Les quatre interprètes affirment leur désobéissance dès le début du spectacle. Sonia Bel Hadj Brahim, Lou-Adriana Bouziouane, Déborah Dozoul et Julie Grelet descendent l’allée entre les spectateurs pour monter sur scène alors que les lumières sont toujours ouvertes.
Sous cet éclairage, le public et les comédiennes s’observent mutuellement. Elles défient les spectateurs du regard en se déplaçant en meute dans un décor dépouillé. Le quatuor laisse sa marque sur le mur noir installé au fond de la scène qui subira d’autres outrages au cours de la représentation.
Vêtue d’un hijab, Lou-Adriana Bouziouane est la première à prendre la parole alors qu’une de ses complices la filme avec son téléphone.
Cette mise en scène rappelle aux spectateurs que le texte coécrit par Julie Berès, Kevin Keiss et Alice Zeniter a été produit en récoltant les témoignages de plusieurs dizaines de jeunes femmes françaises issues de l’immigration, dont les interprètes elles-mêmes.
Ainsi, même si les émotions ardentes de Lou-Adriana Bouziouane semblent s’ancrer dans une touchante sincérité, il ne faut pas assumer qu’elle est réellement cette jeune femme qui a choisi de porter le voile malgré la trahison dont elle a été victime.
Grâce à ces témoignages désinhibés, cette pièce permet de constater que l’oppression prend plusieurs formes, tout autant que la liberté.
Remarquable danseuse, Sonia Bel Hadj Brahim a une maîtrise épatante de son corps. Celui-ci semble animé par une force indépendante alors qu’elle raconte sereinement son parcours émancipateur vers la danse, un chemin parsemé de violences et d’audace.
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Ses consœurs la rejoignent à de nombreuses reprises pour se lancer subitement dans des chorégraphies réjouissantes sur des rythmes urbains irrésistibles qui nous font oublier pour un moment notre indignation face au sexisme et au racisme dont il était question quelques secondes plus tôt.
La façade provocatrice des interprètes laisse progressivement sa place à une ambiance engageante qui fait en sorte que les spectateurs se laissent volontairement pénétrer par leur discours.
Julie Berès a réussi à provoquer une rencontre bienveillante entre différentes expériences humaines qui dévoilent des perceptions toutes aussi variées de l'oppression et de la liberté.
Désobéir est présentée au Théâtre La Bordée le 27 mai à 19h30 et le 28 mai à 14h.
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Où tu vas quand tu dors en marchant : reporté
Le dévoilement du spectacle déambulatoire devait se tenir après la représentation de Désobéir jeudi soir. Malheureusement, la pluie a forcé l'équipe du Carrefour international de théâtre à reporter l'ouverture du populaire parcours théâtral extérieur. Où tu vas quand tu dors en marchant devrait être accessible vendredi soir si la température le permet.