Le Groupe Je Reçois en pleine reprise

Alexandre Lépine, chef de la direction du Groupe Je Reçois

Au fil de cinq générations, le Groupe Je Reçois prend toujours de l’expansion. Avec la reprise de l’événementiel généré par la belle saison, l’entreprise spécialisée dans le service de traiteur et la restauration se prépare à un été chargé, malgré un manque crucial d’employés.


La famille Lépine se trouve en cuisine depuis 1879. Au départ avec la boucherie Lépine, dans le secteur de la rue du Roi à Québec, raconte Alexandre Lépine, chef de la direction, et ensuite au sein de plusieurs enseignes ayant ouvert leurs portes jusqu’aux années 1980. 

À ce moment, l’entreprise prend un virage afin d’incorporer les services de traiteurs dans la boucherie. Deux décennies plus tard, la famille Lépine cesse ses activités fondatrices et décide de se consacrer entièrement à l’industrie du traiteur à travers le groupe parapluie Je Reçois. 

Depuis, plusieurs acquisitions se sont succédé pour toucher de nouveaux marchés : Vitalité Traiteur, Monchâteau traiteur, Deux Gourmandes, Le Fin Gourmet et Chefs & Cie. En 2018, c’est au tour de la division restauration de faire son entrée. En partenariat avec le Village Vacances Valcartier, le groupe gère les différentes concessions avec services du site récréotouristique. 

En bref, voilà le parcours plus que centenaire de cette entreprise familiale de Québec. 

Aujourd’hui, à l’aube d’une reprise de l’événementiel, et à la suite des aléas de la pandémie, le Groupe Je Reçois redémarre la machine. Bien qu’elle ne se soit jamais vraiment arrêtée. Tout Cuit, son service en ligne de prêt-à-manger, déployé en 2017, leur a permis de solidifier leur présence géographique au Canada, en livrant ses plats préparés en Ontario et au Nouveau-Brunswick. 

Une valeur ajoutée au menu de l’entreprise, car même s’il est possible de couvrir un grand territoire avec le traiteur, «ça reste très local et encore très limité», observe Alexandre Lépine. 

Au tournant de 2020, Tout Cuit, qui n’était pas très prisé à l’époque, «a pris un grand essor pendant la pandémie au détriment des autres divisions», note le chef de la direction. 

Un nouveau centre de distribution a d’ailleurs ouvert ses portes début mai pour augmenter la capacité de production de l’usine actuelle. Un espace réfrigéré de près de 200 mètres carrés (2000 pi2) sur deux étages, à Beauport, leur permettra de pallier la grande demande pour les mets signés Tout Cuit. 

Saisir les occasions

Et l’entreprise ne s’arrête pas là. Depuis le début du mois d’avril, le Groupe Je Reçois est derrière l’offre alimentaire des différents événements du MNBAQ, notamment les cocktails dînatoires, les réunions et les mariages. Et ce, en plus d’être chargé du même mandat au comptoir Vitalité et au Café Quebecor, où le chef Laurent Godbout signe le menu, dans le pavillon Pierre Lassonde.

Selon Sophie Lemelin, directrice des communications et du marketing au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), à l’exception des événements d’affaires, traditionnellement sur pause lors de l’été, les mariages reprennent de plus belle après les reports des 24 derniers mois. «Nous avons 50 événements de prévus d’ici la fin de l’été, chiffre Alexandre Lépine. Et ça, c’est juste ici. On en fait d’autres ailleurs.»

Ce qui n’est pas intimidant pour le chef de la direction. En 2019, sa plus grosse année, l’entreprise a déjà eu 27 événements en même temps dans Québec. 

Et si la concurrence était présente il y a trois ans, elle s’est dissipée peu à peu pendant la pandémie, notent Alexandre Lépine et Sophie Lemelin.

«Je crois que le Groupe Je reçois a tiré son épingle du jeu pendant la pandémie, précise Mme Lemelin, parce qu’il y a plusieurs joueurs pour qui ça a été moins facile. Et c’est pour cette raison-là qu’ils étaient prêts à embarquer dans un projet comme ça, malgré le contexte de reprise et de pénurie de main-d’œuvre.» 

Une reprise à deux vitesses

Comme l’a précisé Sophie Lemelin, la pénurie de main-d’œuvre est un bâton dans les roues pour plusieurs entreprises en restauration. Et le Groupe Je Reçois le constate de front. 

«Il y a beaucoup d’opportunités dans le marché. Ça fait 10 ans que je suis dans le domaine du traiteur et en 2019, on fermait certaines journées, et ce, seulement pendant le temps des Fêtes, car nous étions complets. Là, on ferme toutes les semaines.»

Maintenant, les fermetures se font par manque d’employés et non de disponibilités. Peu à peu, l’entreprise retrouve une force de main-d’œuvre, près de 400, similaire à l’avant-pandémie. 

Cependant, malgré un bon recrutement dans les derniers mois, le Groupe doit tout de même se diriger vers l’international pour combler la demande grandissante et leurs diverses divisions. 

Avec le report des funérailles et des mariages, Alexandre confirme que son calendrier est réservé pour deux ans. 

«Nos années sont faites pour 2022-2023. Là, on essaie d’augmenter notre capacité pour prendre plus de clients entre-temps. Nous avons des plages de disponibles, mais tout le monde veut se marier en septembre et faire les fêtes de Noël le troisième vendredi de décembre.»

Et en traiteur, la dynamique est complexe, déplore-t-il. «Le client appelle et ne comprend pas pourquoi nous ne pouvons le prendre d’ici trois mois. Il ne nous voit pas. Ce n’est pas comme une salle à manger vide ou pleine, il n’a pas de repère visuel.»

Le Groupe Je Reçois désire également se positionner plus haut dans la chaîne de la transformation pour le service alimentaire. L’entreprise travaille à ouvrir un centre de production centralisé pour chacun de ses points de ventes, mais aussi pour d’autres PME, qui servent les restaurants, écoles, hôpitaux, garderies et résidence pour personne aînée. 

«C’est pour nous rendre service à nous, mais aussi pour pallier la problématique de la main-d’œuvre que l’ensemble de l’industrie subit actuellement.»

Alexandre Lépine, chef de la direction du Groupe Je Reçois