur une institution, y compris l’établissement duquel la personne relève, ainsi que sur toute doctrine, tout dogme ou toute opinion.»
«La politique ne peut avoir pour effet d’empêcher que des idées et des sujets qui sont susceptibles de choquer soient abordés à l’occasion d’une activité qui contribue à la mission universitaire», peut-on lire.
Lors de l’adoption du projet de loi, Danielle McCann avait déclaré : «Très concrètement, grâce à ce projet de loi, tous les sujets pourront être abordés et tous les mots pourront être prononcés dans un contexte pédagogique.»
La loi a été adoptée dans la foulée du rapport de la Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique qui révélait notamment que 60 % des professeurs affirment s'être censurés en évitant certains mots.