Un bureau de la Catalogne ouvrira à Québec

La ministre de l’Action extérieure de la Catalogne, Victoria Alsina

La ministre de l’Action extérieure de la Catalogne, Victoria Alsina, est en mission dans la province pour annoncer l’ouverture prochaine d’une représentation de son gouvernement dans la ville de Québec.


La ministre assure que ce bureau permettra aux deux gouvernements de collaborer dans plusieurs domaines. «Nous allons travailler en étroite collaboration en intelligence artificielle, en développement de politiques technologique et d'innovation, en santé, en plus des domaines traditionnels dans lesquels nous sommes habitués à travailler, comme la culture, la langue, les universités, etc.», énumère-t-elle en entrevue aux Coops de l’information. 

Victoria Alsina souhaite que cette représentation renforce la relation bilatérale entre le Québec et la Catalogne.  «On veut que ce soit la plateforme du gouvernement catalan pour travailler et promouvoir plus de collaboration et de projets ici au Québec. Nous voulons aussi que les institutions au Québec voient ce bureau comme une ressource disponible pour elles, quand elles veulent, par exemple, organiser des événements en Catalogne», dit-elle.

Le bureau devrait ouvrir avant septembre. Il y aura initialement trois employés, mais la ministre affirme que ce nombre pourrait augmenter. «C'est le point de départ, mais si le bureau va bien et que nous avons plus de projets et plus d'initiatives, on va ajouter des gens», assure-t-elle. Le voyage de la ministre a aussi pour but de souligner les 25 ans de coopération entre les gouvernements du Québec et de la Catalogne.

Lors de sa mission de quatre jours, la politicienne catalane va rencontrer le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, la ministre des Relations internationales et de la Francophonie Nadine Girault, la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, et le président de l’Assemblée nationale, François Paradis.

Elle s’entretiendra également avec la solidaire Ruba Ghazal, la libérale Nicole Ménard et le péquiste Joël Arseneau. Une rencontre est aussi prévue avec le maire de Québec, Bruno Marchand, et le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

«Philosophiquement, on se rejoint beaucoup»

Victoria Alsina souhaite que cette représentation renforce la relation bilatérale entre le Québec et la Catalogne.


Nadine Girault voit d’un très bon œil la visite de son homologue catalane. «La Catalogne est vraiment au cœur de nos efforts diplomatiques ». Le Québec à déjà un bureau à Barcelone. La ministre québécoise croit que l’ouverture d’un bureau ici facilitera les échanges entre les deux gouvernements. «Ça va faire un canal de communication encore plus facile [...] On va pouvoir augmenter nos échanges commerciaux», soutient-elle. 

L’entente de coopération entre le Québec et la Catalogne date de 1996 et a été signée par le premier ministre Lucien Bouchard. Selon Nadine Girault, cette longue relation s’explique par le fait que les deux sociétés ont plusieurs enjeux en commun : « l’identité, l'intégration des immigrants, le développement technologique [...] Ils sont très protecteurs de leur langue comme nous avec le français. Philosophiquement, on se rejoint beaucoup», dit-elle. 

«C'est le point de départ, mais si le bureau va bien et que nous avons plus de projets et plus d'initiatives, on va ajouter des gens», assure Victoria Alsina.  

La Catalogne toujours en crise 

La crise politique qui a suivi le référendum sur l'indépendance de la Catalogne en 2017 est encore bien présente, affirme la ministre de l’Action extérieure. À l’issue du scrutin de l’an dernier, 52% des sièges ont été remportés par des partis indépendantistes. 

Questionnée à savoir si un nouveau référendum était envisagé, la politicienne n'a pas exclu cette option. «Il y a un an, la Catalogne a décidé de négocier [avec le gouvernement espagnol]. Et si la négociation ne produit pas de résultat, elle va ouvrir la conversation pour voir quelles sont les alternatives.»

Une récente enquête du Citizen Lab de l’Université de Toronto a révélé que Madrid a espionné des politiciens, des militants, des journalistes et d'autres autorités catalanes. «Nous avons la confirmation qu'ils nous ont espionnés durant les négociations», affirme la ministre.  

Cette affaire – surnommée le CatalanGate – mine les négociations entre Madrid et le gouvernement catalan, dit Victoria Alsina. «Le président de la Catalogne a été clair: on arrête la conversation jusqu'à ce que le gouvernement espagnol clarifie cette histoire d'espionnage. On ne peut pas négocier avec quelqu’un qui vous espionne par votre téléphone.»