Un patrouilleur des glaces britannique à Québec [VIDÉO]

(Le Soleil, Frédéric Matte)

Le nouveau bateau rouge accosté au quai de Québec depuis lundi est le HMS Protector, seul navire de patrouille des glaces de la Marine royale. Habituellement sur les eaux de l’Antarctique, il entame une «tournée historique» au Canada.


Le navire de recherche de pointe est arrivé lundi soir dans la vieille capitale, il doit participer à des exercices conjoints avec la Garde côtière canadienne et la Marine royale canadienne. 

Plusieurs groupes d’élèves ont déjà visité le bateau et ont pu en apprendre davantage sur sa mission. Le navire sera ouvert au grand public jeudi, entre 13 h 30 et 15 h 30. Tous les passants sont invités à faire un tour à bord. 

À Montréal, l’équipage a accueilli plus de 300 visiteurs et des dizaines de groupes d’écoliers. 

Cette ouverture témoigne de la grande collaboration entre le Royaume-Uni et le Canada. «Il s’agit d’un navire étranger accosté à Québec… nous avons des relations fortes et nous voulons le démontrer en invitant tous les curieux à bord, pour expliquer ce qu’on fait ici», témoigne Victoria Stevens, traductrice engagée sur le bateau pour faciliter les communications et les visites guidées. 

Habitué aux glaciers

Il s’agit d’un premier passage sur le fleuve Saint-Laurent pour le HMS Protector, acheté aux Scandinaves par les Britanniques en 2011. 

Tout juste avant sa tournée au Canada, le navire était près des îles Sandwich du Sud, recouvertes à 80 % de glaciers. La mission consistait à compter et observer les manchots, pour ainsi mieux comprendre les effets des changements climatiques. 

Lors de son passage au Canada, le HMS Protector accueillera des chercheurs britanniques et canadiens pour travailler en Arctique et discuter des différents impacts des changements climatiques. Pendant sa tournée, le navire fait escale à Montréal, Sydney en Nouvelle‑Écosse et St. John’s de Terre‑Neuve‑et‑Labrador.

Il en profite également pour observer et analyser certaines données de notre fleuve. Le HMS Protector est équipé entre autres d'une sonde et d'un drone à la fine pointe de la technologie. 

Parmi leurs principales tâches, le navire et son équipage effectuent des levés hydrographiques pour améliorer la sécurité de la navigation. Ils ont donc pour mission de cartographier les fonds marins. «Certaines cartes de zones dans l’Antarctique datent de 100 ans, elles sont faites sur papier. On passe beaucoup de temps à faire ça pour faciliter notre navigation et celle de nos partenaires», explique Victoria Stevens. 

Une équipe de Royal Marines compose l’équipage, ses membres détiennent une formation d’accompagnateur en montagne et des capacités de plongée spécialisées. Ils sont formés pour gérer tout type d’incident sur le bateau, de l’inondation aux incendies, et ainsi être en mesure de se protéger.

Le navire accueille à bord 60 à 90 personnes, tout dépend du type de mission. Lorsqu’il voyage en Antarctique, plusieurs scientifiques sont invités, par exemple. Le HMS Protector assure aussi la sécurité des nations britanniques et étrangères d’outre-mer.

Il s’agit d’un navire militaire, il se doit donc d’être armé. Lorsqu’il navigue en mer, des soldats armés doivent défendre le bateau des pirates en tout temps. Toutefois, depuis 2011, les armes n’ont jamais été utilisées. «On doit quand même être prudents dans certains secteurs. Il s’agit davantage d’un symbole, pas un besoin», note Victoria Stevens. 

Le couteau suisse

Le HMS Protector est surnommé affectueusement le «couteau suisse» de la Marine royale, parce qu’il est «rouge, polyvalent et toujours là quand on en a besoin». Ces caractéristiques définissent également les relations entre le Canada et le Royaume-Uni, estime Susannah Goshko, haute‑commissaire britannique au Canada, qui participe à la tournée. 

«C’est une relation bilatérale, on peut faire beaucoup de choses ensemble. Nous sommes toujours là quand nous avons besoin l’un de l’autre», ajoute Mme Goshhko. 

Une femme aux commandes

La capitaine Milly Ingham dest au commandes du bateau, il s’agit de la première femme à commander un navire de la Marine Royale. Elle est entrée dans l’histoire l’an dernier, en obtenant le prestigieux poste de navigateur sur le HMS Ocean, qui était à l’époque le plus grand navire de la Marine royale.

La capitaine Ingham a été déployée dans le golfe d’Aden et en Somalie dans le cadre de l’opération Enduring Freedom, après les attentats du 11 septembre 2001, et deux fois en Méditerranée dans le cadre d’un groupe opérationnel de l’OTAN.

Pour la première fois, la Marine royale participera à l’opération NANOOK aux côtés des Forces armées canadiennes. Il s’agit d’un exercice annuel qui vise à «exercer la défense du Canada et à sécuriser ses territoires septentrionaux». 

Des équipages des deux pays prendront part à des formations en cas d’urgence et de catastrophe afin de répondre aux menaces émergentes dans la région. 

Le HMS Protector doit quitter la province de Québec samedi, pour continuer sa tournée.