Les meilleurs amis du monde

Je pensais vous parler de la levée du masque, de la guerre, des tueries, du prix des aliments et du carburant, ou bien de la pénurie de lait pour bébé qui pointe chez nos voisins du sud. Mais il y a tant de mauvaises nouvelles qu’on est tous saturés, en proie à un certain découragement, sinon à un désespoir toxique. Je me retiens donc d’élaborer sur les injustices, sur l’indifférence face à la souffrance humaine ou sur la santé mentale des enfant


Ce rapide état de fait de notre société actuelle explique certainement, au moins partiellement, la recherche d’isolement et le profond désengagement de notre jeunesse. Les jeunes se retirent et fuient de plus en plus. Peut-on les blâmer?

Personnellement, je préfère croire en leur grande résilience. Je persiste à penser qu’ils sont catalyseurs de changement et porteurs d’espoir. C’est ce que les enfants de nos centres de pédiatrie sociale en communauté me poussent à penser, comme cette fillette de huit ans qui illumina notre journée… Elle se questionnait sur la définition d’une meilleure amie. Pleine d’assurance, elle nous dit du tac au tac: «Docteur Julien, les meilleurs amis, ça ne se sépare pas, c’est pour la vie.»

Croire en l’amitié, c’est croire à la fidélité, au don de soi, à la confiance… En très peu de mots, cette enfant venait de nous redonner confiance en un monde meilleur. À la lumière de ses sages paroles, je décide de miser sur les valeurs et les forces inhérentes aux enfants pour guider mes pensées et mes actions. L’espoir devrait être le moteur de nos luttes, notre arme pour construire un monde plus inclusif et équitable. Particulièrement de nos jours…


Dr Gilles Julien, C.M., O.Q., pédiatre social et directeur clinique, vice-président et fondateur de la Fondation Dr Julien