Plaidoyer pour le «courage» politique de consulter les universitaires

Devant de plus en plus de «décisions politiques douteuses», le professeur et chercheur Patrick Provost, qui est également co-coordonnateur du Regroupement Des Universitaires, demande aux partis politiques de s’engager à consulter davantage, et publiquement, les chercheurs universitaires avant de prendre leurs décisions.  

Et si les gouvernements étaient conseillés publiquement par des experts universitaires? Un professeur de l’Université Laval propose de mettre à profit les investissements de la société en ses universitaires par la création d’un comité qui commenterait publiquement les décisions politiques sous la lumière des connaissances académiques.


Devant de plus en plus de «décisions politiques douteuses», le professeur et chercheur Patrick Provost, qui est également co-coordonnateur du Regroupement Des Universitaires, demande aux partis politiques de s’engager à consulter davantage, et publiquement, les chercheurs universitaires avant de prendre leurs décisions.  

Dans une lettre ouverte publiée dans Le Soleil  le 11 juin, M. Provost milite pour la création de Conseil des Universitaires Indépendants (CUI). Cette structure permettrait à la société d’obtenir un «juste retour sur son investissement» en mettant à profit les experts universitaires «enfermés dans leurs tours d’ivoire».  

«Les professeurs d’université sont rémunérés à même les taxes et les impôts, mais on ne les met pas à profit au niveau de la gouvernance, soutient le biochimiste de formation. Utilisons ces ressources et ces expertises que nous payons déjà à leur juste valeur!» 

Via un conseil indépendant formé par des universitaires ayant accès à toutes les données dont dispose le gouvernement, la communauté académique pourrait s’exprimer sur différents sujets, permettant ensuite de mieux évaluer les décisions politiques.  

Chaque ministère pourrait avoir son CUI, propose M. Provost, s'assurant ainsi d’avoir les talents universitaires les plus pertinents pour chaque décision, de l’économie à la faune.  

Le CUI serait également un moyen de contrebalancer le poids des différents lobbies «qui influencent les décisions [...] relatives au bien commun et au bien-être et à la santé de la population», plaide-t-il en faisant référence à la récente hausse de la norme du taux de nickel dans l’air. «Étant donnée l'importance des décisions des politiques, assurons-nous d’offrir aux élus et à la population l’avis d’experts qui ont accès à toute l’information disponible.»  

«On sait que les gouvernements consultent déjà des experts et des professeurs universitaires off the record. Permettons nous d’informer le public de ces avis, de ce que les scientifiques feraient face aux enjeux, et d’ensuite juger les décisions des décideurs sous cette lumière», propose Patrick Provost.  

Appel au «courage» des partis politiques 

Même s’il se doute que les experts ne seront pas toujours au diapason des décideurs gouvernementaux, «et c’est le but», le professeur fait appel au «courage» des partis politiques. Selon lui, les différentes formations devraient s’engager à consulter les conseils universitaires indépendants avant de prendre leurs décisions, plutôt que de choisir certains experts familiers pour justifier des décisions politiques.   

Il enverra d’ailleurs une copie de sa lettre aux 125 députés de l'Assemblée nationale, en vue des élections automnales. «On veut que tous les partis en prennent connaissance et se positionnent, qu’on adopte cette façon de faire», espère M. Provost. «Le but n’est pas de critiquer, c’est d’être constructif, donner accès au maximum des expertises qu’on se paie déjà pour prendre les meilleures décisions.» 

«J’espère que les partis seront ouverts et intégrés, conclut Patrick Provost. Les universitaires peuvent seulement être utiles à un gouvernement. Pourquoi on s’en priverait?»