Kim Barbin, son conjoint et leurs deux jeunes enfants vivent dans un logement du boulevard Ducharme, à La Tuque. Cet hiver, un refoulement d’égouts a causé d’importants dégâts dans le logement voisin au leur. Or, la propriétaire des lieux n’a jamais nettoyé ce dégât, et des odeurs s’en échappent, affirme Mme Barbin.
«L’odeur rentre chez moi. Quand il fait chaud, ça sent particulièrement fort. Il y a une chambre que je ne peux pas utiliser parce que ça sent trop fort. Je mets du parfum partout dans le logement, mais ça ne suffit pas», se plaint-elle.
Les deux parents et leurs bambins, âgés de 6 et 18 mois, ont également subi un dégât d’eau provenant du logement au-dessus du leur.
«J’ai averti la propriétaire, mais elle ne fait rien», dénonce-t-elle.
Un des locataires du bâtiment serait également privé de la seconde issue de son logement, puisque le toit de son balcon s’est effondré, bloquant sa porte. Les pompiers de La Tuque avaient dû intervenir et avaient émis un avis de non-conformité à la propriétaire. Les pompiers ont apparemment dû revenir sur les lieux en juin, lorsque le toit a fini par glisser jusqu’au sol, selon Mme Barbin.
«J’aimerais quitter l’appartement pour en trouver un autre, mais il n’y a rien. J’ai cherché partout, tous les soirs, je suis allée en ville pour voir les logements qui ne seraient pas affichés sur internet. J’ai visité un 5 et demi, mais le gars a refusé parce qu’on a des enfants et parce qu’on ne prenait pas ses meubles», affirme-t-elle.
La Latuquoise dit également avoir fait une demande auprès de l’Office municipal d’habitation (OMH) de la Ville de La Tuque, mais s’être heurtée à un refus, en raison du salaire trop élevé de son conjoint. Elle craint maintenant de se retrouver à la rue en septembre si elle ne parvient pas à trouver un autre logement, puisque sa propriétaire lui a indiqué qu’elle mettrait fin à son bail à ce moment-là.
Entre temps, elle souhaite trouver une façon d’obliger sa logeuse à corriger la situation dans le logement, ce qui s’avère toutefois compliqué.
«J’ai appelé au Tribunal du logement (anciennement Régie du logement, NDLR) et on m’a dit que la seule chose que je peux faire, c’est lui envoyer une mise en demeure. J’ai aussi appelé à la Régie du bâtiment, mais vu que ce n’est pas un bâtiment de trois étages et plus, ils ne peuvent rien faire», se désole-t-elle.
La situation pourrait cependant se retrouver devant le Tribunal du logement, puisque Mme Barbin et son conjoint ont décidé de cesser de payer leur loyer tant que la situation ne sera pas rétablie. Leur propriétaire les a donc menacés de les faire expulser, ce qui doit toutefois passer par le Tribunal avant de pouvoir être fait.
«Si elle veut qu’on aille en cour, ça ne me dérange pas. J’en profiterai pour leur expliquer dans quel état est notre logement», soutient Mme Barbin.
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Le Tribunal du logement indique sur son site web que les locataires vivant dans un logement insalubre peuvent «introduire un recours pour résilier le bail ou obtenir une ordonnance obligeant le locateur à exécuter des travaux». Ils peuvent également «introduire un recours pour diminuer le loyer ou obtenir des dommages et intérêts».
Un locataire peut également abandonner un logement devenu impropre à l’habitation. S’il a avisé le propriétaire avant l’abandon ou dans les dix jours suivants, il n’est alors pas tenu de payer le loyer pour la période d’abandon. Si le locateur n’a pas été avisé, le locataire doit continuer à payer son loyer.
Pas de correctifs malgré plusieurs inspections
La Ville de La Tuque dit de son côté être au courant des problématiques avec le logement en question.
«La propriétaire a reçu une lettre le 9 février, lui indiquant qu’elle avait 90 jours pour effectuer les travaux. Le 9 mai, il y a eu une autre inspection, qui a permis de constater que les travaux n’ont pas été effectués, suite à quoi une mise en demeure lui a été envoyée. Elle en a pris connaissance le 25 mai et elle avait cinq jours pour se conformer», résume la directrice des communications à la Ville, Hélène Langlais.
Une autre inspection a eu lieu une fois ce délai écoulé et puisque les travaux n’ont toujours pas été réalisés, un constat d’infraction devrait être envoyé à la propriétaire, indique Mme Langlais.
Pour ce qui est du manque de logements à La Tuque, Mme Langlais reconnaît que la situation n’est pas évidente en ce moment. Selon elle, la réalisation d’importants chantiers à proximité, notamment par Hydro-Québec, a amené un nombre important de travailleurs qui sont logés par l’entreprise qui les emploie.
«Donc oui, l’offre de logement est probablement à son plus bas. On est conscients de la situation et on essaie de poser des actions, mais ce n’est pas la Ville qui va construire de nouveaux logements. Ça prend des promoteurs», explique-t-elle.
Celle-ci rappelle que des projets de construction de logement sont déjà en cours, notamment pour des immeubles à condos dans le quartier Bel-Air. Un second projet résidentiel, La Vallée Mercier, devrait aussi augmenter le nombre de logements à La Tuque. Elle salue également la réalisation du projet de 32 unités de logements supervisés Les Appartements Libère-Toît, dont la construction doit débuter cette année.
«Il y a plus de promoteurs qu’avant. Dans le passé, il n’y en avait pas du tout. Aujourd’hui, on en voit émerger parce qu’on en a besoin. Mais il demeure que les loyers et les maisons se louent ou se vendent très vite», reconnaît-elle.