«Je pense que je suis mûr pour prendre un peu de recul, de profiter de la semaine qui s’en vient pour me libérer le cerveau, a-t-il expliqué lors du bilan des Remparts mercredi matin. Je ferme mes yeux le soir et je revois le match [celui de l’élimination controversée des Remparts contre Shawinigan]. J’ai hâte que ce match-là disparaisse dans ma tête. Ça va faire du bien de décrocher un peu.»
Tous les scénarios sont sur la table : Roy pourrait reprendre ses deux fonctions la saison prochaine à Québec, ne conserver que le poste de directeur général du club ou bien se retirer complètement. L'ex-gardien du Canadien et de l’Avalanche, qui ne veut pas prendre de décision précipitée qu’il va «regretter, dit ne pas penser à la Ligue nationale pour l’instant.
Dans tous les cas, Roy ne s’éloignera pas des feux de la rampe de notre sport national. «Est-ce que je vais abandonner le hockey le jour où je vais quitter les Remparts? Probablement jamais, a-t-il tranché aux côtés du président de l’équipe, son ami Jacques Tanguay. Je vais toujours avoir des possibilités, que ce soit à la radio, à la télévision ou comme consultant…»
Le contexte difficile de la pandémie depuis deux ans peut certes expliquer en partie sa réflexion, mais il semble aussi que le temps qui passe pèse de plus en plus lourd sur les épaules de l’ex-numéro 33. Le métier impose de nombreux sacrifices, comme d'entrer à l'aréna très tôt le matin, d'en ressortir tard le soir, et d'avaler des milliers de kilomètres en autocar. «Je suis rendu à 56 ans, je suis au Cap-Breton dans l’autobus et mes chums sont en train de jouer au golf en Floride. Tu te dis : “Crisse, je fais quoi icitte moi?’’» a-t-il imagé en expliquant le sens de sa réflexion.
L’arbitrage lors du match décisif de la série contre Shawinigan — la pénalité décisive décernée à Vsevolod Komarov avec 1:09 à jouer dans le cinquième duel — a laissé des blessures dures à panser pour Patrick Roy. L’entraîneur des Diables rouges affirme même qu’il n’avait pas été aussi déchiré lors de l’annonce de sa retraite comme joueur, en 2003. «Je ne me souviens pas d’avoir été aussi émotif après une défaite, a-t-il dit. Je pense qu’en vieillissant on accepte moins l’incompétence, l’injustice et on gère moins bien ça. En vieillissant, on réalise ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas», a-t-il dit en référence à son futur comme entraîneur dans la LHJMQ, une ligue qui «gère» plus qu'elle «arbitre», pour reprendre ses propos.
Une année éprouvante
Vente de sa résidence personnelle, processus de sélection d’un nouveau directeur général chez les Canadiens de Montréal, dossier de candidature pour la Coupe Memorial et participation aux funérailles de Guy Lafleur, les sources de stress n’ont pas manqué pour le grand manitou des Remparts. La pandémie de COVID-19 a représenté «deux années de gestion difficile», tant pour lui que pour les joueurs et les autres membres de l'organisation.
L’entraîneur reconnait que la prochaine saison prometteuse du club «pèse dans la balance», mais le plus important, à ses yeux, c’est que le désir de revenir soit au rendez-vous. «Il faut que je le fasse par passion, sinon, je n’aiderai pas l’équipe, fait-il remarquer. Je n’ai jamais été un gars qui abandonnait. Ce qui est important, c’est que je sois bien là-dedans et à 100% dans l’aventure. Il faut que j’aie encore le désir de rentrer le matin pour continuer à aider les jeunes à se développer et à amener des idées nouvelles à l’équipe.»
Le président des Remparts, Jacques Tanguay, a voulu se faire rassurant, rappelant que sa formation était prête depuis longtemps pour les prochains rendez-vous (l'encan internationnal de la Ligue canadienne de hockey et celui de la LHJMQ) de juillet prochain.