Le Saint-Laurent est riche d’une vie exceptionnelle avec sa faune aquatique, aviaire, sa flore, ses mammifères marins qui suscitent l’admiration. Il procure joie, bonheur et sérénité avec ses paysages à couper le souffle et constitue le berceau de nos traditions maritimes. Il nous rend de très nombreux services écologiques et économiques. Le plus beau fleuve au monde…
Savez-vous que le géographe Hugues Morissette a dénombré les îles du St-Laurent ? Il arrive à un total de «2713 îles, îlots et entités insulaires», bien conscient qu’il peut s’en ajouter ou en disparaître. Elles parsèment toute son étendue… souvent isolée, parfois presque inaccessible. Un groupe de partenaires préparent actuellement une première au Québec soit de réunir des praticiens, des gestionnaires de sites, des chercheurs, des OBNL pour développer une réflexion sur la biodiversité insulaire du Saint-Laurent. Une annonce en ce sens suivra sous peu lors de la Semaine du Saint-Laurent.
Les îles, c’est une évidence, sont des territoires d’exception, à la fois à riches et vulnérables. L’insularité assure aux terres, que l’eau isole, des caractéristiques insoupçonnées qui leur confèrent une personnalité propre, unique, et, malheureusement, trop souvent oubliées dans les grandes stratégies de protection. Bien définies dans l’espace, leur marginalité par rapport au continent, même relative, les situe aussi, d’une certaine manière, quelque peu différente sur la ligne du temps. Le rythme de vie y est notamment différent car elles sont soumises à un faisceau spécifique de contraintes, certaines plus lourdes, comme les moyens et les temps d’accès, les marées, la brume, les vents et bien sûr, les gites et l’approvisionnement en eau, en nourriture et en énergie. Bref, les insulaires vivent des contraintes qu’il faut davantage prendre en considération lorsque l’ont veut protéger et mettre en valeur ces territoires.
Les insulaires peuvent être, de ce fait, davantage qu’ailleurs, maîtres de leur adaptation à l’environnement de leur île. Ces considérations expliquent la tendance qu’affichent les îles de se démarquer, non seulement du territoire continental en marge duquel elles se situent, mais aussi des autres îles, même très voisines. Ces terres d’exception et parfois inconnues présentent des manifestations de discontinuité, de marginalité et d’isolement qui expliquent leur originalité et leur authenticité.
L’insularité a un caractère multidimensionnel, voire multidisciplinaire. Les îles se distinguent du continuum continental par des mini-écosystèmes fragiles relativement fermés, impliquant la flore, la faune, les microclimats ; elles se distinguent aussi par une influence maritime omniprésente qui s’y manifeste sur 360°, de même que par la longue gamme des impacts différents que l’homme a pu y exercer. De ce fait, ces parcelles constituent des laboratoires d’observation et d’étude permettant de mieux comprendre la logique, le fonctionnement et l’évolution de leurs écosystèmes, non seulement en eux-mêmes, mais aussi par comparaison avec ceux des terres voisines, insulaires ou continentales.
Les îles sont prisées par la faune qui y recherche instinctivement une forme de sécurité à l’abri des prédateurs. Mais cet isolement ne leur garantit pas une protection intégrale. En effet, la récente apparition de la grippe aviaire dans le golfe et l’estuaire maritime du Saint-Laurent sur de nombreuses îles illustre, tristement, le caractère fragile de ces territoires enclavés et surtout la nécessité de mieux connaître ces oasis de biodiversité afin de les protéger et d’identifier les moyens concrets pour ce faire… Dans ce contexte, l’organisation d’une réflexion sur la biodiversité insulaire prendra tout son sens, car on protège bien ce que l’on connaît.